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Togo: Le brillant économiste Kako Nubukpo défend le mensonge d’Etat après la hausse des prix des produits pétroliers
Publié le mardi 28 janvier 2014  |  togosite.com


© Savoir News par DR
Kako Nubukpo, directeur exécutif du Centre Autonome d’Etudes et de Renforcement des Capacité pour le Développement au Togo (CADEREDT)


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Quand le pouvoir corrompt
M. Nubukpo, ministre de la Prospective
Théoricien de la bonne gouvernance
et du développement économique de l’Afrique, le Prof. Kako Nubukpo,
très respecté pour ses idées pertinentes, devient méconnaissable depuis
que Faure Gnassingbé l’a invité à sa table. Ministre auprès de la
Présidence de la République, chargé de la Prospective et de l’Evaluation
des Politiques publiques, ce brillant économiste qui bénéficie d’une
dotation de 193 848 000 FCFA au titre du budget 2014, n’est plus la voix
des sans voix et joue à la manipulation à la suite de l’augmentation
des prix du carburant.
Economiste et agrégé des universités, le
Prof. Kako Nubukpo a toujours séduit par la pertinence de ses analyses
sur l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA) et son franc
FCFA. Dans un entretien accordé en janvier 2010 au site Internet « Ouestaf.com », il avait dressé un bilan mitigé de cette institution sous-régionale qui se contente « de gérer de grands équilibres macro-économiques au détriment de l’amélioration des conditions de vie des citoyens ».
Mais depuis qu’il a été nommé ministre auprès de la Présidence de la
République chargé de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques
publiques, le Prof. Kako Nubukpo a commencé à s’écarter des valeurs qui
étaient les siennes. Il fait aujourd’hui partie de ceux qui usent du
mensonge d’Etat pour justifier la hausse des prix des produits
pétroliers, confirmant alors cette assertion du maître spirituel
français d’origine bulgare Omraam Mikhaël Aïvanhov dans « Le verseau et l’avènement de l’âge d’or » : « Les
intellectuels sont fiers, ils se pavanent, parce qu’ils ont accumulé
des connaissances, mais souvent la bonté, l’humilité, la simplicité, la
générosité leur manquent ».
Interrogé mardi sur les ondes de la
radio Victoire FM sur ce que le gouvernement envisage de faire en
décidant d’augmenter le 16 janvier dernier les prix des produits
pétroliers, la réponse du ministre Nubukpo fut surprenante. Pour lui,
rapporte l’agence de presse « Afreepress », l’heure est venue de « toucher les populations les plus pauvres ».
«75% de la population togolaise est
rurale. Pour l’extrême pauvreté, pour arriver à contrôler cette pauvreté
et à lutter contre, nous avons été obligés de réallouer une partie des
subventions, donc 10 milliards sur les 40 milliards par an pour soutenir
les projets de plus grande inclusion sociale », a expliqué le ministre. Avant d’indiquer qu’il s’agit de la finance inclusive, « 2 milliards pour toucher les populations qui n’ont même pas accès à la micro finance »,
le PROVONAT avec 3 milliards, le développement du programme sur les
cantines scolaires et des transferts monétaires directs envers les
populations les plus pauvres. Il a ajouté que c’est pour toujours
toucher les populations les plus pauvres qu’« il n’y a pas eu d’augmentation sur le pétrole lampant utilisé en particulier dans les localités rurales, par les plus démunies ».
Selon le gouvernement, sur les deux ans
et demi, c’est-à-dire entre 2011 et 2013, 100 milliards de francs CFA
ont été consentis par le gouvernement pour subventionner les produits
pétroliers.
« Et pourtant ces prix ont fluctué et en tendance, ils sont plutôt hauts »,
a tenu à relativiser le ministre de la Prospective. Mais pour ne pas
laisser les populations qui sont touchées par cette mesure
gouvernementale d’augmenter les prix des produits pétroliers, les
discussions sont en cours avec les autres acteurs pour définir les
mesures d’accompagnement « qui vont intervenir très vite », a conclu le Prof. Nubukpo.
Comme on le voit, il y a un
mensonge autour de la supposée subvention des produits pétroliers par
l’Etat. C’est depuis plusieurs années que la suppression de ces
subventions a été annoncée. En juillet 2011, le gouvernement avait
justifié la dernière hausse des prix des produits pétroliers par l’arrêt
des subventions exigé par les institutions de Bretton Woods. Cette
subvention est devenue un monstre qu’on brandit à chaque décision
impopulaire du gouvernement. A la conférence de presse des organisations
