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Art et Culture

A la Paris Games Week, le jeu vidéo africain cherche à se faire connaître

Publié le lundi 29 octobre 2018  |  AFP
Women
© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Women Techmakers (IWD) 2016 dans la capitale togolaise
Lomé, le 19 mars 2016. Hôtel Merlot. Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la femme, édition 2016, le Groupe des Développeurs Google (GDG) a organisé le Women Techmakers (IWD) à Lomé, placé sous le thème «Our time to Lead».
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Armée d'un pistolet, au milieu des paysages spectaculaires de Madagascar, Soa a pour mission de protéger son village des voleurs de zébus. A l'image de "Dahalo", développé par un studio malgache, le jeu vidéo africain veut montrer son potentiel dans une industrie où il pèse
peu.

"Nous voyons le jeu vidéo comme une tribune à la fois pour montrer nos compétences, véhiculer nos valeurs culturelles et faire connaître l'histoire de notre pays", explique à l'AFP Matthieu Rabehaja, fondateur du studio Lomay qui développe "Dahalo".

Ce jeu de survie, qui doit sortir l'an prochain sur PC, propose différentes missions permettant de comprendre une problématique essentielle de la Grande Ile: l'insécurité liée aux voleurs de zébus, les "dahalos". "Il y a trois personnages: une citadine qui découvre la situation, une fille de +dahalo+ et un militaire qui représente l'Etat", précise M. Rabehaja, qui a souhaité faire un jeu réaliste, jusqu'à reproduire fidèlement les paysages montagneux du sud de Madagascar.


A ses côtés, d'autres développeurs du continent africain ont été invités, comme lui, à la Paris Games Week, temple du jeu vidéo. Pio Jules Tchedou, développeur togolais propose par exemple "A boy in savannah", un jeu vidéo en 2D pour mobile, inspiré de Super Mario et qu'il a créé dans son studio à Lomé. "Nous étions un petit groupe de grands joueurs et nous étions frustrés de
ne pas être représentés dans le jeu vidéo", explique-t-il. "Nous voulons mettre en avant notre culture dans nos jeux vidéo, car on voit toujours des jeux de guerre ou inspirés de la mythologie grecque. Nous voulons apporter de la fraîcheur", poursuit-il. Pio Jules Tchedou a cependant mis sur pause l'activité de son studio, pour se consacrer à une formation en France afin de se perfectionner sur le développement animé.

"On a fait notre jeu en achetant des tutoriels d'animation sur Internet. Nous sommes des autodidactes car il n'y a aucune formation de ce genre au Togo", regrette t-il.


- 1% du marché actuel -

Encore méconnus du grand public, qui arpente souvent intrigué le stand, les studios africains bénéficient, avec cette première participation au salon, d'une exposition non négligeable.

"L'intérêt de la Paris Games Week, c'est aussi de montrer des jeux qu'on n'a pas l'habitude de voir, de surprendre le visiteur. Et cela permet de donner de la visibilité à des créateurs du monde entier et notamment ceux qui n'ont pas facilement accès au marché européen", se réjouit auprès de l'AFP Emmanuel Martin, délégué général du Syndicat des éditeurs de logiciels de
loisirs (SELL) qui organise le salon.


"On espère que le succès du stand permettra de pérenniser et développer leur présence dans les années à venir", ajoute-t-il. Le continent africain représente à l'heure actuelle à peine 1% du marché mondial des jeux vidéo, et ses développeurs se comptent à peine en dizaines.


Les investisseurs locaux sont loin de se bousculer dans un secteur encore méconnu et la plupart des jeux restent donc auto-financés ou payés grâce à d'autres activités des studios.


"Il y a un besoin d'éduquer le marché. Les partenaires africains voient encore le jeu vidéo comme un secteur pour les enfants uniquement", décrypte Sidick Bakayoko, créateur ivoirien de la société Paradise Games, qui veut aider à la transformation de cette industrie en Afrique. C'est dans ce but qu'il a lancé une émission de télévision de 26 minutes consacrée au jeu vidéo et diffusée chaque semaine sur la télévision nationale ivoirienne.

Une salle de jeux de 10.000 mètres carrés va également ouvrir ses portes le mois prochain à Yopougon, un quartier populaire d'Abidjan."Face aux difficultés liées aux connexions internet et à leur coût, on a voulu faire cette salle pour permettre à tout le monde de jouer, pas seulement
les privilégiés", explique Sidick Bakayoko. Une partie sera par ailleurs dédiée à des ateliers de formation aux métiers du jeu vidéo.

En novembre, Paradise Games organisera la deuxième édition du Festival de l'électronique et du jeu vidéo d'Abidjan (Feja) où une dizaine de pays africains sont attendus. Deux fois plus que l'an dernier.



pid/fka/tht

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