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L’Union Africaine et ses difficulté / Désiré Assogbavi : « Jusqu’à 80% des décisions prises par les instances de l’UA ne sont pas mis en œuvre »
Publié le lundi 3 fevrier 2014  |  L’Union




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Togo - En marge du sommet du 22e sommet des chefs d’état de l’Union Africaine qui se déroule en terre éthiopienne, nous avons rencontré le chef du bureau Oxfam International basé près de l’Union Africaine à Addis Ababa, M. Désiré Assogbavi, togolais de nationalité. Près de l’Union, il travaille à faciliter la participation des Organisation de la Société Civile, OSCs, à la prise des décisions les concernant par les chefs d’Etats. Une chose est de prendre des décisions, une autre est de les convertir dans les réalités. Mais l’Union est confrontée à d’énormes problèmes financiers qui empêchent la réalisation de ses objectifs. Lire pour en savoir plus.

pa-lunion.com : Monsieur Désiré Assogbavi, bonjour !
Désiré Assogbavi : Bonjour !

pa-lunion.com : Vous êtes togolais de nationalité. Vous êtes le chef du bureau d’OXFAM International auprès de l’Union Africaine à Addis Abeba. Dites-nous d’abord, OXFAM, c’est quoi et qu’est-ce que vous faites concrètement ?

Désiré Assogbavi : OXFAM est fondamentalement une organisation humanitaire et de développement. C’est une organisation d’abord britannique mais qui s’est étendue dans au moins 17 pays au monde, dont les activités couvrent cent pays, dont trente cinq sur notre continent africain.

Oxfam opère avec un budget annuel de un million de dollar, dont presque la moitié investie en Afrique. Les activités que nous couvrons vont de l’humanitaire, notamment dans les zones de conflit jusqu’au développement. Mais pour y parvenir, nous avons des moyens, tels que les moyens de campagne et de plaidoyer. Nous considérons les campagnes pour défendre des idées précises comme faisant partie intégrante de nos activités. Il y a environ dix ans, OXFAM, eu égard à la transformation de l’Organisation de l’Unité Africaine vers ce que nous avons maintenant, l’Union Africaine, et bien, OXFAM a décidé d’ouvrir un bureau de liaison pour travailler ensemble avec l’Union Africaine par rapport aux intérêts communs que les deux organisations ont.


pa-lunion.com : Vous investissez vos fonds en Afrique dans quels domaines précisément ?

Désiré Assogbavi : Je dirai que nous avons trois grands domaines que nous couvrons. Il y a d’abord, ce qu’on appelle, la justice économique. On milite pour la justice économique. On couvre des activités comme, soutien aux agriculteurs, sécurité alimentaire, avec tout ce que cela implique.

Notre deuxième volet d’activité couvre les questions de paix et de sécurité et aussi des questions humanitaires. Donc, vous imaginez le nombre de réfugiés ou de déplacés internes que le continent couvre dû aux conflits qui ont cours maintenant. Donc, nous portons aides et assistantes à ces personnes déplacées et réfugiées. C’est donc le deuxième volet de notre activité.


Et le troisième volet couvre notamment les droits de l’homme, les droits de la femme et surtout la participation citoyenne au processus de prise de décision. Et ceci vaut autant sur le plan national que sous-régional et continental. Nous voulons dire par là que, nous soutenons les citoyens et les groupes de citoyens. Nous renforçons leurs capacités pour qu’ils puissent avoir leur mot dans les décisions qui sont prises par les autorités et qui normalement, ont un impact sur leurs vies.


Voilà donc les trois activités que nous couvrons en tant que OXFAM. Et le bureau de liaison que je couvre à Addis Abeba couvre essentiellement deux choses. Nous utilisons presque la moitié de notre budget à Addis Abeba pour soutenir les citoyens en termes de participation dans les prises de décision, ou je dirai, le processus de prise de décision au niveau de l’Union Africaine. Vous savez, ceci a pour base, l’idée que l’Union ait mise dans son acte constitutif, qui est de créer cette fois-ci une union des citoyens africains et non pas seulement une union des gouvernements africains, non pas une union des chefs d’Etats.


