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Monde arabe : les germes d’un nouveau Printemps
Publié le mardi 3 avril 2018  |  Jeune Afrique


© aLome.com par Edem Gadegbeku et Parfait
Ouverture officielle de la 13ème FIL (Foire internationale de Lomé) par la ministre Legzim-Balouki
Lomé, le 21 novembre 2016. Site du CETEF (Centre togolais des expositions et foires). Ouverture officielle de la 13ème FIL (Foire internationale de Lomé) par la ministre Legzim-Balouki, en présence du Président du parlement togolais, Dama Dramani, et du PM Klassou. La République de l’Égypte est à l’honneur pour cette édition 2016, avec pour thématique centrale "l’agro-alimentaire". La 13ème FIL est couplée au SICOBE (Salon international des cosmétiques et de la beauté). Mohamed Karim Sherif, ambassadeur d`Egypte au Togo.


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Réduction drastique des subsides de l’État, inflation, chômage, répression, démographie galopante… Tous les facteurs de l’explosion de 2011 sont encore là. Et vont s’aggravant.


«Des amis ont été abattus à côté de moi, devant moi et derrière moi », raconte Mohamed Soghayer en se rappelant les jours tumultueux de 2011. Les forces de sécurité tunisiennes tentaient alors, à balles réelles, d’écraser les manifestations de masse qui ont fini par avoir raison du régime brutal de Zine el-Abidine Ben Ali. Décidant des peuples longtemps opprimés à se dresser contre leurs régimes autocratiques et corrompus, les événements de Tunisie ont été le catalyseur du Printemps arabe.

Pourtant, sept ans plus tard, Soghayer, un diplômé qui se bat pour joindre les deux bouts avec les 6-8 dollars gagnés quotidiennement dans un café, est retourné avec des milliers d’autres dans la rue. À l’origine des manifestations antigouvernementales de janvier dernier : la réduction des subventions au carburant et la hausse des taxes sur les voitures, l’internet et les communications téléphoniques.


Contre-révolution

Pour beaucoup, ces mesures d’austérité ne sont que la dernière illustration des brimades subies par les classes populaires de la part de l’élite au pouvoir. […] La colère de Soghayer exprime une réalité commune à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient, affligés par le taux de chômage des jeunes le plus élevé du monde, mais aussi par une croissance démographique trop rapide.

L’Algérie et la Jordanie ont connu des mouvements sociaux de moindre ampleur mais également motivés par la hausse des prix des produits alimentaires et par des coupes dans les dépenses publiques.


Ces accès de fièvre sont l’expression d’une désillusion générale chez ceux qui attendaient de leurs dirigeants qu’ils répondent à leur demande d’un système plus équitable qui génère emplois, libertés individuelles et prospérité. Cette même colère larvée a catalysé les soulèvements de 2011 dans la région, provoquant des conflits en Syrie, en Libye et au Yémen, et faisant le lit des groupes extrémistes, comme Daesh.

Ce dernier bat désormais en retraite après la perte de ses bastions en Irak et en Syrie. Mais les experts mettent en garde : l’incapacité des gouvernements à rénover des systèmes défaillants – qui, pour préserver la stabilité, ont pendant des décennies combiné répression et largesses d’État – représente une menace encore plus grande pour la stabilité à long terme de la région.


Statu-quo intenable


«Sans l’émergence d’un nouveau discours économique et politique, un avatar de Daesh resurgira», affirme Marwan Muasher, ex-ministre jordanien des Affaires étrangères et vice-président de la Carnegie Endowment for International Peace.

«Ces [fractures sociales] sont le problème central. Malheureusement, peu de dirigeants en ont cure. S’ils continuaient à les ignorer, nous pourrions assister à un nouveau Printemps arabe, plus radical et violent que le premier. Personne ne peut dire quand il aura lieu, comme personne n’avait su prédire l’éclosion du premier. Mais le statu quo n’est plus tenable».


Rares sont les pays arabes qui ont été épargnés par les soulèvements de 2011. Certains, comme le Maroc, ont promulgué quelques réformes. Mais la plupart en sont revenus aux recettes testées et éprouvées pour museler les populations insoumises : allocations et répression. Mais, au Moyen-Orient, le contrat social traditionnel – subsides de l’État financés par les pétrodollars contre limitation des libertés politiques – s’érode.


Après une période prolongée de baisse des cours du pétrole, d’instabilité et de stagnation économique, les gouvernements font face à des déficits budgétaires et à une dépendance croissante à la dette extérieure. Ils sont tenus de couper dans les aides publiques, qui ont joué un rôle de filet de protection sociale mais qui engloutissent le tiers des dépenses gouvernementales.


Les experts soulignent que ces réformes étaient très attendues, mais qu’elles sont mises en œuvre dans un contexte volatil caractérisé par l’intensification du sentiment d’injustice au sein d’une population jeune, urbanisée et mieux informée. De nombreux Arabes ont le sentiment que leur vie a empiré depuis 2011. « C’était mieux avant la révolution, la vie était moins chère, aujourd’hui tout est hors de prix. Et je suis sans travail depuis deux ans », explique Mourad Zaabouti.


L’exemple tunisien ?


Ce Tunisien de 34 ans habite avec sa mère et survit grâce à la pension de feu son père. « J’avais foi en la révolution, mais rien n’a changé. » La Tunisie est pourtant le seul pays arabe qui peut prétendre avoir engagé une transition démocratique après les soulèvements de 2011, quand d’autres n’ont connu que des escalades dans la répression. Mais la réussite économique n’a pas accompagné les progrès politiques de la Tunisie, laquelle reste handicapée par un chômage qui touche 25 % des jeunes et par des disparités criantes entre les zones côtières, relativement prospères, et l’intérieur.

En 2016, Tunis a signé un accord avec le FMI pour un prêt de 2,8 milliards de dollars afin de soulager son budget, sous pression. Mais ce prêt était conditionné à la mise en œuvre de réformes douloureuses, dont les mesures d’austérité qui ont causé les manifestations de janvier.


L’Égypte a emprunté une voie similaire, contractant un prêt de 12 milliards de dollars auprès du FMI moyennant une réduction drastique des subventions aux carburants et la dévaluation de la livre. Ces mesures ont été approuvées par les investisseurs et par les entreprises, mais elles ont fait flamber le prix des produits alimentaires, l’inflation atteignant 30 %.

Quand le gouvernement a voulu réviser son système de subventions du pain, les manifestations l’ont forcé à faire machine arrière. Et si des troubles à grande échelle ont été évités, c’est parce que le régime refermait dans le même temps sa poigne autocratique.

Depuis que le président Abdel Fattah al-Sissi a pris le pouvoir par un coup d’État, en 2013, des milliers de personnes ont été arrêtées et 450 sites internet fermés dans une dynamique que Human Rights Watch décrit comme « la répression sauvage de toute forme de dissidence ».
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