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Togo: la crise politique s’enlise, l’économie souffre et les boutiques ferment

Publié le jeudi 7 juin 2018  |  AFP
Commerce
© aLome.com par Edem Gadegbeku et Parfait
Commerce de téléphones portables dans la capitale togolaise
Lomé, le 19 décembre 2016. Centre-ville. Carrefour commercial de Deckon. Vendeurs de téléphones portables de tout acabit.
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Assis au milieu de sa boutique à Déckon, Seibou Issa fait le point avec ses deux employés. La journée n'a pas été bonne, comme tous les jours ou presque depuis que le Togo a plongé dans une grave crise
politique en septembre dernier.

"Les activités sont pratiquement mortes", se lamente ce commerçant qui détient l'une des grandes boutiques d'électroménagers à Déckon, centre ville et poumon économique de Lomé, la capitale du petit pays d'Afrique de l'Ouest.

"Mes ventes ont baissé de plus de moitié, car la plupart de mes clients viennent des pays voisins. Ces derniers temps, ils ont peur de venir", lâche M. Issa, assis au milieu de réfrigérateurs et de cuisinières tout neufs. Non loin de là, Paul Azédjan, vendeur de téléphones, renchérit: "C'est vraiment dur. Les clients sont rares et certains fournisseurs se tournent vers le Bénin et le Ghana, parce que nous ne finissons pas le stock".

Déckon compte des dizaines de boutiques, des banques et les sièges de grandes sociétés, si bien que le pouvoir a tenté, parfois en vain, de changer les parcours des dizaines de marches anti-gouvernementales pour éviter qu'elles ne perturbent l'activité économique.


En effet, depuis septembre, des dizaines de milliers de personnes descendent régulièrement dans les rues à l'appel d'une coalition de 14 partis de l'opposition, pour demander la démission du président Faure Gnassingbé, réélu en 2010 puis 2015 dans des scrutins contestés l'opposition, après avoir
succédé à son père au pouvoir pendant 38 ans. Le pouvoir mise sur la fatigue des manifestants à deux ans de la prochaine élection présidentielle: une stratégie qui fonctionne pour essouffler la
contestation populaire, mais qui pénalise l'activité économique sur le long terme.

Selon une enquête publiée en avril par la Chambre de commerce et d'industrie du Togo, 72% des chefs d'entreprises ont affirmé avoir enregistré une baisse de 25% à 50% de leurs chiffres d'affaires au second semestre de 2017.

Une mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné en avril au Togo, a également noté un "ralentissement de l'activité économique au deuxième semestre de 2017, à la suite des troubles sociopolitiques". Le taux de croissance de l'économie est estimé à 4,4% en 2017 contre 5,1%
en 2016. Il devrait être légèrement inférieur à 5% en 2018, souligne l'institution financière.

- Coupe budgétaire -

Le gouvernement a d'ailleurs adopté le 25 mai, un projet de loi réduisant de 1% le budget de l'Etat 2018, en raison de la baisse du "niveau de recettes fiscales recouvrées au cours du premier trimestre".

Les autorités ont aussi justifié cette coupe budgétaire par "l'évolution de la conjoncture socio-économique et financière du pays (...), émaillée de violences qui a affecté négativement l'activité économique".

L'opposition a décidé de rappeler ses partisans cette semaine dans les rues, alors que les négociations engagées avec le pouvoir, sous l'égide du président ghanéen sont au point mort. Le chef de file du mouvement, Jean-Pierre Fabre, a demandé à ses partisans d'être "persévérants, courageux
et endurants" et de ne pas se décourager mais dans les marchés, on se désole
de voir les boutiques fermer.

"Les politiques doivent mesurer l'ampleur de la situation et vite trouver une solution à cette crise", confie Dédé Maglo, la responsable d'une entreprise de distribution d'ordinateurs, qui affirme avoir perdu 40% de son chiffre d'affaires cette année.

"Pour tenir le coup, j'ai mis en chômage technique trois de mes employés et j'ai remercié tous les stagiaires", ajoute-t-elle, alors que le sous-emploi touche déjà un tiers de la population togolaise.

Afiwa Djissou, revendeuse de produits cosmétiques au grand marché de Lomé, a même dû fermer l'une de ses deux boutiques: "J'ai ramené tout le stock dans une seule boutique, pour réduire les charges", raconte la jeune femme. "Je suis vraiment inquiète, car l'ambiance n'est pas bonne".



ek/spb/thm/cn
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