Vous savez que l’OUA a été appelé « Club des Chefs d’Etats ». Donc, en transformant l’OUA en UA, nos dirigeants ont vraiment pris la peine de créer des fenêtres qui permettront aux citoyens ordinaires et aux groupes de citoyens de trouver leurs places dans la prise de décision. Et OXFAM soutient cette initiative, notamment par un certain nombre d’activités tels que la formation, la sensibilisation sur ce qu’est l’Union Africaine, les moyens par lesquels le citoyen peut jouer son rôle, le processus de décision de l’Union Africaine et disons, tout ce qui permettra aux citoyens d’aider les dirigeants à prendre les décisions les plus urgentes dans leurs vies présentement. Et nous faisons aussi de la divulgation de l’information. Systématiquement, nous publions les documents régulièrement, nous faisons des analyses sur les grandes questions qui sont débattues par les différents organes de l’Union Africaine, et tout ceci, c’est avec l’intention de permettre aux citoyens de comprendre et de trouver des moyens pour travailler avec l’Union, pour influencer, je dirai plutôt les décisions de l’Union Africaine.


Le deuxième volet que nous couvrons à Addis Abéba, je l’avais dit, ça fait partie des grandes actions de OXFAM, c’est le volet paix et sécurité. OXFAM est présent dans trente cinq pays africains, dont les pays en conflit, et nous mettons la priorité sur les cinq plus grands conflits du continent. Notamment au Soudan, les deux Soudan, Au Mali, en République Démocratique du Congo et en Somalie. Dans ces pays, nous avons des programmes humanitaires, nous nous occupons de l’eau, de l’assainissement, du développement, de la santé et tout autre. Alors, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine qui est l’équivalent du conseil de sécurité de l’ONU est basé à Addis Abéba et animé par quinze pays élus chaque deux ou trois (3) ans. Alors, les décisions de ce conseil sont des décisions finales. Et c’est le Conseil qui détermine les politiques par lesquelles, l’Union fait la promotion, fait le soutien aux opérations de paix. Donc, un de nos objectifs, c’est d’influencer les décisions de ce conseil parce que nous avons de l’expérience. OXFAM travaille en Afrique depuis presque quarante ans. Et donc, dans ces zones de conflit, nous avons une idée des causes, une idée des possibles solutions des conflits. Et pour cela, nous nous approchons des gouvernements qui décident, dans le cadre de ces conflits, pour partager nos analyses et suggérer des solutions.


pa-lunion.com : Est-ce que vous êtes sûr que votre bureau arrive effectivement à faire influencer les décisions, donc à faire répercuter les positions des citoyens sur les décisions que les gouvernants sont amenés à prendre ?

Désiré Assogbavi : Je suis convaincu depuis dix ans que nous avions ouvert ce bureau auprès de l’Union Africaine à Addis Abéba, que nous avons pu influencer un certain nombre de décisions. Mais il faut cependant préciser, et cela, c’est l’un des problèmes que rencontre l’Union Africaine. Jusqu’à 80% des décisions prises ne sont pas mis en œuvre. Et là, l’union en est consciente. Et les Etats membres sont conscients. Et c’est le problème réel sur la table. Comment faire pour que les décisions prises par l’Union Africaine puissent être mises en œuvre par les Etats membres. Parce que c’est les Etats membres qui doivent mettre en œuvre les décisions.

pa-lunion.com : La non-mise en œuvre est due à quoi ?

Désiré Assogbavi : Beaucoup de choses. D’abord, la volonté politique.

Ensuite, je mentionnerai aussi les moyens. Il faut quand même mentionner que certaines décisions sont plus ou moins ambitieuses, et certains de nos pays, n’ont pas autant de moyens pour tout mettre en œuvre. Je pourrai mentionner au passage par exemple la décision relative à l’agriculture qui demande à tous les Etats membres de l’Union Africaine de consacrer au moins 10% de leurs moyens à l’agriculture de leur pays. Donc, ce n’est pas tous les pays qui ont pu le faire, il y en a ceux qui se battent pour le faire, en tout cas, le pourcentage de mise en œuvre de ces décisions est encore moins de 30% en considérant les cinquante quatre pays qui compose l’Union. Après parfois, tu te demandes si c’est de bonne fois que nos dirigeants prennent ces décisions. Est-ce que ces décisions sont bien muries et étudiées avant de les prendre, etc. Mais je placerai au dessus de tout, la volonté politique. Alors, cette volonté politique, nous, comme acteur de la société civile, en collaboration avec les organisations non gouvernementales des pays africains, on peut aller chercher cette volonté politique en faisant de la pression à plusieurs niveaux. Et ça fait parti du travail que nous faisons.


pa-lunion.com : Quel type de pression ?

