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L’acquittement de Gbagbo fait trembler la CPI

Publié le mercredi 16 janvier 2019  |  BBC Afrique
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© Autre presse par DR
Le ministre Charle Blé Goudé
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Par Anna Holligan
BBC, La Haye


Premier ex-chef d'État à être jugé à la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo a servi de trophée de guerre à une accusation qui s'y est pris sans avoir réuni toutes les preuves nécessaires.

Pour une institution qui rêvait de demander des comptes aux plus puissants du monde, l'extradition de l'ancien président ivoirien vers La Haye était un signal que la CPI était prête à relever le défi.

Les fortes attentes à, son égard ont rendu l'échec encore plus amer pour une accusation encore ébranlée par le dénouement de l'affaire Jean-Pierre Bemba, l'ancien vice-président de la RD Congo, dont la condamnation pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité a été, elle aussi, annulée quelques mois plus tôt.

Que nous apprend l'affaire Laurent Gbagbo sur l'état de la CPI et sa capacité à fonctionner comme un instrument de justice internationale ?


Tout d'abord, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?


"En termes simples, il semble que les juges ne soient pas convaincus que les preuves de l'accusation soient suffisantee pour justifier la poursuite du procès. L'année dernière, la Chambre de première instance a demandé à l'accusation un mémoire de mi-procès", explique, avant l'acquittement de M. Gbagbo, Mark Kersten, auteur de "Justice in Conflict".

"Ce faisant, elle met en doute la capacité de l'accusation à prouver hors de tout doute raisonnable la culpabilité de M. Gbagbo et de [son proche allié Charles] Blé Goudé, ainsi que le récit avancé par l'accusation concernant leur prétendu plan commun pour commettre des crimes", ajoute-t-il.

"Chaque fois qu'une affaire concernant des atrocités de masse atterrit à la CPI, cela nuit à la perception de la Cour en tant qu'institution crédible et efficace de la justice internationale. La CPI a besoin de victoires et elle accumule les pertes", souligne M. Kersten.


C'est important pour ceux qui ont cru à la raison d'être fondamentale de la CPI - un tribunal de dernier recours, prêt à agir lorsque les pays ne veulent pas ou ne peuvent pas engager eux-mêmes les poursuites.

Ces poursuites sont coûteuses. Les preuves doivent être irréfutables, pour éviter toutes sortes de critiques.

"C'est un mécanisme auquel de nombreux pays ont adhéré", rappelle Janet Anderson, une rédactrice de "Justice Tribune.


"Ceux qui ne se sont pas encore engagés s'y opposent avec véhémence: si la CPI est jugée incompétente d'une manière ou d'une autre, cela s'inscrit dans le cadre plus large du discours sur la question de savoir si c'est à chaque État nation qu'il revient de faire ce travail plutôt que de laisser la communauté internationale s'en charger", dit-elle.

Que s'est-il passé ?

Environ 3.000 personnes sont mortes dans les violences post-électorales consécutives à la décision de Laurent Gbagbo de s'accrocher au pouvoir en 2010, après la victoire de son adversaire Alassane Ouattara.

La Côte d'Ivoire n'était pas membre de la CPI, mais elle a accepté sa compétence.

Laurent Gbagbo a été assigné à résidence pendant sept mois avant d'être extradé sans cérémonie vers la capitale de la justice internationale - un fait que son procès devant la CPI, tout juste sorti du placard, ne pouvait dissimuler.

Je me souviens de la désorientation apparente du vieillissant politicien, lors de sa première comparution à La Haye, clignant les yeux derrière ses lunettes, apparemment gêné par les lumières vives.

À l'époque, Elise Keppler, de Human Rights Watch (HRW), s'est réjouie de son arrestation: "La CPI joue son rôle pour montrer que même ceux qui sont au plus haut niveau du pouvoir n'échappent pas à la justice lorsqu'ils sont impliqués dans des crimes graves."

HRW faisait partie de ceux qui demandaient au procureur d'enquêter rapidement sur les crimes présumés commis par les alliés de M. Ouattara.


Malgré les assurances de l'ancien procureur Luis Moreno Ocampo, le seul autre mandat de la CPI délivré à ce jour concernait Charles Blé Goudé, responsable des jeunes fidèles à Laurent Gbagbo.

Des slogans de joie, du genre "Que force reste à la justice", ont résonné jusqu'à La Haye.

Après huit ans d'enquête en Côte d'Ivoire, nombreux sont ceux qui se demandent encore si le procureur général Fatou Bensouda tiendra sa promesse de mener des poursuites dans les deux camps.


La CPI peut-elle poursuivre les acteurs étatiques ?


"Cela donne l'impression que la CPI n'est pas en mesure de faire son travail", dit Janet Anderson.

"Il est troublant de constater que le procureur n'a pas été en mesure de condamner efficacement des acteurs étatiques tels que le président Uhuru Kenyatta et le vice-président William Ruto du Kenya, l'ancien vice-président de la RDC, Jean-Pierre Bemba, et Laurent Gbagbo de la Côte d'Ivoire", déclare M. Kersten.

"Ce dernier revers pourrait avoir un effet dissuasif sur la réticence déjà apparente du procureur à cibler les acteurs étatiques. Nombreux sont ceux qui s'inquiètent donc du fait que la CPI est en train de devenir une institution où seuls les rebelles peuvent être poursuivis avec succès. Cela pourrait saper la crédibilité de la juridiction, vu le nombre de civils confrontés à la violence et aux atrocités commises par les dirigeants de leur pays", analyse Mark Kersten.

D'autres disent que cette affaire est toujours l'héritage de l'ancien procureur, le charismatique M. Ocampo.


Un instrument de justice néocoloniale ?

Le tribunal a trois suspects en détention, qui attentent leur jugement. Une enquête est en cours sur l'Afghanistan.

En outre, il y a des appels à ouvrir des enquêtes sur les régions palestiniennes, le Venezuela, l'Ukraine, les Philippines et la déportation des Rohingyas, de la Birmanie vers le Bangladesh.

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