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Rachida Dati : «L’impression du Franc CFA doit quitter la France et cette monnaie changer de nom»
Publié le lundi 30 octobre 2017  |  La Tribune Afrique




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Dans cette interview exclusive accordée à La Tribune Afrique, Rachida Dati, avec sa casquette d'eurodéputée, donne les contours de son déplacement à Abidjan aujourd'hui 30 et demain 31 octobre. Pour elle « si les bonnes décisions sont prises, la jeunesse africaine sera un atout et une chance considérables pour le continent africain, et non un "défi civilisationnel" comme certains le prétendent ». Elle estime également que l'UE doit s'appuyer sur des pays moteurs pour entraîner le développement du continent. «Nous devons avoir des leaders politiques qui prennent des décisions courageuses, même à contre-courant des opinions publiques », estime l'élue au parlement européen sous la bannière du Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens). Sur la question enflammée du Franc CFA, son avis est tout aussi tranché. Entretien.



La Tribune Afrique : Vous effectuez une mission à Abidjan en Côte d'Ivoire, ce 30 et 31 octobre en prélude au prochain Sommet UE-Afrique. Est-ce à dire qu'il reste certains aspects à baliser notamment la participation de certaines parties comme celles en relation avec le dossier du Sahara, qui risque d'entraver la bonne tenue du sommet ?


Rachida Dati : Je m'y rends à l'invitation du Président Ouattara pour rendre compte au Président du Parlement européen et à mes autres collègues parlementaires des avancées dans la préparation de ce Sommet, notamment sur les nombreux défis communs à l'Union européenne et au continent africain, comme le projet d'avenir pour la jeunesse, la mise en place d'une bonne gouvernance, la lutte contre le terrorisme, la résolution de la crise migratoire et l'adaptation aux changements climatiques.

Ce Sommet est essentiel car il est le dernier rassemblement important avant la révision des Accords de Cotonou, qui régissent nos relations. Je souhaite, comme beaucoup, que l'objectif de ce Sommet ne soit pas détourné par les revendications illégitimes et illégales d'une minorité. Les sujets dont nous devons débattre sont trop graves pour en être détournés. Comme l'a si bien dit Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne, « nous savons bien que nous sommes plus forts lorsque nous travaillons main dans la main. C'est avec ces objectifs bien présents à l'esprit, que nous entamons les préparatifs du cinquième Sommet UE-Afrique ».

À Abidjan vous allez rencontrer en plus des autorités, des représentants de la société civile ainsi que d'autres personnalités du pays mais également françaises. Quel est l'enjeu de ce sommet pour la France qui demeure le principal partenaire européen de la Côte d'Ivoire ?


Les enjeux pour la France sont les mêmes que ceux de l'Union européenne. Nous devons avancer en coopération étroite avec les pays africains pour faire face à nos défis communs : le terrorisme, la radicalisation et la crise migratoire. Nos pays sont tous touchés, des deux côtés de la Méditerranée.

Il est urgent de trouver une solution durable à la crise migratoire. Derrière ce drame, c'est la question de la jeunesse africaine qui se pose, car c'est elle qui constitue l'essentiel de ceux qui émigrent au péril de leur vie. Ce sera la grande question de ce Sommet : comment offrir un avenir stable, viable et prospère à la jeunesse africaine ? Si les bonnes décisions sont prises, elle sera un atout et une chance considérables pour le continent africain, et non un "défi civilisationnel" comme certains le prétendent.

La France est très présente économiquement en Côte d'Ivoire, tant le pays représente un potentiel économique important. La Côte d'Ivoire, c'est la deuxième économie d'Afrique subsaharienne, après l'Afrique du Sud. Le pays a affiché une croissance moyenne de 9 % de 2012 à 2016, et vise 8,5 % pour 2017 ! Évidemment, cela intéresse nos entreprises. Nous avons un rôle à jouer, débarrassé du schéma colonial, dans le développement économique de la Côte d'Ivoire, et plus largement de l'Afrique.