Désiré Assogbavi : Bon, il y a des pressions qui ne disent pas leur nom, mais les actions qui constituent par exemple aussi les actions publiques, au plan international ne veut quand même pas montrer le mauvais côté de leurs pays. Alors quand les groupes de citoyens fond des rapports alternatives par exemple, qu’ils publient par rapport à la non mise en œuvre des décisions dans leur pays, ça fait un peu mal aux dirigeants. Donc, on en a vu dans l’histoire que certains ont voulu éviter cela, et rapidement prennent des mesures. Donc ça, c’est l’une des pressions que nous exerçons.

Les autres, ont fait de la diplomatie silencieuse aussi. Mais aussi, on utilise certains partenaires de nos Etats. On fait la pression. Donc, il y a quand même selon chaque Etat, selon, disons la nature ou les dirigeants qui sont en charge, on détermine les moyens, quel type de pression il faut exercer.


pa-lunion.com : Aujourd’hui, la pression évidemment qui peut être la votre, c’est comment faire pour faire venir la paix dans un certain nombre de pays qui font votre priorité, malgré que cette année soit consacrée, « année de l’agriculture » à l’Union Africaine, la prochaine session ou le prochain sommet sera encore consacré aux questions de paix et de sécurité, notamment en Centrafrique. Quels sont les enjeux de cette rencontre ?

Désiré Assogbavi : Oui, c’est vraiment malheureux que le sommet de fin janvier qui a lieu dans quelques jours, ne respectera pas les règles que l’Union s’est donnée, notamment la décision que l’année 2014 sera essentiellement consacrée aux questions d’agriculture.


Malheureusement, quand on se prépare, il y a de nouveaux conflits qui émergent, des anciens conflits qui s’enlisent, etc. Alors, tu imagines que, on ne peut pas ignorer que Bangui brûle, que Gao et Tombouctou ne sont pas sécurisés, que des frères au Sud Soudan commencent à se couper la tête, on ne peut pas les ignorer et commencer à parler de l’agriculture, parce que sans la paix et la sécurité, il n’est pas question de faire le développement économique. Donc, pour une fois encore, les questions de conflits vont prendre le dessus sur les questions de paix et de sécurité. C’est bien malheureux, mais je crois qu’on n’a vraiment pas le choix.


Alors les enjeux notamment, c’est les conflits, et pour ce sommet qui vient, je placerai au premier plan, le Sud Soudan. Le Sud Soudan est à l’entrée d’une guère civile. Et si cela s’enlise et se confirme, ça va être un désastre, non pas seulement pour le pays, mais surtout et aussi sur les pays voisins, le Soudan, l’Ouganda et l’Ethiopie, et déjà on a vu des flux de réfugiés, etc. C’est un pays qui vient de naître et qui retourne rapidement dans la guerre et c’est bien malheureux. Donc, beaucoup d’énergies seront déployées pour faire pression sur les protagonistes de la guerre. La Centrafrique n’existe même pas en tant que pays. C’est ce que je vois. Donc, il faut rétablir cela. C’est des gens qui se tuent de façon atroce. Donc, il y a déjà une force africaine prévu pour six mille hommes, mais qui est déjà à quatre cinq cent hommes, et avec des forces françaises. Bientôt on a appris que l’Union Européenne va aussi envoyer sa troupe cette semaine, et on pense bien qu’on pourra en venir à bout. Donc le Sommet présente vraiment une plateforme pour gérer cela. De nouvelles dynamiques en République Démocratique du Congo, le groupe rebelle M23 a été vaincu, mais il y a eu plus de vingt autres groupes qui opèrent sur le terrain. Donc, ils opèrent autour des mines, ils ont des mines de ressource, vous voyez un peut l’intérêt ! Donc, il y a encore du travail à faire en RDC. Donc, il en sera encore question au cours de cette semaine. A part cela, l’Union Africaine va organiser ce qu’ils appellent « une conférence de solidarité africaine ». Au cours de cette conférence, ils ont demandé aux pays africains, aux acteurs africains, de contribuer financièrement et matériellement pour aider à régler les problèmes de l’Afrique. Alors, ce qui me fait revenir un peu à la question de mise en œuvre des décisions de l’Union Africaine. Il faut absolument rappeler que le budget de programme de l’Union Africaine est financé à 90% de l’extérieur par les partenaires européens. Alors, qui paie votre budget a son mot à dire dans sa mise en œuvre. Et vous savez, entre les Etats il n’ y a pas vraiment d’amitié ! Ils n’ont que des intérêts à défendre.


