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Mobilisation de l’opposition : Comme un air des années 90 et 2012… avec les mêmes erreurs!
Publié le jeudi 28 septembre 2017  |  Focus Infos


© aLome.com par Edem Gadegbeku et Parfait
Conférence de presse de la coalition de 14 partis d`opposition, à l’occasion du 25e anniversaire de l’adoption de la Constitution de 1992
Lomé, le 27 septembre 2017. Siège de la CDPA. Conférence de presse de la coalition de 14 partis d`opposition, à l’occasion du 25e anniversaire de l’adoption de la Constitution de 1992. Cette coalition annonce des manifestions de rue pour la semaine du 02 octobre 2017. Elles suivront le mouvement journée «Togo mort» du 29 septembre 2017.


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Malgré le projet de loi envoyé sur la table de l’Assemblée nationale par le Gouvernement et portant sur la limitation des mandats présidentiels et l’élection du président de la république par un scrutin uninominal à deux tours, la tension ne semble pas tomber dans notre pays.


Cette semaine verra la majorité et l’opposition défiler dans la rue, la première pour « soutenir les institutions de la République et préserver la paix », la seconde pour réclamer le « retour à la Constitution de 92 » ou le « départ immédiat de Faure Gnassingbé ». Autant dire que les positions restent tranchées et maximalistes, surtout du côté de l’opposition qui, galvanisée par ses mobilisations réussies des 06 et 07 septembre, a choisi la surenchère. Comme dans les années 90 ou en 2012, à l’époque du « Collectif Sauvons le Togo » (CST), avec in fine, sans doute, les mêmes désillusions.


Il y a encore un peu plus d’un mois, l’opposition togolaise aurait signé pour un projet de loi contenant en substance, la limitation du mandat présidentiel à deux maximum et l’élection présidentielle à un scrutin uninominal à deux tours ; ses revendications emblématiques. Une proposition de loi initiée par ses parlementaires et portant notamment sur ces deux réformes se trouvait d’ailleurs sur les bureaux de l’Assemblée nationale.

Dans un plaidoyer médiatique, le président des Forces Démocratiques pour la République (FDR), Me Dodji APEVON et son homologue de l’Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral ( ADDI) , le Pr Aimé GOGUE, avaient même soutenu que l’opérationnalisation de ces deux réformes apaiserait le pays , en attendant une refonte plus globale de la Constitution et des autres textes enfermant le fonctionnement des institutions, réglementant la vie publique et encadrant les élections. Ils plaidaient donc pour des réformes séquentielles, malgré la mise en place de la Commission de réflexion, « pour ne pas perdre encore du temps » et afin d’ « apaiser le climat politique » expliquaient-ils.

Depuis, l’eau semble avoir coulé sous les ponts, avec l’irruption inattendue sur la scène publique du Parti National Panafricain (PNP) et ses manifestations synchronisées dans plusieurs villes du pays et à l’étranger, qui ont visiblement sorti l’opposition de sa léthargie et revigoré plusieurs de ses militants. Exit donc les deux revendications initiales.



Aujourd’hui, l’opposition oscille entre l’exigence du retour à la Constitution originelle de 1992, modifiée en 2002, et celle de la démission du Chef de l’Etat. Pour justifier ce revirement extraordinaire quant à ses mots d’ordre, ses principaux leaders mettent en avant le fait selon eux que l’initiative gouvernementale arrive trop tardivement et surtout, qu’ils doivent se soumettre aux desiderata de la rue. « Le peuple est dans la rue. Il veut le retour à la Constitution de 1992 et le départ immédiat de Faure GNASSINGBE », martèlent le chef de file de l’opposition Jean-Pierre FABRE et la présidente de CAP 2015, Mme Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON.



De fait, l’opposition semble ne pas apprendre de ses erreurs. Beaucoup oublient ou ont passé par pertes et profits le fait que c’est une erreur d’analyse de l’opposition qui a simplifié et facilité la modification de la Constitution de 1992, dont elle réclame aujourd’hui le retour. En effet, malgré les avertissements de plusieurs observateurs, ceux qui surfent tout le temps sur le populisme et la démagogie, ont réussi à imposer le boycott des élections législatives de 2002. Ce boycott a eu pour conséquence la mise en place d’une assemblée nationale monocolore qui a pu réunir la majorité qualifiée des 4/5 pour modifier la Constitution. Or, moins de 20 députés auraient suffi pour bloquer en 2002 ladite modification. En campant cette année encore les jusqu’au-boutistes, elle risque de laisser la majorité seule à la manœuvre.


