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Togo: Sokodé et Bafilo, Mettre fin à la Guerre des lâches ! De la nécessité de lever le siège militaire dans les deux localités avant les prochaines marches
Publié le vendredi 3 novembre 2017  |  Autre presse




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Levée de l’interdiction de manifester en semaine, règlement de l’encadrement des manifestations. Cette fois-ci les extrémistes du pouvoir réfléchiront par deux fois avant de faire sortir ou non leurs miliciens. La mise en garde de Paris et Washington semble avoir fait son effet.

D’un côté, le régime Gnassingbé, après le lourd bilan en blessés et en morts lors des manifestations précédentes surtout à l’intérieur du pays, et se sachant désormais observé par les organisations nationales et internationales de défense des droits humains et par certains poids lourds de la Communauté Internationale, donne des signes d’un semblant de bonne volonté.

De l’autre côté, dans le Nord du pays, à Mango, surtout à Sokodé et Bafilo, tout semble être mis en œuvre pour mettre les populations sous éteignoir. La stratégie de la terreur militaire y est en marche; si bien que nous sommes en droit de nous demander si nous sommes encore dans le même pays. L’étranger qui arrive pour la première fois dans ces localités assiégées se demandera si le Togo est en guerre, s’il y a une menace militaire étrangère dans cette partie de notre pays. Camions et jeeps militaires, bien sûr remplis de soldats bien armés, font d’incessants va-et-vient dans les villes de Sokodé, Bafilo et dans presque tous les villages des deux préfectures. Ces para-commandos, très nerveux, n’hésitent pas à disperser violemment tout attroupement de jeunes, si ce n’est pas des arrestations dont eux seuls connaissent la raison.

Il y a une semaine, à Birini, petit village situé entre Kadambara et Kparatao sur la route de Tchamba, des jeunes qui se reposaient au bord de la route, échappèrent de justesse aux bastonnades en prenant la fuite. La bonne femme qui préparait et vendait de la pâte à côté, devait assister impuissante à la mise à feu de son échoppe par nos parachutistes des FAT. Ils menacèrent de revenir pour régler leurs comptes aux jeunes fuyards.

Une telle scène ne se limite malheureusement pas à ce village. C’est la chasse à l’homme partout à Tchaoudjo et à Assoli; si bien que les habitants réfugiés en brousse hésitent à revenir. Les quelques courageux qui ont osé, ne dorment pas chez eux la nuit, par peur d’être bastonnés ou kidnappés.

Même le chef de file de l’opposition Jean-Pierre Fabre a été témoin de l’occupation militaire de la préfecture de Tchaoudjo et surtout de Sokodé il y a quelques jours, lors de la tournée d’une délégation de la coalition de l’opposition. Une réunion organisée pour receuillir les témoignages des victimes de la brutalité militaire avait reçu la visite des hommes en armes qui cherchaient à savoir le but de cet attroupement.

Ne sommes-nous plus libres dans notre pays?

De quel droit l’État-Major de l’armée peut-il ordonner l’occupation militaire de certaines villes de notre pays pour pourchasser, bastonner, fusiller, kidnapper des citoyens, alors que le Togo n’est pas en état d´urgence?

Une armée qui fait la guerre à sa propre population! Il faut être au Togo pour le vivre. Un éléphant dans un magasin de porcelaine!
Nous sommes en droit de nous demander si c’est ce que le sieur Abalo Kadanga a appris à la prestigieuse école de guerre en France. N’a-t-il pas honte, s’il est réduit aujourd’hui à envoyer des parachutistes pourchasser des populations qu’ils sont sensés protéger en temps de guerre?
Mener une guerre contre une population civile aux mains nues n’honore pas le métier des armes qui devrait être un métier noble, respecté et respectable. Une telle guerre à sens unique, gagnée d’avance, s’appelle la « Guerre des lâches ».

C’est honteux de la part d’un régime qui, cherchant à s’éterniser au pouvoir, nonobstant les règles du jeu, détourne le débat politique en fabriquant des problèmes qui n’existent pas pour détruire des adversaires politiques. Toute cette barbarie militaire n’a qu’un seul but : Réduire à néant la légitime contestation du peuple togolais. Toutes les autres inventions fantaisistes qui leur servent d’alibis, complot djihadiste ou autres, sont le fruit de la méchanceté, du manque de volonté politique et de la mauvaise foi de ceux qui considèrent le pouvoir politique comme la propriété d’une certaine catégorie de Togolais. Ces descentes musclées de militaires aux allures tribales et génocidaires chez des citoyens de certaines localités ciblées constituent un fait très dangereux qui prouve à suffisance que ceux qui sont au pouvoir se soucient peu de l’unité nationale.

Nous espérons que les rumeurs insistantes selon lesquelles les extrémistes autour de Faure Gnassingbé seraient entrain de préparer dans leur laboratoire un « attentat terroriste » qui ferait beaucoup de victimes, et dont on amputerait la responsabilité au PNP de Tikpi Atchadam, sont fausses et restent au stade de rumeurs. Au cas où malheureusement ce scénario arrivait à voir le jour, une enquête impartiale révélerait très rapidement la vérité, c’est pourquoi nous conseillons aux éventuels meneurs beaucoup de sagesse pour ne pas avoir à aggraver leur situation.

Officiellement, selon les textes, Faure Gnassingbé n’a pas le droit d’utiliser l’armée nationale à des fins personnelles. Non seulement il le fait, mais il en a fait une armée tribale, sinon familiale, utilisable à merci pour la conservation du pouvoir politique. C’est ce qui fait de lui un dictateur s’il ne l’a pas encore compris. De même, l’accaparement des richesses du pays par une poignée de privilégiés dont il est la tête, n’est pas possible dans une démocratie. Et c’est pourquoi le Togo est une dictature, s’il ne l’a pas encore compris.

Pour la coalition de l’opposition il urge de faire davantage de pression sur le régime de Faure Gnassingbé pour que le siège militaire à Bafilo, à Sokodé et Mango soit rapidemant levé, afin que les populations de ces localités cessent de vivre dans la terreur. Ils ont le droit de vivre et de circuler partout dans leurs préfectures respectives sans aucun harcèlement militaire. La ville de Kara et toute la Kozah doivent retrouver leur liberté, débarrassées de toute terreur venant des forces publiques ou des milices. Padayowa Boukpessi et Christophe Tchao doivent impérativement désarmer leurs miliciens pour ne pas contribuer à jeter de l’huile sur le feu.
C’est une honte pour notre pays que des leaders de l’opposition soient interdits de visiter la ville de Kara comme c’était le cas il y a quelques jours. La voie était bloquée par des militaires, et pour ne pas créer d’incidents inutiles, ils avaient eu la sagesse de rebrousser chemin.

La place des militaires est dans les casernes et non dans les quartiers en ville pour se substituer aux forces de l’ordre que sont la police et la gendarmerie. Des cauchemars chez beaucoup d’enfants et de femmes, en dehors des blessures physiques, constituent les premières conséquences durables de cette brutalité militaire dans les régions concernées. Et la simple apparition en ville ou dans les villages de camions ou jeeps militaires est désormais la cause de débandade au sein des populations. Ceci fait-il la fierté de la hiérarchie militaire au Togo?

Faure Gnassingbé et Abalo Kadanga, respectivement Ministre de la Défense et Chef d’État-Major, sont interpellés et doivent faire en sorte que les populations de l’intérieur du pays, surtout à Sokodé, Bafilo et Mango puissent vivre en toute liberté et surtout puissent participer aux marches organisées par l’opposition sans peur et sans risques de représailles militaires.

Samari Tchadjobo

Allemagne

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