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Togo : Caractéristiques, missions, difficultés, relations avec l’Etat, découvrez la synthèse de la cartographie des organisations de femmes

Publié le mardi 13 novembre 2018  |  SOCIETE CIVILE MEDIA
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
1er Forum international des pays francophones d`Afrique sur le leadership féminin
Lomé, du 31 juillet au 05 août 2016. Hôtels EDA OBA & Radisson Blu. Des travaux de femmes leaders d`Afrique réunies par le CICCA (Cercle d`initiatives citoyennes pour le challenge et le changement en Afrique) et l`IDF (Institut du droit d`expression et d`inspiration françaises) ont abouti à la mise en place de l`OPALEF (Observatoire panafricain du leadership féminin).
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L’Etat togolais n’arrive pas à accompagner suffisamment les Organisation de la Société Civile en général et les organisations de femme en particulier dans leurs actions. C’est ce que révèlent les résultats de la cartographie des organisations de femmes commanditée par le Programme de Consolidation de l’Etat et du Monde Associatif (Pro-CEMA). Cette cartographie indique également que le dialogue entre les organisations féminines et l’Etat demeure insuffisant au niveau central. En somme, elle a permis de mettre en exergue les diverses dynamiques des organisations féminines et de saisir ce qui fait d’elles des acteurs de développement et/ou des prestataires de service. Découvrez le document de synthèse de cette cartographie des organisations de femmes dont la restitution a été faite mercredi à Lomé.



DOCUMENT DE SYNTHESE DE LA CARTOGRAPHIE DES ORGANISATIONS DE FEMMES

RESUME EXECUTIF

Au Togo, la prolifération des organisations de la société civile notamment des organisations féminines prend véritablement son essor à partir des années 90. Malgré les blocages et contraintes auxquelles sont confrontées ces organisations, il existe aujourd’hui une société civile très diversifiée et dynamique. Les organisations féminines interviennent dans tous les secteurs de développement et ont placé au centre de leurs activités la prise en compte du genre. Elles ont réussi à s’imposer comme acteurs de développement et mènent leurs activités sur l’ensemble du territoire togolais dans un cadre légal qui certes, est devenu insuffisant et vague car ne prenant plus en compte leurs besoins réels. Leur évolution d’une association, en passant par une Organisation Non Gouvernementale (ONG), vers un réseau et une faîtière n’est pas prise en compte par la loi du 1er juillet 1990 régissant les OSC au Togo. La société civile togolaise travaille actuellement dans un environnement caractérisé par une crise politique et socio-économique qui frappe le pays mettant ainsi au rouge les indicateurs de développement et créant un contexte social avec de nombreux défis à relever. La société civile, en raison de ses engagements vis-à-vis de la population togolaise, joue un rôle prépondérant dans la résolution de cette situation.

Nombreux sont les enjeux sociaux dans lesquels sont engagées la société civile en général et les OSC féminines en particulier. On peut ainsi citer :

Les problèmes fonciers liés à l’accaparement des terres et à la problématique de l’accès à l’héritage pour les femmes,
La cohésion sociale et la sauvegarde du patrimoine national,
L’emploi des jeunes etc.
Face à ces enjeux, en tant que catégorie d’acteurs engagée dans le champ du développement, la société civile entend apporter sa contribution à la résolution des problèmes qui se posent au pays. Les OSC sont ainsi engagées dans le processus d’amélioration des conditions de vie des citoyens et ce à travers différents segments de la vie publique au rang desquels on trouve la mise à jour du cadre légal régissant sa création et son fonctionnement devenu insuffisant et inadapté.

Dans le cadre de leur mission, l’observation des pratiques des OSC laisse apparaître des acteurs dynamiques en matière de création d’espaces de dialogue. Les organisations féminines se regroupent au sein de cadres de concertation organisés et animés par des réseaux thématiques sur des sujets d’intérêt commun. Actuellement, il existe au Togo une seule organisation féminine ayant vocation à fédérer réseaux, associations et ONG féminines au niveau national en qualité de faîtière (4ème niveau) aux côtés de celles à caractère mixte opérant traditionnellement dans le pays. Il s’agit de la Fédération des Organisations Non Gouvernementales au Togo (FONGTO), l’Union des Organisations Non Gouvernementales au Togo (UONGTO), la Faîtière Nationale des Réseaux Régionaux d’ONG et Associations de Développement du Togo (FNRR).