TOUT OU RIEN :

Se sentant, encore que cela reste à établir, en position de force, l’opposition semble fermer la porte à toute concession. A l’unisson, des plus traditionnellement modérés aux habituels radicaux, tous font valoir que c’est le rue qui commande. Au point de retirer leur propre proposition de loi introduite quelques semaines auparavant. Au point surtout pour Jean-Pierre FABRE, chez nos confrères de Radio France Internationale (RFI) de demander ni plus ni moins que le départ de Faure GNASSINGBE qu’il qualifie d’ »illégitime ».


Ou encore dans un discours surréaliste prononcé au soir du 07 septembre pendant le sit-in nocturne au carrefour DECKON, d’exiger que le Président de la République vienne négocier avec lui les conditions de son départ , pendant qu’il rassurait les officiers supérieurs des forces armées quant à leur sécurité et celle de leurs familles ; les enjoignant de se mettre sous ses ordres.


Toutes choses qui ailleurs, tomberaient sous le coup des dispositions réprimant les tentatives de renversement de l’ordre constitutionnellement établies et punies au Togo par l’article 148 de la Constitution qui dispose que « toute tentative de renversement du régime constitutionnel par le personnel des forces armées ou de sécurité publique, par tout individu ou groupe d’individus, est considérée comme un crime imprescriptible contre la nation et sanctionnée conformément aux lois de la République.

Cette posture du tout ou rien, n’est pas sans rappeler les années 90 et plus près de nous, 2012 avec le Collectif Sauvons le Togo, au faîte de sa popularité avec des mobilisations monstres. A l’époque, alors que le pays était sous tensions, que plusieurs dizaines de milliers de personnes battaient régulièrement le pavé dans une ambiance insurrectionnelle, ses leaders avaient refusé le dialogue proposé par le pouvoir, convaincu de leur force et sûrs de leur fait. En lieu et place des réformes qui constituaient le fondement du mouvement, les responsables du CST ont migré vers un autre mot d’ordre : celui du départ sans conditions de Faure GNASSINGBE. Exactement comme aujourd’hui.


Les appels à la raison, à la real politik et surtout au dialogue sont restés vains. Aux ambassadeurs et diplomates accrédités au Togo qui ont tenté d’ouvrir des couloirs et des initiatives de discussion, il a été opposé une fin de non recevoir au nom d’un principe moult fois éprouvé par l’opposition togolaise depuis les années 90 et qui malgré qu’il se soit toujours soldé par un échec, continue à être appliqué : ce que la rue veut, le peuple le veut et donc est non négociable.

La faiblesse de cette posture est qu’elle ne tient que le temps de la forte mobilisation et ne résiste pas au temps. Si l’objectif de la démission n’est pas atteint rapidement, (ce qui ne fut pas le cas dans les années 90 comme en 2012), le mouvement tend à s’essouffler et le rapport de force balancé de nouveau largement en faveur du pouvoir. Au final, l’opposition perd tout, y compris la plus minime de ses revendications de départ.


HARO :

Une autre erreur qui s’inscrit à chaque époque sur la liste des postures improductives de l’opposition, est les attaques contre la communauté internationale. Le scénario est toujours le même. En période creuse, tous les discours des leaders de l’opposition convergent vers l’appel à un soutien de la communauté internationale à leur cause. Ils plaident pour une pression diplomatique plus accrue sur le pouvoir togolais afin qu’il opère les réformes et démocratise davantage le jeu politique. De fait, plusieurs d’entre eux font le tour de la sous-région et des Chefs d’Etat de la zone, ou encore des capitales occidentales pour porter leurs messages.

Et à chaque fois, à l’instant où la mobilisation dans la rue semble être un succès, les discours évoluent du tout au tout : on crie haro sur la communauté internationale, dont on estime finalement le soutien tardif, superfétatoire ou encore inutile. Ou pire, elle est considérée comme complice de la situation. C’est ce à quoi l’on assiste de nouveau : la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le président de sa Commission Marcel de SOUZA, moqués et presque récusés, de même que l’Organisation des Nations Unies (ONU) à travers le représentant spécial du Secrétaire général chef du bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn CHAMBAS.


