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Togo-Intimidations et menaces dans le Grand Ogou : Le préfet Edoh Akakpo et le major Kouloum transforment la préfecture en une poudrière
Publié le mercredi 28 juin 2017  |  L'Alternative




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Pendant que le conseil des ministres annonce les dates de la soi-disant purification du pays, la situation délétère dans la préfecture de l’Ogou vient rappeler à Faure Gnassingbé et ses exécutants du HCRRUN que la fameuse réconciliation aura du mal à se réaliser, tant que certains présumés auteurs de crimes bénéficieront d’une impunité totale.

Depuis la décoration le 27 avril 2017 du major Kouloum N’ma Bilizim et de son exécutant des basses besognes Adani Messan alias commandant, les vieux démons ont refait surface sur la ville aux sept collines et s’étendent à l’ensemble de la préfecture. Cette prime à l’impunité qui fait office de méthode de gouvernance au Togo a provoqué la colère des populations du milieu qui, plus de 12 ans après les massacres de 2005, n’ont pas encore fait le deuil de leurs proches dont certains corps n’ont jamais été retrouvés. Une provocation inacceptable pour les garants des us et coutumes de la localité.

Une dénonciation courageuse de deux chefs

Le 27 mai 2017, deux grands dignitaires de la localité, à savoir sa majesté le Chef Spirituel IBA Somanè, grand dépositaire des rites ancestraux et le chef du canton de Gléi, Aladji Kokou A. Ayefoumi Akomedi VIII adressent un courrier de protestation au HCRRUN, suite à la décoration du fameux major Kouloum N’ma Bilizim et de son sbire Adani Messan le 27 avril 2017. Le ton était à la colère et à l’indignation face à ce qui apparaît comme une prime à l’impunité et une insulte à la mémoire des victimes et de leurs familles. « En notre qualité de filles et fils de l’Ogou, nous protestons contre la décoration inopportune du Major KOULOUM N’ma Bilizim et de son sbire Monsieur ADANI Messan alias Commandant, le 26 avril 2017 dans le cadre de la célébration du 57ème anniversaire de l’indépendance du Togo. Cet acte est ressenti comme une provocation à l’égard des populations du Grand Ogou en général et de celles de la ville d’Atakpamé et de ses environs en particulier. Pour nous autres populations de l’Ogou, les autorités nationales n’ont pas mesuré la gravité et les conséquences de l’acte qu’elles viennent de poser à travers ces décorations. Les actes criminels et de barbarie orchestrés et entretenus par le Major KOULOUM N’ma Bilizim ne peuvent en aucun cas être considérés comme un travail bien fait qui mériterait une promotion de quelque nature que ce soit », déclarent les deux chefs qui n’ont pas passés sous silence les nouveaux faits d’armes de celui qui continue de terroriser les populations dans la région : « Incitation à la violence, à la haine ethnique, à l’intolérance, comme en témoignent les affrontements récents entre les allogènes et les autochtones de Djerèhouyè en 2015; animation d’associations ou mouvements à caractère tribaliste du genre ARNOPLA (Association des Ressortissants du Nord dans les Plateaux) ; intrusions de toutes sortes et à tous les niveaux de décision; conspiration permanente contre les filles et fils cadres de l’Ogou pour empêcher leurs promotions ; usurpation d’autorité dans l’Ogou et mainmise sur des secteurs de l’économie locale ; entretien de milices ; intimidations de tous genres sur les populations ».

Le courrier signé des deux chefs prévient les autorités des risques de conflits ou soulèvement qui pourraient surgir dans la préfecture si rien n’est fait pour mettre fin aux dérives du major Kouloum N’ma Bilizim et de ses miliciens. Cette lettre de dénonciation a fait l’effet d’une bombe et plusieurs observateurs ont salué le courage et la témérité de ces deux chefs qui ont pris leurs responsabilités. Faut-il le rappeler, cette décoration du major Kouloum N’ma Bilizim cité comme auteur dans les différents rapports que les douloureux évènements qui ont envahi la ville de Kpalimé et environs, a suscité la réprobation de plusieurs acteurs impliqués dans la mascarade de réconciliation en cours. Mais celui dont l’ombre pèse sur la préfecture de l’Ogou depuis des années, fort de l’impunité totale dnt il jouit, n’est pas homme à se laisser faire.

