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Arrestations, tortures et rançons: l’enfer des migrants en Libye
Publié le vendredi 25 aout 2017  |  RFI


© Autre presse par DR
Immigration: 330 migrants secourus en 3 jours au large de l`Espagne


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En Libye, des dizaines de migrants sont détenus par des groupes armés libyens dans la ville de Sabratha, à l'ouest de Tripoli. Ces groupes réclament des rançons aux familles. Le processus semble se répéter depuis plusieurs mois.
Selon les témoignages, il existe deux types d'arrestations. Les plus récurrentes, ce sont celles sur la plage. Alors que les migrants sont sur les bateaux, que les passeurs leur ont indiqué comment prendre la direction de l'Italie, des groupes armés arrivent eux aussi par bateau. Selon les récits de migrants, les hommes armés, des Libyens, demandent le nom du passeur. En fonction du nom du passeur, ils arrêtent les migrants, les ramènent sur la plage et les enferment. Il ne s'agit pas de prisons, mais plutôt de bâtiments en construction, fermés et à l'abri des regards.

Le deuxième type d'arrestation a lieu à l'entrée de Sabratha. Les groupes armés semblent être au courant de l'arrivée de convois transportant des migrants, dirigés par des passeurs. Ils leur barrent la route et les mettent en détention.

Des groupes armés difficiles à identifier

Il est difficile de dire qui sont ces groupes armés. Les migrants les désignent par des surnoms qui n'ont pas de lien avec les appellations des différents groupes armés connus dans la ville. Selon les témoignages, il s'agit d'hommes libyens en possession d'armes, aidés par des hommes de nationalités subsahariennes. Les différents témoignages de migrants victimes de ces groupes convergent sur un point : l'intérêt premier de ces groupes armés est l'argent. L'objectif des arrestations de migrants est donc de demander des rançons.

Une fois arrêtés, les migrants sont menacés et on les force à donner le numéro de téléphone de leur famille. Là, un homme, que les migrants désignent comme le responsable du ghetto, appelle alors les familles et réclame de l'argent. Les sommes tournent autour de 400-500 euros, mais cette semaine, une famille a dû payer plus de 1 000 euros pour son fils. Les sommes peuvent augmenter au fur et à mesure de la détention. Les migrants sont fréquemment violentés, les femmes violées, certains se font tirer dessus, principalement sur les pieds. Toutes ces violences se passent devant l'ensemble du groupe, afin d'instituer un climat de terreur, et les conditions de vie sont évidemment extrêmement précaires.

Les réseaux de ces groupes armés sont visiblement alignés sur les réseaux de passeurs, puisqu'ils ont des relais dans différents pays du continent africain. Lorsqu'une famille a réuni la somme de la rançon, on lui envoie le numéro d'un compte sur lequel elle peut effectuer un virement en franc CFA. Si les proches sont dans les pays de transit comme l'Algérie ou la Tunisie, il y a des hommes qui servent de relai pour récupérer l'argent dans ces pays.

Sans rançon, pas de libération

Si une famille ne paie pas, les migrants sont maintenus en détention tant que la rançon n’a pas été versée. Certains sont forcés de travailler sans salaire, pour payer eux même le montant de leur rançon. Selon les témoignages, il est arrivé qu'un migrant soit tué, mais ce n'est pas régulier, parce que le but est vraiment d'obtenir de l'argent.
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