Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Diplomatie
Article
Diplomatie

Togo/Négociations ACP-UE : Interview du Ministre Robert Dussey

Publié le lundi 15 octobre 2018  |  icilome
Les
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Les grands chantiers de Faure GNASSIGBE à la tête de la CEDEAO, dévoilés
Lomé, le 07 juillet 2017. Locaux du ministère des Affaires étrangères. Conférence de presse co-animée par Robert Dussey et Marcel de Souza, Président de la Commission de la CEDEAO. Au cours d’une rencontre avec des diplomates et la presse, le chef de la diplomatie togolaise a présenté la feuille de route de Faure GNASSINGBE pendant son mandat à la tête de la CEDEAO. Comme initiatives du chef de l’Etat togolais, on peut citer: l’organisation d’une Réunion sur la libre circulation des personnes, l’organisation d’un Sommet extraordinaire sur la paix et la lutte contre l’extrémisme violent en Afrique, un Forum économique entre la CEDEAO et ses partenaires et la mise en place d’un système de santé efficace en Afrique occidentale. Robert Dussey, chef de la diplomatie togolaise.
Comment


ACP : «LE PROCHAIN ACCORD DEVRA REMÉDIER AU DÉSÉQUILIBRE COMMERCIAL EN FAVEUR DE L’EUROPE» (Robert Dussey)


Le groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne ont entamé de longues négociations pour établir un nouveau partenariat en 2020 pour une période de 20 ans.

Le cycle de négociations entre la commission de l’Union européenne et les 79 pays du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sur l’avenir de l’Accord de Cotonou a été ouvert à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Les discussions sérieuses sur ce partenariat politique, économique et sécuritaire mais aussi migratoire reprendront à Bruxelles, le 18 octobre, afin d’être conclues avant l’été 2019.

Le négociateur en chef de l’UE est Neven Mimica, commissaire chargé de la Coopération internationale et du développement.

Celui pour les ACP, Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères et de la coopération du Togo, s’est confié au quotidien français l’Opinion.

Les négociations en vue de la signature d’un nouvel accord de partenariat ACP-UE ont commencé début octobre. Comment vont-elles se dérouler ?

Ces négociations, vous l’avez dit, conduiront à terme au renouvellement de l’accord de partenariat ACP-UE. L’objectif étant de les finir avant l’été 2019, elles doivent être menées à un rythme soutenu et dans un sens élevé de responsabilité. Logiquement la première phase des négociations permettra aux deux parties, c’est-à-dire à la partie européenne et au Groupe ACP, d’accorder leurs violons sur la structure du futur accord et surtout sur le format de l’organisation et la tenue des différentes séquences des négociations.

La deuxième phase des négociations portera sur le socle commun de l’accord envisagé, précisément sur les questions et sujets à y inscrire. Elle permettra aux parties de s’entendre sur les principes directeurs, les objectifs généraux et les priorités générales de leur partenariat. La troisième phase des négociations aura pour objet les trois piliers ou partenariats régionaux à savoir le pilier Afrique, le pilier Caraïbes et le pilier Pacifique. La dernière phase des négociations sera celle de la consolidation de tous les acquis du processus, du réexamen de toute question ou sujet en suspens et de la conclusion des négociations. Comme vous l’aurez constatez vous-même le processus s’annonce un peu long mais nous y arriverons.

Au regard de la géographie et des disparités, est-ce que cela a encore un sens de négocier au nom du bloc ACP ?

Nous nous sommes posé la même question et elle a fait l’objet de débat au sein du bloc ACP. Au finish, nous avons décidé de rester ensemble pour négocier le nouvel accord dans une démarche unitaire. Cette volonté et décision de demeurer ensemble au niveau du Groupe ACP tient cependant compte, et il s’agit là d’une évolution positive, de la géographie et des disparités dont vous parlez dans la mesure où elle laisse une certaine autonomie à chaque zone géographique des ACP, à savoir l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, dans la négociation des trois partenaires régionaux spécifiques de l’accord. La structure même de l’accord envisagé constitue une réponse à cette préoccupation. Mieux, l’un des enjeux du futur accord, c’est d’arriver à un accord de partenariat ACP-UE qui tient vraiment compte des réalités et des priorités stratégiques de chacune des trois sphères géographiques du Groupe ACP.

