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François, cinq ans et une réforme toujours en cours
Publié le lundi 12 mars 2018  |  La Croix Afrique


© Autre presse par DR
Vatican: le pape crée ses 19 premiers cardinaux en présence de Benoît XVI


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En cinq ans, le pape François – élu avec pour mission de réformer l’Église et la Curie – a déjà impulsé des changements, notamment en matière financière. Mais il reste beaucoup à faire, sur l’architecture de la Curie ou la lutte contre les abus sexuels. Le travail sera encore long, d’autant que le pape souhaite aussi faire évoluer les mentalités…

« Faire les réformes à Rome, c’est comme nettoyer le Sphinx d’Égypte avec une brosse à dents », disait le prélat belge Xavier de Mérode, réformateur de l’État pontifical au XIXe siècle, dans une formule reprise à son compte par le pape François, lors de ses vœux à la curie en décembre (lire ci-dessous). Élu il y a cinq ans avec pour mission de réformer l’Église et la Curie, volonté affichée par les cardinaux dès les rencontres précédant le conclave, le pape soulignait par là l’ampleur de la tâche à accomplir, tout en pointant le manque d’entrain de collaborateurs censés le soutenir. Cinq ans plus tard, la « révolution François » est-elle bien entamée ?

Un mois jour pour jour après son élection, le pape créait le « C9 », ce conseil de cardinaux chargés de l’épauler dans le gouvernement de l’Église et la réforme de la Curie. Pourtant, alors que celui-ci vient de tenir la semaine dernière sa 23e rencontre, il n’est toujours pas question de la publication prochaine d’une constitution apostolique remplaçant Pastor Bonus, le texte édicté en 1988 par Jean-Paul II pour régir la Curie. « Quand on écrit un livre, on rédige toujours l’introduction en dernier », explique Mgr Marcello Semeraro, évêque d’Albano, près de Rome, et secrétaire du C9, qui voit plutôt la future constitution venir parachever la réforme lorsqu’elle aura abouti.

Le Vatican n’est plus un paradis fiscal


Car, en cinq ans, un gros travail a déjà été accompli. François a commencé par remettre de l’ordre dans les finances, point noir des pontificats précédents. Le Vatican n’est plus un paradis fiscal ni, l’IOR, sa banque, une officine de blanchiment. Elle a même entrepris des actions en justice contre ceux qui l’avaient abusée. Et, concernant le budget, le cardinal Reinhard Marx, président du Conseil pour l’économie pouvait, la semaine dernière, faire état de « progrès positifs dans les domaines de la présentation des bilans financiers, de la maîtrise des coûts et de la réduction du déficit du Saint-Siège ». Pour plus d’efficacité, le plus gros poste budgétaire, la communication, a lui aussi été refondu avec la création du Secrétariat pour la communication, le dicastère ayant le plus d’employés. « Le test de la réforme », assure Mgr Semeraro.

Sur le fond, deux « dicastères » – pour les laïcs, la famille et la vie, et pour le développement humain intégral – ont enfin fusionné six anciens conseils pontificaux dont les personnels doivent aujourd’hui apprendre à travailler ensemble, malgré des histoires et des façons de faire parfois très différentes.

Depuis Pie X, la Curie n’a cessé d’évoluer passant de l’administration des États pontificaux au gouvernement d’une Église qui se confond de moins en moins avec l’Occident. « Paul VI puis Jean-Paul II avaient déjà commencé à adapter la Curie aux réalités et François continue ce travail », estime le secrétaire du C9. « Ainsi, si Pastor bonus soulignait que ”les dicastères sont juridiquement égaux entre eux”, les mentalités continuaient à être imprégnées par l’idée que les congrégations sont plus importantes que les conseils pontificaux et ont donc plus d’autorité. En créant les dicastères, François tente de battre en brèche cette idée, toujours guidé par le principe d’une meilleure évangélisation, d’un meilleur esprit missionnaire. »


« La première réforme doit être celle de la manière d’être »


