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Yark Damehame annonce la mise en service de numéros verts pour signaler les « mauvais agissements » des corps habillés
Publié le jeudi 23 janvier 2014  |  LIBERTE


© Autre presse par DR
Le Colonel Yark Damehame, ministre de la sécurité et de la protection civile.


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L’agression condamnable du confrère stagiaire Kossi Thémanou du bimensuel «Focus Info», en plein exercice de son travail de journaliste, par les forces de l’ordre et de sécurité, semble avoir « servi à quelque chose ». Suite à cette violence, la nième exercée par les corps habillés sur les professionnels des médias dans l’accomplissement de leur travail ou simplement sur la population civile, il est annoncé la mise en service, pour bientôt, de numéros verts afin de permettre à la population de signaler les abus des corps habillés. La fin de l’impunité séculaire des hommes en arme au Togo ?

Des numéros verts pour dénoncer les abus des corps habillés

L’annonce a été faite dimanche dernier par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Col.YarkDamehamehimself, au cours d’une conférence de presse organisée au lendemain de l’agression du confrère stagiaire du bimensuel «Focus Infos ». C’était devant un parterre de journalistes, et aussi en présence des Directeurs généraux de la Police et de la Gendarmerie, le Commissaire divisionnaire TêkoKoudouovoh et le Lieutenant-colonel AwokiPanassa.

« Nous avons déjà créé des numéros verts qui seront bientôt mis à la disposition des journalistes et de la population pour signaler les agissements graves et mauvais de nos agents », a indiqué le Col.YarkDamehame. Ces numéros verts serviront égalementà dénoncer les rackets et pots-de-vin auxquels les populations sont souvent soumises, en méconnaissance « totale » de leurs droits, a-t-il ajouté. A l’en croire, ils seront mis à la disposition de la population à l’issue d’un atelier programmé pour bientôt à l’endroit des forces de l’ordre et de sécurité, afin de leur enseigner les bonnes pratiques.

Cette mesure est consécutive à l’agression dont a été victime notre confrère KossiThémanou et au constat de la poursuite de l’exercice des abus sur les populations civiles malgré les efforts (sic) des autorités pour ‘’civiliser ‘’ les hommes en uniforme. C’est en somme une bonne nouvelle, et le confrère peut y trouver matière à consolation que son agression serve à la prise d’une pareille décision annonciatrice, on l’espère bien, d’une nouvelle ère. A quelque chose, malheur est bon, dira-t-on.

Rappelons que KossiThémanou a été violenté jeudi, au cours de la traque d’un vendeur de carburant illicite au niveau du marché de Hanoukopé par les éléments de l’opération Entonnoir. Alors qu’il prenait des photos de cette opération – officielle, s’il vous plaît – et interrogeait des témoins, il a été apostrophé par des agents, roué de coups, de crosse de fusil, de cordelettes et embarqué à la Gendarmerie, bien qu’il se soit présenté comme journaliste, preuves à l’appui. Les mauvais traitements ont continué même au camp. Des actes que YarkDamehame a ouvertement condamnés, et de présenter ses excuses au confrère violenté. «Nous ne savons pas pourquoi ils sont allés jusqu’à exercer de violences sur lui », « A aucun moment, les chefs ne disent aux éléments de violenter les journalistes. Nous savons ce que vous nous apportez comme assistance dans notre travail », a déclaré le ministre, annonçant que les éléments fautifs, un brigadier et un adjudant ont été mis aux arrêts de rigueur.

La fin de l’impunité pour les corps habillés ?

Des numéros verts pour permettre à la population civile de signaler les abus des corps habillés et à leurs supérieurs hiérarchiques de prendre des sanctions s’il le faut ! Certains pourraient se demander si on est là au Togo. C’est en somme une bonne initiative qui mérite d’être saluée – reste qu’elle soit concrétisée –, et Dieu sait que ces téléphones vont craquer d’appels car l’exercice de violences par les hommes en uniforme sur les populations civiles, pour un oui ou un non, est une routine au Togo. Alors est-ce la fin de l’impunité séculaire dont ils jouissent ? Les mis en cause seront-ils désormais châtiés ?

Ces questions méritent d’être posées car les corps habillés ont toujours été protégés par la hiérarchie et le pouvoir, même dans les actes commis au vu et au su de tout le monde. Même quand les fautifs sont pris la main dans le sac, ils rejettent toute responsabilité et bénéficient du soutien de la hiérarchie. L’armée n’a-t-elle pas rejeté toute responsabilité dans la survenue de l’attaque de la Primature, des morts retrouvés dans la lagune de Bè, des violences électorales de 2005 ayant coûté la vie à un millier de compatriotes et sur lesquelles des rapports ont bien relevé la responsabilité des corps habillés etc., lors des audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation ? « Les sécurocrates » que presque tous les détenus ont pointés du doigt, n’ont-ils pas nié toute responsabilité dans l’affaire des tortures dans le dossier Kpatcha Gnassingbé ?

C’est certain, disions-nous tantôt, les téléphones de ces numéros verts risquent de craquer de plaintes car les abus des corps habillés sur les populations civiles sont presqu’institutionnalisés au Togo. Mais une chose est de recevoir les dénonciations des victimes, une autre est d’y donner suite. Les Togolais voudraient bien croire que les auteurs de violences policières et d’abus de toutes sortes seront désormais châtiés. Et lorsque cela adviendra, il faudrait que leur identité soit rendue publique – cela peut dissuader les autres de s’illustrer de la même façon – et que l’effectivité de ces sanctions soit constatée par les victimes, ou à défaut, la presse, les organisations de défense des droits de l’Homme ou toute autre structure pouvant attester de sa véracité. Car jusqu’à présent, l’opinion a été réduite aux allégations de la hiérarchie militaire faisant état de punition dans maints de cas. Mais difficile d’attendre du sérieux de cette initiative lorsque sur des dossiers récents comme celui de l’assassinat en avril 2012 des deux élèves à Dapaong, et dans une moindre mesure celui des violences perpétrées à Adéwui le 15 septembre 2012 contre les militants du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) et du Collectif « Sauvons le Togo », aucun châtiment n’est administré à leurs auteurs bien identifiables et d’ailleurs identifiés.

Il va sans doute se poser toujours la question de la reconnaissance de la responsabilité des actes. Au Togo, c’est une constance qu’un civil n’a jamais raison devant un homme en arme. Sous nos cieux, ce dernier a tous les droits sur le civil et en abuse souvent. Et, ironie du sort, déjà concernant l’affaire de l’agression subie par le confrère KossiThémanou, bien que les violences soient ostentatoires, que la victime en a apporté toutes les preuves et que le ministre ait présenté ses « excuses », les agents mis en cause n’ont pas reconnu les faits qui leur sont reprochés. Toute chose qui pousse à voir dans cette initiative un simple effet d’annonce, une diversion pour distraire l’opinion. Mais seul l’avenir nous situera, et vivement que l’initiative fasse ses preuves sur le terrain.

Tino Kossi

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