Quel bilan faites-vous de l’Accord de Cotonou ?

L’accord de Cotonou qui a relayé les Conventions de Lomé dans l’histoire du partenariat ACP-UE est globalement positif en matière d’aide au développement. Cependant, il n’a pas tenu ses promesses sur le plan des échanges commerciaux, des investissements et du progrès économique. Le commerce bilatéral entre les ACP et l’UE est aujourd’hui largement déséquilibré au profit de l’Europe. Cette vérité de fait, on n’a pas besoin d’être un économiste ni sortir de l’Université de Harvard pour le savoir. Mieux, les deux parties ont conscience de cette vérité.

Quelles évolutions voulez-vous voir prises en compte dans le prochain accord ?

Le prochain accord devra remédier à ce déséquilibre. Nous le voulons plus juste, équitable et responsable. Il devra aussi réellement prendre en compte le droit légitime des peuples ACP au développement, la réalisation des Objectifs du développement durable, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et l’Agenda 2 063 de l’Union Africaine. Les pays africains déplorent les conditionnalités imposées par l’UE et veulent purement et simplement la suppression de l’article 8 de l’accord de Cotonou qui donne la possibilité à la Commission de l’UE de leur imposer des sanctions en cas de problème de gouvernance. Les ACP, en particulier l’Afrique veut avoir un partenariat totalement décomplexé avec l’Europe et estiment que cet article n’aura plus à place dans le futur accord. Les ACP souhaitent aborder les questions politiques, relatives aux droits l’homme et aux libertés publiques dans le seul espace de concertation réservé aux dirigeants politiques et j’espère que les négociations permettront aux deux parties de se mettre d’accord sur la meilleure formule. Le monde a évolué. Un partenariat sans paternalisme ne peut qu’être à l’avantage des deux parties. Tenir compte de cette réalité dans les négociations est important.

La possibilité d’un partenariat spécial entre les ACP et la Grande Bretagne n’est pas exclue

Craignez-vous une baisse des aides européennes avec le Brexit quand on sait que la Grande-Bretagne finance le Fonds européen de développement à hauteur de 17 % ?

La question d’aide au développement est une question très délicate et vous devez savoir que les ACP sont très bien conscients aujourd’hui que l’aide au développement n’est pas une panacée. L’aide au développement est bon, mais plus d’investissement européen dans les pays ACP et de justice dans les échanges commerciaux serait meilleur. Les ACP ont besoin plus d’investissement européen et de justice commerciale que d’aide. Pour revenir à votre question, il faut d’emblée dire que nous n’avons rien à craindre. Mieux, nous ne connaissons pas encore l’issue du Brexit. Au moment venu le Groupe ACP prendra acte de l’issue du Brexit quelle qu’elle soit. La possibilité d’un partenariat spécial entre les ACP et la Grande-Bretagne n’est pas à mon sens exclue, mais tout ceci doit être décidé et discuté au sein du Groupe ACPqui veut se positionner aujourd’hui comme une véritable institution de service aux peuples ACP.

Les Accords de partenariat économique (APE, entre l’UE et les blocs régionaux) ont-ils une chance d’aboutir alors que les 54 pays de l’Union africaine projettent de mettre en place une grande zone de libre-échange continentale ?

Les APE risquent d’être dépassés par la Zone de libre-échange continentale (Zlec). Quand cette zone se mettra en place, les APE disparaîtront d’eux-mêmes. Nous devrons renégocier un accord de partenariat économique pour toute l’Afrique sur la base d’une discussion franche. Cela devrait prendre du temps.
... suite de l'article sur Autre presse

Commentaires