Plus que tout, la réforme de François cherche à faire bouger les mentalités. « La première réforme doit être celle de la manière d’être », disait-il dès le début de son pontificat. Il n’a, depuis, cessé d’y appeler la Curie, au fil de ses discours de vœux de Noël, notamment… Et parfois un peu brutalement, au risque de braquer ceux qui travaillent pour lui. En décembre, et tout en mettant en garde contre les « traîtres » et ceux qui « se sont laissés corrompre par l’ambition ou la vaine gloire », son discours s’est fait plus policé, n’oubliant pas cette fois de féliciter « l’écrasante majorité » de ceux qui, dans la Curie, « travaillent avec un engagement louable, avec fidélité, compétence, dévouement et même sainteté ».

Car François sait qu’il a besoin de la Curie pour mener à bien une réforme qui dépasse les murs du Vatican. Ces derniers mois, le C9 a particulièrement travaillé la question d’une « saine décentralisation », s’attachant à redéfinir le rôle des conférences épiscopales. Des réformes ont d’ailleurs été engagées avec, par exemple, une plus grande responsabilité donnée aux évêques dans les procès en nullité de mariage ou pour les traductions des textes liturgiques.

Les relations de la Curie avec les conférences épiscopales changent elles aussi. « Depuis cinq ans, je suis frappé de rencontrer des gens qui ont une réelle capacité d’écoute, une réelle humilité, reconnaît Mgr Olivier Ribadeau Dumas, secrétaire général de la Conférence des évêques de France. Nous ne sommes plus dans une relation du haut vers le bas, mais face à de véritables serviteurs qui ont le souci de trouver ce qui est le meilleur pour l’Église. » Il reconnaît aussi que le « processus » n’en est qu’à ses débuts : « Nous ne voyons pas encore très clairement comment les conférences épiscopales auront plus de poids. »

«Ce que j’entends par la réforme : le mouvement»


Mais telle est la réforme voulue par François : un processus toujours en cours… quitte à procéder déjà à la « réforme de la réforme ». En février, le pape est ainsi revenu sur un précédent décret qui mettait d’office à la retraite les évêques de la Curie à l’âge de 75 ans, au risque parfois de se priver de compétences précieuses. Un nouveau motu proprio est donc venu redonner plus de souplesse au système. Et, devant le C9, les préfets des nouveaux dicastères sont déjà priés de revenir évaluer les effets de la réforme et voir ce qui peut être amélioré.

« Alors que je me trouvais, un jour, à côté du pape au C9, je l’ai vu noter de sa petite écriture ces mots : “Ce que j’entends par la réforme : le mouvement” », rapporte Mgr Semeraro, pour qui on est là au cœur de la spiritualité ignatienne du pape : une dynamique du mouvement spirituel et du nécessaire discernement. Or il reste beaucoup à faire, tant sur l’architecture de la Curie (les congrégations n’ont pas encore été touchées) que sur l’accompagnement des personnes ou la lutte contre les abus sexuels. Entre volonté de décentralisation du pape, besoin de contrôler l’inaction de certains évêques et une Congrégation pour la doctrine de la foi débordée (1 800 dossiers en attente), cette question des abus sexuels est aujourd’hui le nœud de la réforme.

En 2015, François parlait d’un pontificat « bref » : « Quatre ou cinq années. » On y est. Mais le pape a aujourd’hui en ligne de mire le Synode des jeunes en octobre, les JMJ de Panama en janvier et le Synode sur l’Amazonie, fin 2019… Signe qu’il se projette au moins jusque-là. La réforme au long cours ne sera pas achevée et il pressent qu’il n’en verra sans doute pas l’aboutissement. Aussi se préoccupe-t-il aussi de pérenniser le processus qu’il a lancé. Une nouvelle occasion devrait lui être donnée d’ici à fin juin, date à laquelle il pourra créer jusqu’à six nouveaux cardinaux électeurs, portant à 45 % la part de « ses » cardinaux dans le Collège chargé d’élire un éventuel successeur.
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