pa-lunion.com : Vous posez là une question d’indépendance de l’Union Africaine !

Désiré Assogbavi : Ca, c’est absolu. Ca, c’est important. Le programme de l’Union Africaine est financé à plus de 90% par les bailleurs étrangers. Au cours de ce sommet il sera question de penser également à l’indépendance financière de l’union.


pa-lunion.com : Est-ce que vous voulez conclure que, dans la mise en œuvre des décisions qui sont prises au cours des sommets de l’Union Africaine, évidement, si ça heurte l’intérêt de ceux qui ont leur mot à dire, ça, forcement, va empêcher la mise en œuvre. Est-ce que c’est ce que vous voulez dire ?

Je n’en douterai point. Nous l’avions vu. Nous l’avions vu dans l’histoire. Je n’en douterai point. Donc, il y a toujours une influence visible sur les priorités de nos pays, parce que, les fonds pour soutenir ces priorités viennent d’ailleurs. Donc, la définition de ces priorités à n’en pas en douter, influencé par la source. Ca, c’est important. Et j’aimerais aussi insister, c’est pourquoi je me réjouis de cette opportunité de parler à vos lecteurs, que un des moyens de pression, constitue aussi, ce qui peut se faire au plan nationale. Prenons notre pays le Togo par exemple. Combien de nos populations connaissent l’Union Africaine ? Très peut. Alors, combien savent par exemple que, le Togo a souscrit à cette décision de consacrer 10% de ses ressources à l’agriculture ? Combien le savent ? Combien de nos parlementaires le savent pour en tenir compte dans leurs décisions ? Je prends seulement cet exemple. Il y a plein de cadres juridiques définis à l’union et adoptés par les Etats membres dont notre pays. Alors, si les acteurs, si les populations, si les groupes de citoyens togolais connaissent ces décisions dont notre pays a souscrit, ces traités dont notre pays est partie, alors, il peut avoir une sorte de pression à l’interne, pour que cette décision soit mise en œuvre.


pa-lunion.com : Vous voulez dire qu’il y a nécessité de mener une sensibilisation au plan national par rapport aux décisions de l’Union Africaine ?

Désiré Assogbavi : Absolument. Il importe de le faire. Et ça fait partie du travail que moi je fais pour OXFAM et couvrant toute l’Afrique. Bon, ce n’est pas facile de couvrir cinquante quatre pays, mais ma fois, il est important de soutenir des initiatives qui vont dans le sens, d’amener l’Union Africaine dans les pays. Parce que, l’Union Africaine, c’est la somme des pays. Des décisions importantes et progressives sont prises à l’Union Africaine tous les jours. Mais très peu de nos populations ne les connaissent pas. Donc, je vois le rôle important que les médias doivent jouer dans ce cadre, et je crois que nous sommes prêts à soutenir des initiatives qui permettrons aux citoyens de connaitre l’Union Africaine, et donc, de chercher à savoir quel peut être leur rôle pour que les décisions qui sont prises soient mises en œuvre au plan national. Ca, c’est important.

pa-lunion.com : Monsieur Désiré Assogbavi, bonne chance dans vos missions, près de l’Union Africaine. Je vous remercie.

Désiré Assogbavi : Je vous remercie aussi.

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