La Côte d'Ivoire cristallise à bien des égards le concentré des défis actuels du continent : une croissance dynamique mais pas encore inclusive, le chômage des jeunes doublé d'une explosion démographique qui les pousse sur le chemin de la migration et le tout dans un contexte marqué par des risques d'instabilité politique. Comment l'UE pourrait-elle aider le continent à prendre en charge ces défis ?
L'Union européenne aidera d'autant mieux le continent africain lorsqu'elle comprendra que le temps des rapports inégaux Nord-Sud est dépassé. Traitons enfin les pays africains pour ce qu'ils sont : des partenaires avec un formidable potentiel ! À nous de soutenir les Africains dans cette voie, en prenant les mesures qui s'imposent. Je pense par exemple à une lutte accrue contre la corruption, à des politiques plus efficaces contre l'évasion fiscale. Chaque année, entre 40 et 80 milliards de dollars de taxes échappent au continent, ce qui représente une bien plus grande manne financière que l'aide au développement.

L'Union européenne peut également aider l'Afrique à mettre en place des coopérations régionales efficaces, notamment dans le domaine économique. Nous savons de quoi nous parlons, c'est toute l'histoire de l'Union européenne dont il est question ! L'économie africaine est aujourd'hui encore trop morcelée entre plusieurs organisations régionales construites sur des bases héritées de la colonisation et qui correspondent de moins en moins aux réalités vécues au quotidien par les Africains.

En votre qualité de rapporteur du groupe politique vous aviez pris part aux discussions sur le rapport Stratégie UE-Afrique : un coup d'accélérateur au développement. Quelles sont les principales recommandations que le Parlement a soumis pour justement renforcer ce partenariat ?
Ce rapport sera présenté au vote à Strasbourg, lors de la session plénière de novembre. J'ai défendu dans ce rapport l'importance du partenariat UE-Afrique dans le domaine de la migration, de la lutte contre le terrorisme et de la criminalité organisée. Le climat d'insécurité qui existe dans certaines parties du continent africain nuit à la croissance, à l'emploi, à l'investissement et donc au développement.

L'Union européenne et l'Afrique doivent intensifier leur coopération et le dialogue politique, c'est indéniable, mais comment ? Je propose par exemple que l'Union européenne s'appuie sur des pays moteurs pour entraîner le développement du continent. Je pense notamment au Maroc et à la Côte d'Ivoire. Nous devons également nous appuyer sur la diaspora africaine en Europe, incroyable source de savoir et des relais pour comprendre les problématiques africaines.

Comment l'UE entend-elle accompagner le continent alors que sur bien des questions comme la problématique de la gestion migratoire, les priorités ne semblent pas les mêmes selon les pays membres et certains États ont même mis en œuvre des stratégies unilatérales en signant des accords avec certains de leurs pairs africains ?
C'est pour cela que le Sommet UE-Afrique est si crucial ! Nous devons tous nous assoir à la même table pour discuter des enjeux de notre coopération. Mais si l'Afrique doit être considérée comme un partenaire uni et indivisible, il est aussi compréhensif que des solutions individuelles soient proposées, alors que tous les pays ne font pas face aux mêmes problématiques.

C'est pour cela qu'en novembre 2015, lors du sommet de la Valette sur la migration, l'Union européenne a promis une aide financière à l'Afrique, avec un fonds d'1,8 milliard d'euros, pour endiguer les flux migratoires et créer des programmes différents en fonction des problématiques régionales ou locales. Le fonds fiduciaire profite à toute une série de pays d'Afrique situés sur les principales routes migratoires africaines à destination de l'Europe. Les pays voisins des pays éligibles peuvent également bénéficier, au cas par cas, de projets financés par le fonds fiduciaire.

Nous avons besoin de tous les échelons de coopération, cela inclut aussi bien les accords bilatéraux entre États que les accords régionaux et multilatéraux, ainsi que l'échelon local. Mais l'important est d'avoir une stratégie globale, d'où la nécessité de ce Sommet.
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