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Togo : Entre le prix artificiel de la FAO et les réalités du terrain que choisit Faure Gnassingbé ?
Publié le jeudi 20 juin 2013  |  togosite.com


© Autre presse par DR
Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République du Togo


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A Rome lundi, au siège de la FAO, le Président de la République du Togo, Faure Essozimna Gnassingbé a reçu des mains du directeur général de cette institution onusienne, un prix spécial pour ses « efforts exceptionnels dans la lutte contre la faim au Togo ».

Certes, cette cérémonie n’a pas reçu d’écho particulier dans les médias internationaux, mais le prix en question a été présenté au Togo par les médias officiels comme un véritable trophée de guerre, tant le Togo n’avait plus reçu de bonnes nouvelles depuis des mois durant.

C’est de bonne guerre. Et ce prix qui honore à plus d’un titre le Chef de l’Etat, devrait aussi être une source de joie pour l’ensemble du peuple togolais car, que l’on le veuille ou non, Faure Gnassingbé, pour l’instant, incarne encore la vie de toute la nation togolaise et toute bonne nouvelle pour lui l’est aussi pour tous les togolais et tous les amis du Togo.

Mais au-delà du folklore et de la quête des honneurs artificiels, revenons un peu sur terre pour faire face à la réalité.

Pour tout dire, ce qui a fondé la FAO à décerner un tel prix à Faure Ganssingbé réside dans un certain nombre d’actions engagés depuis 2009 par le Togo pour booster la production agricole.

D’abord le forum national du pays initié depuis 2009, puis un certain nombre de programmes tel que le PNIASA qui a permis des investissements considérables dans le secteur agricole.

Déjà en 2009, il a été présenté aux togolais que le pays avait enregistré un excédent céréalier de plus de 90 mille tonnes, le chiffre a grimpé à près de 110 mille tonnes l’année suivante avant d’emprunter une courbe descendante à partir des campagnes suivantes.

Une partie de ces excédents, certes infime avait été achetée par l’ANSAT et vendue à la FAO au profit des pays du Sahel tel que le Niger.

Voilà donc un pays dont la production était déficitaire il y a quelques années qui a subitement réussi des excédents et qui en revend aux autres pays nécessiteux surtout dans un environnement délétère où la pluviométrie ne donne pas suffisamment de gages de garanties.

C’est effectivement des efforts qui méritaient à un moment donné d’être salués et encouragés.

Seulement voilà, en observant de près la courbe de la production agricole dans notre pays, l’on se rend compte qu’elle a évolué non seulement en dent de scie mais elle a surtout emprunté une tendance baissière.

Soyons réaliste, la fougue et l’espoir inouïs suscités en 2008 chez les paysans par l’initiative des forums agricoles annuels ont cédé leur place à une déception, à un désenchantement sinon même à un désarroi.

Entre la vision et l’ambition de départ et les réalités actuelles du terrain, un fossé béant s’est creusé par la faute des hommes, des acteurs du terrain, mais aussi par une sorte d’abdication du chef de l’Etat.

Les paysans ont toutes les raisons de penser que Faure Gnassingbé ne tient plus à son ambition de départ et pour cause.

Le principe des forums agricoles était d’instaurer une sorte de dialogue directe entre le Président de la République et le monde paysan.

A l’occasion, les producteurs agricoles avaient toute la latitude d’exposer directement au Président de la République, leurs préoccupations de terrain qui devraient par la suite être prises en compte dans des recommandations et des résolutions à la fin de chaque forum.

La première campagne a été d’un succès frappant et des prix avaient d’ailleurs été décernés aux meilleurs producteurs par le Chef de l’Etat en personne. Mais c’était sans compter avec l’inconstance et l’incohérence de nos dirigeants.

Les massifs stocks de productions agricoles ont vite fait de pourrir dans les magasins du fait de l’incapacité de l’ANSAT à absorber ces milliers des sacs de céréales produits par les paysans.

Même les efforts qui ont permis de mettre en place des fédérations qui devraient constituer des faîtières de plaidoyer pour l’achat et la vente des productions agricoles n’ont pas permis de résoudre cet épineux problème des paysans.

Les stocks des paysans ont toujours souffert de la mévente et au finish les producteurs ont fini par se considérer comme des laissés pour compte.