Au-delà de ces efforts de structuration, il faut relever que le dialogue entre les organisations féminines et l’Etat demeure insuffisant au niveau central et se résume à des invitations ponctuelles venant des ministères sectorielles et réunissant les OF (Organisations Féminines) autour d’activités importantes comme la commémoration d’évènements (journées internationales de la femme, de l’enfant africain et autres) ou, parfois, pour l’élaboration et la validation de documents comme la « Politique Nationale de l’Equité et de l’Egalité de Genre » (PNEEG). Au niveau local, les OF collaborent avec les structures déconcentrées dans la même logique, sans l’existence de cadres de concertation formels. Malgré cette insuffisance de dialogue et de cadres de concertation aux deux niveaux (central et local), les organisations féminines sont reconnues par les autorités étatiques et les collectivités locales en tant qu’entités contribuant par leurs actions au développement. Bien qu’avec des limites, l’Etat a mis en place un mécanisme pour impliquer les OSC (dont les organisations féminines) dans l’élaboration, le suivi et la mise en œuvre des politiques et programmes publics.

Il faut noter que, tant au niveau central que local, l’Etat n’arrive pas à accompagner suffisamment les OSC en général et les OF en particulier dans leurs actions faute de moyens. En plus de mener des activités sur fonds propres, les organisations féminines sont appuyées généralement par des Partenaires Techniques et Financiers (PTF). D’où une relation étroite entre les OF et les PTF du fait de la nécessaire justification des ressources mises à leurs dispositions. Ce rapport/lien n’est pas observé entre les OF et les structures étatiques dans l’accomplissement de leur mission sur le terrain. L’inexistence de cadres de dialogue formel entre les OF et les PTF (en dehors de la collaboration dans le cadre des financements obtenus) trouve en partie son fondement dans la situation politique du pays marquée par le départ de certains bailleurs depuis plusieurs années.

Au niveau des caractéristiques, les organisations féminines togolaises sont diversifiées et sont réparties en quatre niveaux de structuration.

Le premier niveau est celui des organisations féminines de base (associations) d’existence plus récente, légalement enregistrées (la plupart disposent d’un récépissé). Globalement, elles opèrent dans les domaines de la gouvernance, de la santé, de l’éducation, de l’environnement, et de l’assainissement. Plus spécifiquement, leurs interventions, en majorité dans plus de trois domaines, font d’elles des OF généralistes sans spécialisation dans un domaine spécifique. Elles deviennent de ce fait opportunistes, à la recherche de financement auprès des PTF pour pouvoir réaliser leurs actions. Excepté pour ce qui concerne le genre puisque toutes les OF enquêtées (tous niveaux de structuration confondus) sont spécialisées dans ce secteur. Les OF disposent pour la plupart d’un siège autonome, d’un minimum de personnel mais comptent beaucoup sur le travail et la contribution de leurs membres bénévoles et des volontaires. Elles sont confrontées à des problèmes de financement et ont d’importants besoins en renforcement de capacité.

Les organisations féminines de deuxième niveau (ONG) ont une existence plus ancienne et sont plus spécialisées avec une forte concentration dans la région maritime, mais sont présentes dans toutes les autres régions. Elles interviennent surtout dans les domaines de l’éducation, la santé, des droits humains, de l’enfance en difficulté et des groupes marginaux. Cette catégorie d’organisation féminine se considère uniquement comme un acteur de développement bien que certaines parmi elles mènent des activités de prestataires de services quand elles interviennent dans les domaines liés aux services publics comme la santé et l’éducation. Leur statut d’ONG leur est conféré par un agrément après deux ans d’activité. Leur adhésion à des réseaux est très développée. Elles disposent d’un nombre important de personnel et de volontaires. Elles travaillent en partenariat avec une variété de bailleurs de fonds bilatéraux, multilatéraux, et ONG internationales dans un climat assez concurrentiel. Elles se caractérisent également par des besoins en renforcement de capacité dans divers domaines, et notamment en matière de communication.

Quant aux organisations de troisième niveau, elles sont constituées de réseaux thématiques et géographiques composés d’associations de base et d’ONG. Ces réseaux fonctionnent comme des ONG et mènent avec leurs membres des actions d’intérêt commun. Ceux qui ont une envergure régionale mènent leurs activités dans leur ressort territorial tandis que les réseaux thématiques interviennent pour la plupart dans plusieurs régions. Les réseaux ont très peu de financement. Leur implication dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques sectorielles est faible voire inexistante. Ceci est dû à l’inexistence de cadres formels de concertation Etat/réseaux, corollaire d’une absence de communication entre eux et l’Etat. Le dialogue est quasiment inexistant. Les OF de troisième niveau comme celles du deuxième niveau ne se sentent pas dans l’obligation de rendre compte à l’Etat sur leurs activités et cette situation fait l’objet de plaintes récurrentes de la part des ministères sectoriels et de leurs services déconcentrés sur le terrain.

