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«Shithole countries» gate ou le désert des grandes voix de l’Afrique!
Publié le samedi 10 fevrier 2018  |  aLome.com


© AFP par SEYLLOU
La Commission ouest africaine sur les drogues (WACD) fait des propositions pour décriminaliser l’usage de la drogue en Afrique de l’Ouest.
Jeudi 12 juin 2014. Dakar. La Commission ouest africaine sur les drogues (WACD) créée par l`ancien secrétaire général de l`ONU, Kofi Annan, et présidée par l`ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo


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La mémoire collective garde d’eux en Afrique le souvenir et l’image de dirigeants autoritaires ou révolutionnaires. Mais ces hommes, de par leurs statures internationale et médiatique, étaient des porte-voix de l’Afrique. En leur temps, ils n’auraient pas été insensibles aux propos «pays de merde d’Afrique» de Donald Trump, le 45ème Président des USA…

«Un seul être vous manque, tout vous est dépeuplé», pourrait-on résumer la posture diplomatique de l’Afrique après les mots racistes de Donald Trump à l’égard du Salvador, Haïti et des Etats d’Afrique. Autre temps, autres mœurs. Certes, les 55 Etats africains présents à l’ONU ont unanimement protesté contre la sortie xénophobe du dirigeant américain, et certains Chef d’Etat d’Afrique comme Macky Sall ont pris les devants d’une vigoureuse protestation panafricaine via les réseaux sociaux. Des postures louables et audacieuses, mais qui n’égalent pas les réponses qu’auraient donné les Mugabe, Houphouët-Boigny, Kadhafi, Albert-Bernard Omar Bongo, Eyadèma Gnassingbé, Sese Seko Mubutu, Hassan II, etc. à «Mister Trump».



L’Afrique contemporaine : un désert de grandes voix


«L’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts», rétorquent souvent, ces dernières années, plusieurs diplomates africains, quand vous les interpellez au sujet de la donne suivante : très peu d’Etats et de dirigeants africains osent se projeter hors de leurs limites territoriales, en embrassant des affaires panafricaines ou continentales !!


L’échappatoire est habile, subtile. Mais le constat est là, implacable, amer : en dehors des instances dirigeantes de l’UA, l’Afrique est trop souvent aphone sur les importants sujets de la planète qui sont au même moment au cœur des grands enjeux mondiaux.
A ce rythme de couardise, aucun dirigeant africain n’oserait plus jamais "imiter" le discours revanchard et mémorable de Mouammar Kadhafi à la 64è Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre 2009. Ou encore celui de Mobutu, toujours à l’ONU, en octobre 1973. Comment ne pas se remémorer également de la célèbre allocution du capitaine Thomas Sankara devant l’ex OUA devenue UA, sur «le cycle de la dette internationale» le 29 juillet 1987? Si Etienne Eyadèma Gnassingbé n’avait pas osé les critiques ouvertes à l’égard du fcfa le 22 novembre 1972 (à Lomé, à la faveur d’une visite du Président Georges Pompidou), Kako Nubukpo et compagnie ne s’engouffreraient pas dans cette brèche 40 ans plus tard. Malgré ses dérives autocratiques du début des années 2000 jusqu’en 2017, le «vieux Robert Gabriel Mugabe» incarnait pratiquement à lui seul la dernière tour de contrôle de la conscience africaine face aux débats contemporains.


Où sont les Alpha Oumar Konaré et Abdoulaye Wade de l’Afrique actuelle ? Tout au long de la décennie 2000, Konaré a été l’un des rares Africains à oser cracher la vérité aux Africains (de temps en temps secondé par O. Obasanjo) dans la peau du Président de la République, puis dans celle du patron de l’UA. Abdoulaye Wade (entre 2000 et 2012) n’aura jamais hésité d’élever la voix de l’Afrique dans les débats internationaux durant son magistère. Comme dans le dossier du bien-fondé des APE pour les Etats africains, ou encore celui délicat de la libération de fonds (comptes d’opération de la BCEAO et de la BEAC) par la Banque de France pour financer le développement des Etats qui ont en usage le fcfa !


Des engagements, des postures, des sorties historiques de leaders africains qui ne courent plus les rues dans le cercle actuel des dirigeants africains ; cercle formé plus de diplômés que d’intellectuels… On comprend alors aisément le silence sépulcral des Africains sur les sujets majeurs des relations internationales dans le monde actuel. Il va pourtant falloir un beau jour rompre avec cette couardise diplomatique. L’indispensable renaissance africaine appelée de tous les vœux par les habitants du continent noir commence aussi à partir de là.



Christian BELLINO MEA
Journaliste/Chroniqueur Politique & Chef d’Entreprise
Email : bellino@bellicom.net

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