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Zone de libre échange continental pour 44 pays africains: Opter pour le rêve face à la réalité des échanges sous haute protection
Publié le jeudi 5 avril 2018  |  Afrocentricity


© Autre presse par PRESIDENCE DU SENEGAL
Cérémonie d`ouverture du 30e Sommet ordinaire de l`Union Africaine
Addis-Abeba, le dimanche 28 janvier 2018. Cérémonie d`ouverture du 30e Sommet ordinaire de l`Union Africaine.


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Depuis que le Maroc a rejoint l’Union africaine (UA) en janvier 2017 après 32 ans de bouderies avec l’ex-Organisation de l’unité africaine (OUA), l’organisation panafricaine dite « Union africaine (UA) enregistre officiellement 55 Etats-membres, même si le Sahara occidental n’est pas reconnu par le Maroc comme un Etat indépendant. Mais le commerce intrarégional entre pays africains n’a qu’augmenté que de manière marginale.



1. ZLEC : PSEUDO-VOLONTE D’INTEGRATION REGIONALE



Le Président du Rwanda, Paul Kagamé est le Président en exercice de l’Union africaine jusqu’en fin janvier 2019. A ce titre, pour rentrer dans l’histoire, il était important d’inscrire son nom à une avancée majeure à savoir : retrouver cette Afrique sans les frontières imposées par les pays occidentaux après des années d’utilisation gratuite de la force de travail, puis de l’exploitation du capital humain africain sous des formes aussi diverses que l’esclavage, l’exploitation, le salariat à coût d’opportunité nulle de la main d’œuvre, la colonie et la postcolonie.

Entre 2010-2016, la croissance du commerce de marchandises de l’Afrique ne s’équilibre pas. Avec une croissance de 0,4 % pour les exportations et 4,2% pour les importations, ce continent restait marqué par un commerce extraverti 1. En 2016, on assiste à une amélioration avec une croissance de 1,2 % des exportations contre une croissance négative de -4% pour les importations. Est-ce une prise de conscience qu’il faille importer plus entre les pays africains ? Rien n’est moins sûr !

Au niveau de la croissance du commerce des services, l’Afrique entre 2010-2016 affichait 0% de croissance de ses exportations contre -1 % pour les importations. Là encore en 2016, l’Afrique voit sa situation se dégrader, passant d’une croissance négative de ses exportations avec -6% contre une croissance négative de ses exportations de -10%.

Sur le long terme, l’Afrique commerçait plus en tant que colonie que lorsqu’elle est passée sous les décennies de l’indépendance. C’est ainsi qu’en 1948, C’est ainsi que la part des exportations mondiales de l’Afrique s’est amenuisée progressivement passant de 7,3 % en 1948 à 5,7 % en 1963 pour tomber à 3,2 % en 2016 2.

L’Afrique est donc bien malade de ses échanges, tant au plan quantitatif que qualitatif. Les successions d’exploitation de ce continent et d’obstructions externes et internes y compris la corruption et le non-respect des accords de libre-échanges bilatéraux et sous-régionaux expliquent grandement la situation. Mais la véritable raison est double :

une hypocrisie profonde des dirigeants africains quant à mettre en œuvre les décisions prises au niveau continental notamment vis-à-vis de la transformation locale des matières premières avec comme conséquences premières la création d’emplois décents localement ; et
un véritable sport panafricain consistant à signer des accords de libre-échange sans le cadre d’une pseudo-volonté d’intégration régionale alors que dans la pratique, les barrières tarifaires et non tarifaires sont légions quant il ne s’agit pas tout simplement de la corruption aux frontières maquillée sous l’ignorance d’un douanier, qui n’oublie pourtant pas, encore trop souvent, d’en profiter pour «arrondir» sa pitance, souvent misérable.



2. EFFECTIVITÉ DE LA ZONE CONTINENTALE DE LIBRE-ECHANGE (ZLEC) EN 2063 ?



Aussi, au lieu d’organiser un sommet extraordinaire sur l’indiscipline quasi-institutionnalisée de nombreux responsables africains sur l’amélioration des facilitations des échanges de biens, de personnes et du capital, l’Union africaine en est-elle réduite à opter pour une sorte de fuite en avant. Mais on ne décrète pas le libre-échange surtout au niveau continental. L’urgence du développement accéléré, avec en filigrane la volonté d’imposer un dogme néo-libéral occidental pour plaire et faire oublier les absences en matière de liberté et de démocratie de l’alternance, ne changera rien sur le fond.