Le quatrième niveau d’organisations est composé des faîtières ou plateformes nationales. Il existe traditionnellement dans le pays quelques faîtières qui regroupent plusieurs OSC tous statuts confondus. Il ressort de l’analyse qu’une seule organisation féminine 3 est considérée comme faîtière, aux côtés de celles traditionnelles, et son avènement est récent bien qu’elle existât en tant que réseau depuis plusieurs années. Elle fédère plusieurs organisations féminines malgré ses moyens limités venant d’appuis extérieurs et de ses fonds propres. Ses actions couvrent un nombre assez représentatif de régions du pays et touchent plusieurs domaines. Elle a également très peu d’interactions avec l’Etat et ces interactions se limitent souvent à la participation à des ateliers techniques de validation de documents stratégiques, bien qu’elle n’ait pas été associée à leur l’élaboration.

La cartographie des organisations féminines permet de mettre en exergue leurs diverses dynamiques, et de saisir ce qui fait d’elles des acteurs de développement et/ou des prestataires de service. Quel que soit leur niveau de structuration, elles sont très diversifiées, incontournables et développent des initiatives variées dans différents domaines avec des appuis limités des PTF et souvent sur leurs fonds propres. Elles jouent les rôles d’éducateur et de plaidoyer à travers des stratégies de sensibilisation, de formation, d’information et autres à l’endroit des communautés dans les domaines du genre, de la santé, des droits humains, de l’environnement etc.



RECOMMANDATIONS

A l’attention des OF :


Développer un esprit de partenariat qui ne s’en tient pas uniquement à des invitations à des débats et échanges mais à la mise en œuvre d’actions collectives plaidoyers et Plusieurs organisations se plaignent du manque de collaboration entre elles et font face aux mêmes problématiques. Elles gagneraient à mutualiser leurs ressources et moyens pour développer des actions efficaces et d’envergure ;
Elaborer des plans de communication interne et externe avec comme publics cibles l’Etat, les PTF, les autres OF et les populations. La diversité des OF et de leurs champs d’action est méconnue de tous ces acteurs ;
Poursuivre le renforcement de leur structuration qui permettra de disposer d’une faîtière plus apte à représenter leurs intérêts.
A l’attention de l’ETAT

Mettre en place un cadre de concertation permanent sur le genre afin d’institutionnaliser un cadre d’échange avec l’ensemble des OSC travaillant dans cette thématique, y inclut les OF puisqu’elles sont toutes actives dans le domaine. Ce cadre de concertation permettra aux OF de s’impliquer avec les AE au niveau de l’élaboration et du suivi des politiques publiques dans le domaine. Selon les entretiens menés, ce cadre de concertation est en discussion depuis une année ;
Communiquer davantage avec l’ensemble des OF, et pas uniquement les OF les plus connues, afin que ces organisations se sentent impliquées dans les processus d’élaboration des politiques publiques et dans la prise de décision stratégique. Cela permettra également d’instaurer un climat de confiance et d’assurer un niveau égal d’information pour l’ensemble des OF.


A l’attention des PTF :

Elaborer des procédures simplifiées pour les OSC qui ont peu d’expérience en matière d’appels à propositions ;
Elaborer des critères spécifiques dans les lignes directrices des appels à proposition pour encourager les partenariats entre OF ;
Prendre en compte la diversité et la richesse des OF qui sont présentes et actives sur l’ensemble du territoire et disposent d’une forte orientation à la responsabilité sociale ;
Prévoir des activités de renforcement des capacités générales au bénéfice des OF pour la réponse aux AAP, la gestion de projets Et ciblées sur l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de communication (interne et externe), c’est l’un des besoins importants des OF et stratégique pour le développement de leurs activités.
Prévoir un budget spécifique à allouer pour appuyer l’égalité de genre ;
Mettre en pratique l’ensemble des outils et mesures prévues par la Politique Nationale de l’Equité et de l’Egalité du genre.


A l’attention du Pro-CEMA


Le Pro-CEMA a déjà prévu plusieurs activités ciblées sur les besoins des OF. Tout comme pour les PTF, le Pro-CEMA pourrait également contribuer à renforcer les capacités des OF en matière de communication, en organisant des ateliers de visibilité des OF et en y conviant les PTF et les Acteurs Etatiques (AE). Ces ateliers permettront aux OF de travailler ensemble et renforcer leurs liens et aux PTF et AE de connaître la diversité des activités menées par les OF.
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