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Togo: "électricité dans l’air" au deuxième jour de mobilisation massive contre le régime
Publié le jeudi 7 septembre 2017  |  AFP


© aLome.com par Gadegbeku Edem & Parfait
La manifestation de l`opposition campe à Deckon
Lomé, le 07 septembre 2017. Au lieu du "Bas Fonds du Collège Saint Joseph", la manifestation de la coalition de l`Opposition chute à Deckon, carrefour commercial, contre toute attente.


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Lomé - Une foule massive a de nouveau répondu à l’appel de l’opposition dans les rues de Lomé et dans d’autres villes du Togo jeudi, deuxième journée de mobilisation pour réclamer une alternance politique et des réformes, après 50 ans de pouvoir de la même famille.

Les manifestants ont marché dans le calme à la mi-journée, utilisant des sifflets et brandissant des drapeaux du Togo, ont constaté des journalistes de l’AFP. Ils protestent contre le régime du président Faure Gnassingbé, qui a succédé il y a douze ans à son père, lui-même resté au pouvoir près de quarante ans.

Les manifestants ont ensuite convergé vers la présidence togolaise, avant d’être bloqués par les forces de l’ordre au niveau du rond-point de la Paix, scandant "Libérez, libérez le Togo!", au lieu de se diriger vers le point de rendez-vous convenu avec les autorités.

Une banderole déployée face aux hommes en armes demandait aux "soldats, policiers et gendarmes de faire allégeance au peuple", alors que la pluie commençait à tomber.

"Nous ne bougerons plus d’ici", a lancé un manifestant, Edem Agbogbo. "Nous attendons le feu vert de nos leaders pour forcer le passage".

Une grande partie de l’opposition togolaise (coalition de cinq partis Cap 2015, le Groupe des six et le Parti National Panafricain - PNP, rejoints par plusieurs partis mineurs), avait appelé à l’unisson à de grandes marches sur deux jours.

Mercredi, une marée humaine (plus de 100.000 selon Amnesty International, un million selon des opposants) avait déjà défilé dans la capitale togolaise, véritable démonstration de force pour une opposition qui a longtemps échoué à parler d’une seule voix.

Ils réclament des réformes constitutionnelles (limitation du mandat présidentiel et scrutin à deux tours) promises par le régime, qui n’ont jamais abouti.

Mais dans la rue, les manifestants réclamaient avant tout "la démission" du chef de l’Etat.

- ’Du jamais vu’ -

Le président Gnassingbé ne s’est pas exprimé depuis le début du mouvement, et la présidence, contactée à plusieurs reprises par l’AFP, n’a pas donné suite.

Le gouvernement avait tenté de joué l’apaisement la veille des rassemblements en annonçant une réforme constitutionnelle concernant la "limitation des mandats et le mode de scrutin", mais cela n’a pas suffi à dissuader les manifestants.

"Il y a beaucoup d’électricité dans l’air", a relevé jeudi Adoté Delali, observateur de l’association des droits de l’homme, une ONG locale, affirmant qu’il y avait "beaucoup plus de monde qu’hier".

D’importantes forces de sécurité avaient également été déployées aux carrefours stratégiques de la capitale, certaines s’employant à dégager des barricades de fortune dressées par les manifestants sur leur passage à l’aide de pneus, de pierres et de vieux meubles.

Momoni Abéké, 77 ans, dit manifester dans la rue depuis l’indépendance du Togo. "Je n’ai jamais vu mon peuple se lever comme il le fait aujourd’hui", a confié le vieil homme.

"Nous allons rester dans la rue jusqu’à ce qu’il nous écoute. Nous voulons que Faure (...) s’en aille", a affirmé Jonas Badagbon, 29 ans.
L’opposant historique Jean-Pierre Fabre a défilé à pied au milieu du cortège, encerclé par une chaîne humaine.

"Nous n’écoutons pas assez la population. Aujourd’hui nous demandons de l’écouter et d’écouter ses souffrances", a-t-il déclaré durant la marche.

Selon Aimé Adi, directeur de l’organisation Amnesty International au Togo, des manifestations ont également rassemblé des milliers de personnes dans plusieurs villes du nord, dont Sokodé, Bassar et Bafilo, "où une centaine de manifestants occupent la route principale, bloquant la circulation".

L’internet mobile était toujours coupé jeudi dans le pays, bloquant l’accès aux réseaux sociaux comme Facebook et WhatsApp - tandis que le wifi fonctionnait par intermittence.

Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma - qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans - à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée, ce qui avait entraîné de violentes manifestations et une féroce répression.

Il a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.

spb-cl/lp



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