La pratique africaine reprendra rapidement ses droits. D’ailleurs, c’est parce que certains pays se sont retrouvés devant le fait accompli et qu’ils n’ont pas participé activement aux préparatifs qu’ils ont boycotté ce sommet de Kigali au Rwanda. Il y a quand même 11 pays dont le Nigeria et l’Afrique du Sud qui n’ont pas jugés nécessaire de s’associer aux 44 pays africains qui ont signés l’accord de libre-échange le 21 mars 2018 à Kigali. Il s’agit en théorie d’une Zone continentale de libre-échange (ZLEC) la plus importante dans le monde. Mais on se croirait sur une autre planète quand le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat annonce dans son discours que cet accord « fera de l’Afrique l’une des plus grandes économies du monde ». Il a simplement oublié de préciser l’année. Est-ce en 2063 ou 2163 ? Car aujourd’hui, sans une monnaie commune, sans une fond monétaire africain, sans une banque centrale africaine et surtout sans aucun progrès réel vers des convergences monétaires et fiscales, et sans de complémentarité dans les échanges commerciaux intra-africains, Afrocentricity Think Tank ne voit pas comment certains chefs d’Etat africains peuvent continuer de croire que les 44 Etats africains ont signé un accord de libre-échange pourront interagir sur un « même » pied d’égalité avec les autres blocs économiques internationaux.

Avec les frontières coloniales en Afrique qui ont générées les micro-Etats nations, il n’est pas étonnant que la ZLEC continue de promouvoir le vrai problème de la décision du « haut vers le bas » au lieu de s’appuyer sur les peuples pour avancer. Même si les négociations ont duré deux ans, tous les 44 Etats membres devront faire ratifier cet accord par les parlements nationaux. Il est vrai qu’en juillet 2018 en Mauritanie, les 11 pays non signataires seront courtisés pour signer. Mais, les Etats n’ont pas d’amis. Certains d’entre notamment les plus importants comme le Nigeria et l’Afrique du sud n’ont pas envie de se faire « envahir » par des produits à des prix compétitifs et parfois à la qualité douteuse qui pourraient mettre en péril leur base industrielle. Par ailleurs, une part importante des revenus de nombreux gouvernements africains au sud du Sahara repose sur une moyenne de 12 % de taxes sur le commerce international alors que la moyenne mondiale de cette même taxe est de 2 % et pratiquement de 0 % pour les pays industrialisés 3.

Le commerce intrarégional des pays africains ne dépasse pas les 16 % de l’ensemble de leurs échanges en Afrique. Paradoxalement ce sont les 44 pays signataires de la ZLEC qui taxent le plus, et parfois très lourdement et de manière arbitraire, les exportations intra-africaines alors que les taxes sur les exportations hors du continent sont largement exemptées pour « soi-disant » attirer les investisseurs étrangers, qui bénéficient en plus de clauses secrètes sans nécessairement créer des emplois, ou transférer la technologie et le savoir-faire.



3. RESISTANCE EN OPTANT D’ABORD POUR LA TRANSFORMATION LOCALE DES RICHESSES AFRICAINES



Enfin, le patronat africain qui cherche à s’industrialiser ne peut accepter sans calcul de mettre en œuvre réellement la ZLEC. Il suffit d’ailleurs de faire une analyse rapide des déficits des balances commerciales et des balances de paiement entre les pays africains et entre les régions africaines pour s’apercevoir que les dirigeants africains ont, encore une fois choisi de mettre la charrue avant le zébu. Bref, il faut retrouver la vérité des comptes et de donc de la transparence. En ouvrant trop tôt l’espace africain, les 44 pays n’auront plus que leurs yeux pour pleurer quand d’autres pays non africains viendront s’installer dans l’un de ces pays africains (comme par exemple le Kenya, le Maroc, l’Egypte, l’Ethiopie et l’Algérie) et inonderont leur marché de biens, de main d’œuvre et de crédit et non de capital. Entre absence d’industrialisation et avec un endettement structurel accru, le réveil des 44 dirigeants africains ne sera que plus dur !!!

En réalité, il s’agit d’un problème culturel doublé d’un refus de travailler avec la Diaspora africaine indépendante, celle qui refuse de verser dans le clientélisme politique qui anesthésie le bon sens. L’effectivité de cette zone de libre-échange continental n’est pas pour demain, ni même pour après demain 4. Le processus d’intégration africaine se fera si les peuples africains gagnent en pouvoir d’achat, ce sur la base d’une augmentation des opportunités d’emplois, de l’investissement et de la transformation locale des matières premières avec une consommation de ces produits par les Africains eux-mêmes. YEA.




22 mars 2018.



Dr Yves Ekoué AMAÏZO

Directeur Afrocentricity Think Tank

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