Les manœuvres du Major Kouloum et son suppôt préfet de l’Ogou

La réplique du sieur Kouloum et de ses hommes de mains ne s’est pas fait attendre. Quelques semaines après cette sortie fracassante des deux chefs au nom des populations, l’homme de sinistre réputation, au lieu de faire profil bas, a manœuvré dans l’ombre pour pousser certains fils de la localité à dénoncer les deux chefs, à la faveur d’un meeting suivi de la lecture d’une motion. Pour y arriver, il a mis au pas le préfet de l’Ogou Edoh Akakpo, qui lui doit sa nomination, le député UNIR d’Anié, un chef canton, celui de Katoré et quelques cadres en manque de repère sur le plan social et politique. Ils ont agrémenté le tout par un convoyage des populations par dizaines de bus des villages et localités environnantes vers le Centre culturel d’Agbonou, en majorité des allogènes. Devant un public surexcité comme au bon vieux temps du parti unique où on obligeait le fils à dénoncer le père, la communauté a dénoncé un fils qui refuse de regarder dans la même direction ; les liseurs de la motion ont traité avec peu d’égard leurs chefs signataires de la lettre au HCRRUN, tout en louant les mérites du bourreau des populations de la préfecture présenté comme un homme de paix. En psychanalyse, ce comportement se nomme le syndrome de Stockholm.

Les auteurs de cette déclaration n’ont pas trouvé les mots assez durs pour fustiger la démarche des deux chefs qualifiés de piètres personnages, avec des menaces de destitution. « Nous, populations du Grand Ogou, venons ce jour par une forte mobilisation dénoncer vigoureusement la lettre de protestation du chef spirituel IBA et du chef du canton de Glei contre la décoration, le 26 avril 2017, du major Kouloum N’ma Bilizim et de Commadant Adani Messan par le Chef de l’Etat, son excellence Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République Togolaise », déclarent les liseurs qui ne se sont pas embarrassés de scrupules pour couvrir les deux chefs de toutes les injures : « Ces deux chefs ont posé leur acte inopportun et irréfléchi, sans avoir consulté, ni les autres chefs, ni les cadres, ni les députés, ni les autorités administratives, ni les populations du Grand Ogou au nom desquelles ils prétendent s’exprimer. Ces piètres chefs sont allés jusqu’à remettre en cause les travaux de la CVJR qui ont été conduits des mains de maître par Monseigneur Nicodème Barrigah, évêque d’Atakpamé ». Nous vous épargnons de la suite de cette déclaration aux allures d’une fatwa lancée contre deux chefs dont le seul crime est d’avoir dénoncé la décoration d’un triste personnage qui s’est rendu responsable de plusieurs atrocités dans la préfecture qui lui a offert l’hospitalité depuis des années. A Sokodé, il y a quelques mois, tout le peuple Tem était vent debout contre l’intronisation d’un chef allogène à Lama Tessi, contraignant les autorités à mettre une pause à cette entreprise d’hégémonie ethnique que l’on cherche à imposer partout, et le plus souvent, en violation des us et coutumes locaux. A moins de 200 km plus au Sud, c’est-à-dire dans le Grand Ogou, les fils de la région peinent à s’exprimer d’une seule et même voix face à un individu qui s’est illustré par des massacres de leurs frères, enfants et proches. La citadelle étant ainsi lézardée, celui qui sème la terreur dans la région n’hésite pas à pousser loin le bouchon en se servant de ses hommes de main pour menacer ouvertement les chefs qui défient son autorité.

Les deux chefs signataires sous menaces du préfet de l’Ogou et des hommes du major Kouloum

Gléi, localité située à 25 km au sud d’Atakpamé et à 120 km au Nord de Lomé, est au centre de toutes les tensions; et pour cause, l’un des signataires est chef cantons de ce milieu. Dimanche 25 juin, les chefs canton ou représentants des villages de Louarou Kopé, Datcha, Akparé, Ountivou et bien d’autres, les charlatans de la préfecture, le réprésentant du chef spirituel Iba Somanè se sont donné rendez-vous au palais du Chef canton de Gléi, Aladji Kokou A. Ayefoumi Akomedi VIII. A l’ordre du jour dans ce palais verdoyant décoré des symboles qui rappellent à tout visiteur les origines lointaines de cette chefferie, les menaces et intimidations que vivent les deux signataires de la lettre au HCRRUN et la suite à donner à une invitation aux allures de convocation que le préfet de l’OgouEdohAkakpo a adressée aux deux chefs pour se présenter dans les locaux de la préfecture le 27 juin. Après plusieurs heures de discussion, et surtout d’analyse de la situation, les chefs présents à cette réunion ont tenu à manifester leur soutien et solidarité aux deux chefs qui font l’objet de menaces et intimidations permanentes du préfet et des sbires de Kouloum. Ils ont demandé expressément aux deux chefs de ne pas honorer l’invitation du préfet dont les motivations sont connues. Dans une lettre réponse adressée au préfet dont la Rédaction s’est procuré une copie, on peut lire ce qui suit : « Monsieur le Préfet, Nous avons accusé réception de votre courrier en date du 23 juin nous invitant à une concertation autour du contenu de la déclaration du 27 mai 2017 signée du vénéré ALADJI Kokou A. Ayéfoumi AKOMEDI VIII, chef canton de Gléi et de sa majesté IBA, chef spirituel. Monsieur le Préfet, le 22 juin 2017, sous votre autorité, un soi-disant meeting de dénonciation a été organisé au centre culturel d’Agbonou au cours duquel les valeurs sacrées et la dignité de la chefferie traditionnelle consacrées par la Constitution togolaise de 1992 et la loi portant statut de la chefferie traditionnelle au Togo dont le garant est le chef de l’Etat, SEM Faure E. Gnassingbé, ont été foulées aux pieds à travers une déclaration. Le vénéré ALADJI Kokou A. Ayéfoumi AKOMEDI VIII et sa majesté IBA, chef spirituel ont été publiquement humiliés, traités de tous les noms d’oiseaux par des individus en service commandé. Le tort des garants des us et coutumes que nous sommes est d’avoir dénoncé la décoration, le 27 avril 2017, du Major Kouloum N’Ma Bilizim et de son homme de main Adani Messan alias « Kommandan », tous deux cités dans les rapports de l’ONU et de la FIDH, comme auteurs des actes de tueries et autres lors des évènements douloureux de 2005. Monsieur le Préfet, cette mise en scène d’une autre époque, ces pratiques attentatoires aux valeurs sacrées de la chefferie traditionnelle constituent une grave atteinte à l’honneur et à la dignité des gardiens des us et coutumes dont nous sommes les garants. Au vu de tout ce qui précède, soucieux de préserver la paix sociale dans cette période de réconciliation nationale, nous sommes au regret de ne pas être en mesure d’honorer votre invitation du mardi 27 juin dans les locaux de la Préfecture dont nous connaissons déjà les motivations ». Fait inédit, mis au courant de cette réunion qui se tenait au palais de Gléi, le préfet a passé un coup de fil au ton menaçant au Chef de Gléi qui ne s’est pas laissé faire.

