Depuis que le nouveau président français, Emmanuel Macron, a laminé la classe politique de son pays, les « mouvements » se multiplient en Afrique francophone pour tenter de l’imiter.
Jeudi 3 août, dans la salle de réunion d’un luxueux hôtel de la banlieue de Bruxelles, les lieutenants de l’opposant congolais Moïse Katumbi réfléchissent à une stratégie pour leur champion en vue de la prochaine élection présidentielle. Pour les aider, ces politiques madrés ont invité une jeune cadre de La République en marche (LREM, le parti du président français, Emmanuel Macron) à leur faire une présentation. « Focus group » avec les électeurs, hiérarchisation du mouvement, nouvelles technologies, conquête de l’Assemblée nationale avec des novices… Devant cet auditoire aux aguets, elle raconte, de l’intérieur, la folle épopée d’un homme qui, à 39 ans, a balayé en quelques mois la classe politique vieillissante de son pays. Un rêve pour tant et tant d’ambitieux réformateurs africains, parfois confrontés à des présidents en place depuis des décennies.
Katumbi, lui-même ancien poids lourd de la mouvance présidentielle, ne devrait pas tarder à lancer son propre mouvement. « Il existe des similitudes entre les deux hommes, assure son porte-parole, Olivier Kamitatu. Tous deux veulent changer les choses avec des gens issus de tous les horizons, de l’opposition à la majorité. »
Quant aux préalables à cette campagne – le retour de Katumbi sur ses terres en citoyen libre et l’organisation de la présidentielle –, la jeune macroniste, en revanche, a séché. Ce n’est pas le type d’obstacle auquel elle a été confrontée.
Tous comme Macron
Il n’empêche : en Afrique francophone, on ne compte plus les « mouvements » nés autour de personnalités politiques au cours des derniers mois. Passés de mode, les partis politiques ont été laminés lors de la présidentielle française.
Et peu importe si, sur le continent, les partis étaient déjà, bien souvent, au service d’un leader charismatique. « Les Maliens en ont marre de nos politiciens : ce sont les mêmes depuis la démocratisation, en 1991 », clame Adama Diakité, vice-président de Yelema, le parti de Moussa Mara.
Cet ancien Premier ministre (2014-2015) âgé de 42 ans songe à quitter la tête de cette formation pour prendre celle d’un mouvement plus large, consacré notamment à la société civile et à la jeunesse.