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Togo/Forum présidentiel de la Jeunesse: Les craintes d’un dilatoire de plus !
Publié le mercredi 21 mars 2018  |  Fraternité


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Makhtar Diop, Vice-président de la Banque mondiale pour l`Afrique, pose la 1ère pierre pour la construction du bâtiment et des laboratoires spécialisés du CERSA
Lomé, le 06 avril 2017. Université de Lomé, CERSA (Centre régional d`excellence sur les sciences aviaires). Makhtar Diop, Vice-président de la Banque mondiale pour l`Afrique, conclut une visite de travail de 24h au Togo en touchant du doigt le fonctionnement quotidien du CERSA. L`ouverture de ce Centre a été financé par la Banque mondiale dans le cadre du "Projet des centres d`excellence africains qui soutient l`enseignement des sciences et technologies dans les Universités en Afrique occidentale et centrale via 22 sous-projets. Au CERSA, Makhtar Diop a aussi procédé à la pose de la 1ère pierre pour la construction du bâtiment et des laboratoires spécialisés de ce Centre régional, en compagnie du ministre Broohm (de l`Enseignement supérieur du Togo), de Jacob Kokou Tona (Directeur du CERSA) et du Président de l`UL, Pr Kokoroko.


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L’information est tombée en début de la semaine dernière. Dans la première quinzaine du mois d’Avril Lomé abritera un Forum présidentiel de la jeunesse (Fpj). Une initiative du Président de la République pour matérialiser sa volonté de « mettre en place une plateforme d’échange avec les jeunes », tel qu’annoncé dans son discours de début d’année. L’idée louable, soit-elle, soulève toutefois des questionnements.

«J’aurai avec eux (les jeunes) une rencontre pour débattre des projets que je compte mettre en œuvre. Ils englobent, entre autres, la récompense du mérite scolaire, le renforcement de l’autonomie ou encore l’appui à l’entrepreneuriat », a annoncé Faure Gnassingbé le 3 janvier. Car « je demeure persuadé que les solutions les plus pertinentes aux problématiques de l’éducation, de l’emploi et de l’insertion des jeunes sont celles qui sont nourries par leurs propres réflexions et contributions», a expliqué, le chef de l’Etat. De toute évidence, le Président de la République va joindre l’acte à la parole.

Le mode opératoire



En effet, 3000 jeunes sélectionnés dans toutes les contrées du Togo, de toutes les couches sociales et de différentes catégories socio-professionnelles, du secteur informel ou encore des jeunes sans emplois vont échanger avec le Président de la République à l’occasion du Forum présidentiel de la jeunesse qui se tiendra probablement dans la première quinzaine du mois d’avril. Le Fpj se veut en effet un espace d’échanges sur toutes les dimensions de la politique nationale de la jeunesse. Ils s’y mèneront une analyse des préoccupations structurelles des jeunes et des débats sur les solutions à apporter. Il « sera l’occasion de recueillir, d’analyser, de discuter et de trouver des solutions aux préoccupations des jeunes », a précisé la ministre du Développement à la Base, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes, Victoire Tomégah-Dogbé. Ce sera également une opportunité pour les jeunes de s’adresser au gouvernement et les partenaires en développement du Togo.

Déjà les travaux préparatoires ont commencé avec le choix du Prof Dodzi Kokoroko a la tête du comité d’organisation. En outre, le forum sera précédé d’ateliers régionaux du 09 au 22 mars pour recueillir les contributions des acteurs locaux. Le forum sera organisé sur différents thèmes retenus suite aux conclusions des ateliers préparatoires. De ce fait, Victoire Tomégah-Dogbé a « invité la jeunesse togolaise à saisir cette opportunité pour identifier et proposer les meilleures solutions à ses préoccupations ».


Tout ceci montre à priori que les autorités se préoccupent de la jeunesse togolaise. Mais toujours est-il que les précédentes politiques annoncées et les quelques projets mis en œuvre pour sortir la jeunesse togolaise de l’ornière se sont soldés par un échec cuisant. Puisque le problème du Togo ce n’est pas les idées ni les projets qui manquent mais plutôt leur mise en œuvre. Par exemple des projets comme le Fonds d’Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes (FAIEJ), le programme national de volontariat au Togo (PROVONAT) n’ont pas donné les résultats escomptés malgré des investissements colossaux.