Major Kouloum, gouverneur autoproclamé d’une région avec les méthodes de la STASI

C’est indubitablement avec le manteau d’un proconsul que le sieur Kouloum N’ma Bilizim agit dans la préfecture de l’Ogou. Tous les fonctionnaires détachés dans la zone lui doivent allégeance et rapport permanent. Du préfet au juge, du président de la délégation spéciale aux médecins, des chefs cantons, villages aux professeurs, tous doivent passer régulièrement à son domicile pour le tenir informé, chacun dans son domaine, de la gestion des affaires. C’est somme toute une République dans la République. C’est fort de ce statut que l’homme s’est rendu responsable des massacres de 2005, comme le précise cet extrait du rapport accablant des Nations Unies en ces termes : « La plupart des témoins rencontrés ont désigné notamment le Major Kouloum, comme l’auteur et le meneur des tueries commises dans la Préfecture d’Ogou. Il aurait aussi formé et armé les milices. Les informations recoupées par la Mission indiquent qu’à la suite de la destruction de son hôtel et de sa radio, le Major Kouloum aurait mené des actes de représailles se traduisant notamment par une violence aveugle et extrême contre les responsables, les partisans de l’opposition ainsi que d’autres personnes. De nombreux témoins ont souligné également que dans la nuit du 24 au 25 avril 2005, le Major aurait abattu six jeunes qui continuaient à détruire ses biens. Par ailleurs, il aurait orchestré toutes les opérations de riposte en réaction aux violences perpétrées par des militants et des sympathisants de l’opposition ainsi que la venue des renforts venant apporter un appui pour réprimer les militants de l’opposition ». D’autres paragraphes du rapport des Nations Unies consacrés à ce monsieur sont encore plus effrayants.

Depuis plus de dix ans, cet homme identifié comme tel continue, en toute impunité, non seulement de courir tranquillement les rues, narguant ses victimes, mais encore multiplie la terreur dans la région. Et pour l’encourager dans ses œuvres, Faure Gnassingbé qui a déclaré au stade d’Atakpamé « plus jamais ça !», pour dénoncer les violences dans cette préfecture, n’a trouvé mieux que de lui décerner une décoration. Une prime et un encouragement à l’impunité qui, naturellement, donne des ailes au major Kouloum N’ma qui répand les actes de terreur sur son territoire conquis.

En 1975, le régime du Général Gnassingbé Eyadema avait monté les populations contre un digne fils d’atakpame (Mgr Bernard OGUKI-ATAKPAH). Ce 22 juin 2017, les mêmes populations sont à nouveau manipulées et dressées contre un chef canton et le chef spirituel de la préfecture. La situation est de plus en plus volatile dans la région, et si rien n’est fait pour mettre fin aux dérives de ce fameux major Kouloum, les jours à venir viendront une fois de plus assombrir davantage le processus hémiplégique de réconciliation du HCRRUN piloté par l’une des femmes les plus controversés du Togo, Awa Nana. La fête des ignames prévue pour le mois d’août s’annonce très mouvementé, surtout que le chef spirituel IBA voué aux gémonies par Kouloum et sa bande est celui qui préside les cérémonies.

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