Ils sont presque présentés comme des suppôts du pouvoir, oscillant entre complicité et duplicité et dont l’opposition n’a en toutes hypothèses pas besoin : « la lutte populaire étant invincible » aiment-ils à répéter. « Le peuple a pris son destin en mains. Nous n’avons pas besoin de ces gens » indique, presque méprisant, le chef de file de l’opposition. Qui est encore loin d’avoir pris le pouvoir à Lomé et qui se prive ainsi de potentielles oreilles attentives, voire favorables dans sa quête.



DEMISSION:

La rue togolaise en est convaincue : elle est en train de chasser Faure GNASSINGBE du pouvoir. Cela devrait être déjà le cas au soir du 07 septembre, avec les manifestations que l’opposition avait dénommées « l’assaut final ». Jean-Pierre FABRE a d’ailleurs prononcé son fameux discours en ce sens à DECKON. Plusieurs chaînes internationales ont ainsi dépêché à Lomé des envoyés spéciaux. Même AL JAZEERA, qui jusque-là n’a cité le Togo que grâce aux performances sportives de Sheyi ADEBAYOR, la star du football. Cependant, le chef de l’Etat trône toujours au palais de Kégué. Mais assurent-ils ce n’est que partie remise et plus qu’une question de temps pour qu’il s’enfuie ; à la manière d’un Blaise COMPAORE. Le pari est cette fois pris pour les 20 et 21. Comme il avait été pris et annoncé en juin 2012.



Comme tout au long de la crise et des manifestations monstres qui ont jalonné le processus démocratique dans les années 90. A chaque fois qu’une vraie opportunité, grâce à la mobilisation populaire, s’offre pour faire faire au pays, souvent au corps défendant du régime, des sauts institutionnels qualitatifs, les leaders de l’opposition commettent l’erreur de mépriser l’adage selon lequel « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Enivrés par la réussite de leurs manifestations, ils promettent la démission du Président de la République, sans s’en donner jamais les moyens et en font juste un slogan, qui connaîtra le destin d’une feuille morte. Au bout, non seulement ils n’obtiennent pas de démission, mais en plus l’échec a le don de démobiliser les militants qui naïvement croient à chaque fois, que le grand jour est arrivé.


Au-delà du caractère curieux d’une telle revendication concernant un Chef d’état élu dont le mandat court jusqu’en 2020, se pose la question de la cohérence et de la lisibilité de la ligne des leaders durant la séquence politique actuelle. Ici prennent encore tout leur sens les accusations d’une « ligne selon l’horoscope du jour », au petit bonheur la chance donc. Insuffisant pour espérer obtenir cette exigence maximaliste et surtout, constituer une alternative crédible et sérieuse pour conduire une nouvelle politique pendant les temps post-insurrection, qui seront indubitablement troubles et à hauts risques.

Au surplus, il y a de quoi être interpellé de voir que le candidat battu deux fois, en 2010 et 2015 soit celui qui appelle à la démission de son vainqueur, fondant sa légitimité à lancer un tel appel, uniquement sur la base des dizaines de milliers de personnes qu’il (il n’est d’ailleurs pas le seul) a fait sortir dans la rue. Comme si mobiliser la rue permettait de renverser les résultats d’une élection. En oubliant tout de même que la démission du Président de la République n’entraîne pas la prestation de serment du Chef de file de l’opposition, mais la mise en œuvre d’un intérim assuré par le président de l’Assemblée nationale, un des caciques du parti au pouvoir.



MENACES ET INTIMIDATIONS:

Avant même que le pouvoir ne change de camp, circule une liste de personnalités non grata, «wanted » et à abattre. Ils sont d’ores et déjà convoqués devant l’échafaud et leurs noms sont placardisés et relayés sur les réseaux sociaux, amplificateurs de ce genre de phénomènes. L’enfer est également promis à leurs familles et des appels sont lancés, en plusieurs langues, pour qu’ils soient égorgés, brûlés vifs, assassinés, où qu’ils se trouvent.

Moins horribles et pas moins inquiétants, les invectives, insultes, stigmatisations et menaces quotidiennes dont font l’objet des proches ou présumés proches du pouvoir… Comme dans les années 90, comme en 2012. Tous ces phénomènes qui constituent autant d’erreurs dans la construction d’une aspiration à l’alternance, ne sont pas de nature à en faciliter la réalisation.
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