Une jeunesse précarisée et bernée

Malgré les efforts louables de l’exécutif, la situation des jeunes au Togo demeure extrêmement préoccupante. Outre un chômage de masse qui touche environ les 2/3 de la jeunesse active de ce pays, la précarité professionnelle est aujourd’hui le vécu quotidien de la plupart des moins de vingt-cinq ans. À cette précarité s’ajoute, comme un effet secondaire incontournable, une modestie de revenus qui entraîne un retard conséquent dans la prise d’autonomie. Ainsi n’est-il plus rare de voir aujourd’hui des jeunes de vingt-huit, trente ans (voire plus) «immobilisés » chez leurs parents, faute de ressources suffisantes pour vivre seuls. Conséquence, beaucoup de jeunes perdent patience ou confiance.

Partout au Togo, se lèvent, plus déterminés que jamais, des indignés, des révoltés, et ces derniers, à côté de leurs aînés, naguère mieux lotis qu’eux, grondent contre cette misère accumulée, ces politiques impuissantes. Partout aussi, des «exilés volontaires», des jeunes quittant le pays, espérant meilleure fortune au péril de leur vie. « Les jeunes sont les partenaires de la société d’aujourd’hui. Ce sont eux les acteurs essentiels du changement. C’est pourquoi nous devons tous ensemble améliorer les capacités, à travers l’éducation formelle et non formelle et différents réseautages, pour qu’ils soient à même de prendre des actions réelles et positives afin de mettre fin à la pauvreté et à l’injustice », a expliqué un imminent sociologue. Mais au Togo, les choses semblent aller dans le sens contraire.

Aujourd’hui, les différentes crises qui secouent le pays plus particulièrement celle du secteur éducatif depuis des années à laquelle le gouvernement n’arrive pas à trouver une solution pérenne symbolise à elle seule l’abandon de la jeunesse. L’on est amené à croire que tout est fait pour maintenir la jeunesse dans la précarité avec l’arrière-pensée de pouvoir la manipuler. La jeunesse, au Togo, est devenue un instrument indispensable des hommes politiques. Ils les utilisent pour essayer d’atteindre leurs objectifs. Ceux-ci usent de leurs mauvaises conditions de vie, pour ne dire la précarité pour les faire rêver de mille merveilles.

La formation des jeunes, un problème qui ne devrait pas l’être

Face à la demande croissante, les places disponibles dans les universités publiques sont vite saturées. Et nous assistons à un sureffectif, ce qui compromet la qualité des formations dispensées. Pour les parents les plus aisés, la meilleure solution est d’inscrire leurs enfants dans les universités privées qui coûtent cher. Une partie de la crise du chômage des jeunes vient de l’inégalité entre la qualité de l’enseignement public et celle du privé. Le gouvernement doit envisager d’investir plus dans le secteur de l’éducation et de la formation en construisant plus d’infrastructures et en recrutant plus d’enseignants qualifiés pour garantir à la jeunesse une formation de qualité.

L’année dernière un rapport du centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a exposé les traits de la jeunesse togolaise. «La jeunesse togolaise reste confrontée à de nombreux défis. La mortalité des jeunes, notamment celle des hommes, est relativement élevée au Togo. Le nombre des grossesses précoces reste important, et la consommation de substances nocives préoccupante chez les jeunes. En raison des difficultés d’accès, de rétention et de progression dans le système éducatif, la plupart des jeunes atteignent un faible niveau d’études.

En outre, les compétences très faibles des élèves du primaire, principalement en milieu rural et dans les écoles publiques, témoignent du déficit de qualité du système éducatif. De nombreux jeunes ne sont ni dans l’emploi, ni scolarisés ou en formation, et ceux qui travaillent sont en grande majorité concentrés dans des emplois de faible qualité… les jeunes togolais ne jouissent pas en effet d’un capital social élevé et leur participation civique ou politique est assez marginale », souligne le rapport sur l’Examen du bien-être et des politiques de la jeunesse au Togo produit par le Centre de développement de l’OCDE avec l’appui datant de 2017.

Aujourd’hui, l’heure n’est plus aux rencontres et autres forums de discussions. Il faut aller à l’essentiel pour sortir la jeunesse togolaise de la précarité. A moins qu’on veut la maintenir dans cette situation chaotique. Dans ce cas, c’est une bombe à retardement qui

pourrait exploser aux yeux des gouvernants au moment où ils s’y attendront le moins.

K.M.

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