de la société civile tenue mercredi dernier, un responsable a indiqué
que depuis 2005, « l’Etat n’a jamais subventionné les produits pétroliers ». Une position défendue hier par un député de l’ANC sur « Victoire FM ». Où le Prof. Nubukpo a-t-il trouvé les 40 milliards sur lesquels 10 milliards seront utilisés « pour soutenir les projets de plus grande inclusion sociale » ?
En tant qu’économiste et tribun du bien-être des populations, il
devrait œuvrer à voir clair dans la structure des prix et demander que
les faux frais soient minimisés afin de prévenir les implosions sociales
dues à l’épaisse obscurité qui entoure les produits pétroliers au Togo.
C’est cela aussi la prospective.
Selon le dictionnaire en ligne Wikipédia, « La
prospective est la démarche qui vise, dans une perspective à la fois
déterministeet holistique, à se préparer aujourd’hui à demain. […] Sa
fonction première est de synthétiser les risques et d’offrir des visions
(scénarios) temporels en tant qu’aide à la décision stratégique, qui
engage un individu ou un groupe et affecte des ressources (naturelles ou
non) plus ou moins renouvelables ou coûteuses sur une longue durée.
Elle acquiert ainsi après avoir pris les risques nécessaires à une
double fonction de réduction des incertitudes (et donc éventuellement de
certaines angoisses) face à l’avenir, et de priorisation ou
légitimation des actions ».
Dans ce cas, le Prof. Kako Nubukpo n’a pas bien fait son travail quand il dit que « les
discussions sont en cours avec les autres acteurs pour définir les
mesures d’accompagnement « qui vont intervenir très vite » ».
Normalement, ces mesures d’accompagnement auraient dû aller de pair avec
l’annonce de l’augmentation des prix des produits. « Compte tenu de
certaines contraintes, nous sommes dans l’obligation de revoir les prix à
la hausse. En retour, nous avons pris ces mesures d’accompagnement
suivantes … », aurait pu dire un gouvernement responsable soutenu
par un ministre de la Prospective. Si on est dans le vrai, ce n’est pas
dans la nuit profonde et sans concertation avec les partenaires sociaux
qu’on annonce la hausse des prix des produits pétroliers.
« Monsieur le ministre,
votre argument ne cadre pas avec l’action que votre gouvernement a menée
et votre argumentation est plutôt réactive. N’attendez pas qu’on vous
cogne la tête parce que vous avez mal fait avant de vous expliquer. Dans
un monde dirigé par un gouvernement à tendance participative, vous
devriez être plutôt proactif. Etre proactif consiste à réfléchir avant
d’agir, c’est bien faire son travail pour augmenter sa performance et
garder sa tête hors de l’eau. C’est se doter des objectifs clairs,
spécifiques et mesurables. De par votre constat, vous dites que « 75% de
la population togolaise est rurale. Pour l’extrême pauvreté, pour
arriver à contrôler cette pauvreté et à lutter contre, nous avons été
obligés de réallouer une partie des subventions, donc 10 milliards sur
les 40 milliards par an pour soutenir les projets de plus grande
inclusion sociale ».
D’où sortez-vous avec ces données ?
Quand est-ce que vous avez effectué cette étude ? Admettons que vos
données conçues sur mesure soient fiables et pertinentes. Dans un monde
démocratique et de bonne gouvernance, vous auriez dû soumettre votre
proposition d’augmentation des prix au parlement avec des arguments
soutenants l’objet de cette déviation de fonds. La population vous
aurait cru « un peu ». Pour ce qui concerne les actions sociales dont
vous parlez très fort, nous observons déjà avec indignation la manière
dont votre collègue Tomégah et sa famille gèrent les fonds », a expliqué un internaute sur « icilome.com » après avoir lu les hâbleries du ministre.
Pour paraphraser Rousseau, on dira que « l’homme naît bon. C’est le pouvoir qui le corrompt et le rend méchant ».
Le Prof. Kako Nubukpo fait diversion en
affirmant que la hausse des prix des produits pétroliers permettra
d’avoir des moyens pour initier des projets en faveur des couches
vulnérables. Lui qui se la coule douce désormais et qui aura à gérer
193 848 000 FCFA pour le compte de cette année 2014, n’a plus de souci à
se faire et peut activement participer au mensonge gouvernemental. A
propos, est-ce que le très respectable ministre de la Prospective a déjà
demandé que l’évaluation des précédents projets de lutte contre la
pauvreté soit faite avant de s’emporter pour ce « théâtre à la base » joué par Mme Victoire Tomegah-Dogbé ?

R. Kédjagni

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