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Une ardente obligation : créer la verticale Afrique-Méditerranée-Europe (AME)

Publié le mardi 19 juin 2018  |  Jeune Afrique
Faure
© aLome.com par Edem Gadegbeku et Jacques Tchakou
Faure GNASSINGBE réceptionne les travaux d’aménagement du 4ème lac de Lomé, en présence de Neven MIMICA, Commissaire européen à la Coopération internationale et au Développement
Lomé, le 31 mai 2018. Quartier Bè-Akodesséwa. Le Président de la République togolaise Faure GNASSINGBE réceptionne les travaux d’aménagement du 4ème lac et d’assainissement des quartiers environnants, en présence de Neven MIMICA, Commissaire européen à la Coopération internationale et au Développement. Lancé le 26 avril 2016, les travaux d’aménagement du 4ème lac ont coûté environ 35 milliards de francs CFA dont 28,2 milliards octroyés par l’Union Européenne, à travers le 10ème FED. Ce lac qui couvre plus 26 ha vient annihiler à long terme les problèmes d’inondations qui pèsent sur la partie est de la ville depuis les années 1970. Faisant partie du projet d’Aménagement Urbain du Togo, Phase 2 (PAUT II), la construction de ce lac a été déléguée à l’Agence Française de Développement (AFD).
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Par Jean-Louis Guigou
Jean-Louis Guigou est président-fondateur de l'lpemed (Institut de prospective économique du monde méditérranéen)





Cette tribune est co-signée par Jean-Louis Guigou et Pierre Beckouche, professeur à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi que par 53 personnalités.

Dans un monde chaotique où il est difficile d’avoir confiance dans le long terme, nombreux sont les chefs d’État qui pilotent à vue. La Chine, pourtant, achèvera en 2049 les routes de la soie qui relieront l’Europe et l’Afrique aux intérêts asiatiques. En Afrique, certains États se donnent une perspective de long terme : le Maroc a réintégré l’Union africaine l’année dernière et développe des projets d’envergure tels que la rocade atlantique d’Agadir à Dakar et le gazoduc venant du Nigeria ; l’Algérie, avec le projet de dorsale trans-saharienne qui relierait Alger-Cherchell à Lagos au Nigeria soit 6 000 km d’autoroute et des transversales vers la Tunisie, le Niger, le Mali… L’Égypte, avec la modernisation du Canal de Suez, le hub gazier en devenir dans la Méditerranée orientale et la grande zone de libre- échange, la tripartite « du Cap au Caire »… le Ghana, avec son président qui affiche sa volonté de rupture avec le passé et trace le chemin d’une Afrique ambitieuse, autonome, liée à l’Europe, dans un rapport équilibré.

Le président Macron a donné une vision de l’ancrage de la France à l’Europe, à l’Afrique et au monde, le 29 août 2017, devant les ambassadeurs de France : « la stratégie que je veux mettre en œuvre consiste à créer un axe intégré entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe… Nous devons arrimer ensemble, enfin, les continents européen et africain, à travers la Méditerranée, le Maghreb restera pour cela une priorité centrale pour la France… C’est en Afrique que se joue largement l’avenir du monde ». Il a réaffirmé ce besoin d’arrimage des deux continents à Ouagadougou et à Abidjan, le 27 novembre 2017.




Nous adhérons avec une profonde conviction à cette vision d’un Axe AME commun car elle est à la fois ambitieuse et réaliste :

L’Europe est déjà le premier investisseur en Afrique et son premier client. Plus des trois-quarts du commerce international des pays de l’UE se réalise en Europe, avec la Russie, avec les pays sud-méditerranéens et l’Afrique – même si les positions commerciales de l’Europe en Afrique se dégradent face à l’offensive chinoise.
L’internationalisation des échanges conduit à une globalisation, mais aussi à une régionalisation de certaines activités qui bénéficient de l’avantage de la proximité géographique et de la complémentarité économique. C’est ainsi que l’Alena a rapproché les économies des États-Unis et du Mexique, et que l’ensemble des Amériques du Nord et du Sud font, désormais, 56% de leurs échanges commerciaux. C’est ainsi que l’intégration des pays de l’Asie orientale est passée en trente ans de 30% à presque 60% de leurs échanges commerciaux. Faute d’une intégration régionale Nord-Sud, l’Europe sera étouffée par le G2 sino-américain, et l’Afrique subira la domination de ce dernier.
Avec 500 millions d’habitants vieillissants, l’Europe doit faire le choix du développement accéléré de l’Afrique qui comptera 2,5 milliards d’habitants en 2050. Les marchés sont et seront de plus en plus au Sud. Il ne s’agit pas que de business : nouer un partenariat économique et industriel avec l’Afrique, grâce à la contribution active des diasporas, dans le but de transformer localement ses immenses ressources naturelles et humaines, est le meilleur moyen de contribuer à son développement.


Enfin, cette vision est réaliste au regard des défis communs tels que le terrorisme, l’immigration non contrôlée, le réchauffement climatique et la défense des valeurs morales communes qui imposent la mutualisation des objectifs et des moyens.


La stratégie à mettre en place doit puiser dans un certain nombre de mécanismes et d’institutions qui ont fait leurs preuves en Asie orientale et dans les Amériques (cf cartes ci-dessous).
On y trouve d’abord une fondation qui rassemble experts, intellectuels, représentants des sociétés civiles et chefs d’entreprise travaillant à l’accélération des interconnexions, des réseaux techniques (eau, transport, électricité), financiers et culturels (reconnaissance des diplômes universitaires, échanges d’étudiants…).

À ce jour, il n’existe entre l’Europe et l’Afrique aucun organisme comparable à la CEPALC (700 chercheurs, 40 millions de dollars par an) pour les Amériques ou à l’ERIA (15 laboratoires et 30 millions de dollars par an) pour l’Asie orientale.

... suite de l'article sur Jeune Afrique

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