L’on se demande qui conçoit tous ces projets flamboyants pour le Togo. C’est incroyable. Comment était-il possible pour un ingénieur digne de ce nom de concevoir un plan d’accroissement de la production agricole dans notre pays sans pour autant prévoir un plan d’écoulement de ces produits ?

C’est une question de bon sens. Partout dans le monde où les plans de révolution agricole ont été initiés, ils ont toujours été suivis d’un plan de mise en place d’une bourse agricole.

La bourse agricole, est-il nécessaire de la préciser, a non seulement l’avantage d’ouvrir le marché agricole au monde extérieur mais surtout aussi de permettre un écoulement rationnel des produits agricoles à travers l’ensemble du pays.

Au Togo, non seulement cette stratégie n’a pas été mise en place, mais aussi les autorités, notamment l’ancien ministre de l’agriculture Kossi Messan Ewovor a tout fait pour étouffer un projet privé de création d’une bourse agricole initié par le docteur Charles Birregah, et ce, au vu et au su de la présidence de la République qui n’a daigné réagir.

Pire, au plan interne, il n’existe même pas de mécanisme qui permette une redistribution adéquate et équitable de ces productions à l’ensemble de la population.

Il en résulte que pendant que des stocks de maïs et de sorgho pourrissent dans des magasins, des milliers de togolais, au même moment, ont du mal à s’assurer trois repas par jour.

Les capacités de l’ANSAT sont réduites d’année en année, et cette année elle s’est presqu’éteinte. Les intérêts générés par la vente des milliers de tonnes de céréales à la FAO ont été « empruntés » par le trésor public pour d’autres fins réduisant ainsi la marge de manœuvre de cette structure.

La subvention qui lui était accordée tous les ans pour absorber une partie de la production agricole a été presque supprimée.

Conséquence, les producteurs sont disjonctés et ne sont plus prêts à s’engager dans la production de céréales, ils préfèrent de loin des produits de rente que la nouvelle société cotonnière et le conseil des exportateurs du café-cacao leur rachètent plus ou moins facilement.

C’est sans doute à cause de ces multiples problèmes que le Chef de l’Etat a dribblé les paysans cette année encore en s’absentant, une fois de plus, au forum qui a eu lieu à Sokodé début avril.

Deuxième problème majeur qui plombe le secteur agricole dans notre pays reste la mise en oeuvre du PNIASA, ce programme ambitieux qui, au départ avait emballé l’ensemble des bailleurs.

Plus de 600 milliards avaient été promis par ces bailleurs pour révolutionner systématiquement le secteur agricole dans notre pays. En moins d’un an d’activités, des disfonctionnements monstres ont été relevés.
Problèmes dans le décaissement interne des fonds, retard et lenteur dans l’exécution des projets, problème de gouvernance etc. Tout cela a du coup refroidi la plupart des bailleurs qui sont désormais réticents à injecter effectivement des fonds considérables dans ce programme.

Que célébrons-nous alors avec autant de faste et de gloire ?

Plutôt que de se complaire dans des prix artificiels et flatteurs, les togolais et leur Président ont tout intérêt à faire face aux réalités du terrain et à prendre le terreau par les cornes pour résoudre leurs problèmes.

L’on peut nous pardonner si nous trompons bien la Communauté Internationale sur nos capacités, mais si nous finissons nous-mêmes par nous tromper sur nos capacités réelles, c’est que, nous sommes loin d’être encore récupérables.

Le Togo n’est pas loin de tomber à nouveau dans la disette si tous ces problèmes sus énumérés ne sont pas résolus de façon efficiente et courageuse.

Autant ce prix flatteur nous enchante, autant les togolais préfèrent de loin voir leur Président agir davantage pour résoudre leurs problèmes plutot qu’il ne leur présente que des trophées qui sont en déphasage complet avec les préoccupations réelles du peuple.

Pour tout dire, de toute évidence, la gloire du Chef de l’Etat réside beaucoup plus dans le bien-être des togolais que dans des prix artificiels qui lui sont décernés hors des réalités du pays.

Tous les togolais rèvent de pouvoir décerner un jour, un prix spécial à leur cher Président pour ce qu’il aura fait de bien pour eux, un vrai trophée de mérite qui sera bien plus valable que toute autre récompense extérieure.

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