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Pourquoi le bras de fer entre Huawei et Google inquiète l’Afrique

Publié le vendredi 31 mai 2019  |  BBC Afrique
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© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Women Techmakers (IWD) 2016 dans la capitale togolaise
Lomé, le 19 mars 2016. Hôtel Merlot. Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la femme, édition 2016, le Groupe des Développeurs Google (GDG) a organisé le Women Techmakers (IWD) à Lomé, placé sous le thème «Our time to Lead».
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La décision de Google de ne plus permettre à Huawei d’utiliser son logiciel Android est considérée comme le début d’une guerre froide technologique qui pourrait obliger les pays africains - dans le futur - à choisir entre la technologie américaine et chinoise, affirment des analystes interrogés par la BBC.

Les Africains qui se connectent de nos jours sur la toile ont de très grandes chances d’utiliser des smartphones chinois alimentés par un réseau construit en Chine, et au moins pour la moitié de ces smartphones, ceux construits par Huawei, le géant technologique chinois.

"Huawei a construit d’énormes pans de l’infrastructure informatique actuelle de l’Afrique. Si les États-Unis réussissent à paralyser l’entreprise, les conséquences pourraient être très douloureuses pour le secteur technologique africain en plein essor, désormais dépendant d’une entreprise dans la ligne de mire de Washington", analyse Éric Olander, de ’’The China Africa Project’’.

Le président américain, Donald Trump, a exhorté les alliés américains à couper les liens avec Huawei, affirmant que la technologie de l’entreprise, entre autres, représentait un risque pour la sécurité, car elle permettait au gouvernement chinois d’espionner.

L’entreprise a rejeté ces accusations à plusieurs reprises. L’initiative américaine pourrait déclencher ce qu’Éric Schmidt, l’ancien PDG de Google, avait prédit comme l’inévitable tournant de l’Internet : un "Internet dirigé par les Chinois et un Internet non chinois dirigé par les Américains".

Si cela devait arriver, l’Afrique ne devrait pas prendre parti, d’après Harriet Kariuki, spécialiste des relations sino-africaines.

"Ce n’est pas notre combat, nous devrions plutôt nous concentrer sur ce qui fonctionne pour nous", a-t-elle dit à la BBC.

Les pays africains devraient plutôt s’unir pour éduquer les gens sur ce qui est en jeu et, espérons-le, convenir d’une loi de protection des données de type européen pour protéger les consommateurs africains, ajoute Harriet Kariuki.

"C’est probablement le moment où l’Afrique peut envisager de développer ses propres technologies adaptées à son marché au lieu d’être un consommateur passif. Je veux voir les pays africains s’unir et repousser cette colonisation numérique rampante", espère-t-elle.


’’Le piratage de l’Union africaine’’


Alors que les préoccupations récentes au sujet de Huawei se sont focalisées sur les réseaux de communication en Occident, il existe aussi des accusations plus anciennes d’atteinte à la sécurité en Afrique.

En janvier 2018, le journal français ’’Le Monde’’, a indiqué que le système informatique installé principalement par Huawei au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie, aurait été compromis.

La cellule informatique de l’UA a découvert que pendant cinq ans, entre minuit et 2 h du matin, les données des serveurs de l’organisation panafricaine ont été transférées à plus de 8 000 km - vers des serveurs à Shanghai. Ces accusations ont été rejetées par l’Union africaine et les responsables chinois.

Les gouvernements africains, même ceux qui entretiennent des relations étroites en matière de sécurité avec les États-Unis, se sont pour la plupart abstenus du débat sur Huawei - et les raisons sont évidentes.

Huawei a une place majeure en Afrique, où elle est un important vendeur de smartphones.

Cobus van Staden, chercheur sur les relations entre la Chine et l’Afrique à l’Institut sud-africain des affaires internationales, a expliqué à la BBC que Huawei avait aussi construit la plupart des réseaux Internet 4G en Afrique.



Bob Collymore, PDG de Safaricom, le géant kényan des télécommunications, n’a pas hésité à qualifier Huawei de "grand partenaire pendant de nombreuses années".

"Nous aimerions continuer autant que possible avec nos partenaires, mais il peut y avoir des difficultés pratiques si l’embargo s’applique aux entreprises américaines qui travaillent avec Huawei parce qu’il s’agit d’un milieu interconnecté ", a-t-il déclaré dans un récent discours.

Huawei en Afrique :

Début sur le continent Africain en 1998 au Kenya
Présent dans 40 pays
A construit au moins 50 % du réseau 4G en Afrique
Fournit la technologie pour les projets de villes intelligentes
Dirige plusieurs partenariats de recherche
Quatrième grand vendeur de smartphones.


Lune de miel entre l’Éthiopie et la Chine


L’entreprise, qui a ouvert en 1998 son premier bureau en Afrique, est également bien placée pour décrocher des contrats concernant le déploiement du réseau 5G sur le continent.

La 5G, ultra-rapide, est présentée comme la nouvelle génération de réseau mobile qui propulsera l’"Internet des objets", les villes intelligentes, les véhicules autonomes et bien plus encore.

"La présence progressive de Huawei sur le continent a été rendue possible en étant la première compagnie à exploiter le potentiel de l’économie informatique en Afrique et en ayant les moyens de soutenir ses projets", explique Cobus Van Staden.

"Les conditions d’aide de la Chine, qui obligent les gouvernements africains à travailler avec les entreprises chinoises, l’ont également aidée", a-t-il précisé.

D’après l’entreprise de recherche technologique IDC, Huawei est actuellement le quatrième vendeur de smartphones en Afrique, derrière une autre société chinoise, Transsion (qui fabrique les marques Tecno et Infinix) et Samsung.

Toutes ces quatre marques utilisent actuellement le système d’exploitation Android de Google.

La domination de Huawei et ses relations avec les gouvernements africains pourraient s’avérer utiles si ’’la guerre froide technologique’’ entre la Chine et les États-Unis menaçait ses opérations africaines.

"L’Afrique est le dernier marché technologique du monde et la domination dans ce marché pourrait être déterminante", constate Cobus Van Staden.

"Certaines personnes, comme ici en Afrique du Sud, où Huawei est un acteur majeur, craignent d’être exclues de l’écosystème Google, mais Huawei pourrait utiliser la situation actuelle pour changer les règles du jeu".


"Peu d’entreprises américaines savent comment travailler sur le marché africain, comme fabriquer des produits ciblés destinés aux consommateurs sur le continent. Huawei pourrait utiliser la situation actuelle pour changer la donne et développer des logiciels dans des langues qui servent vraiment le marché africain", a prédit Cobus Van Staden.

La plupart des Africains surfent aujourd’hui sur le web grâce à des téléphones chinois bon marché, et beaucoup sont plus préoccupés par le prix des gadgets et d’autres fonctionnalités - comme un téléphone à double carte SIM ou une longue durée de vie de la batterie - qu’un système d’exploitation, a-t-il précisé.


Iginio Gagliardone, auteur de ’’China Africa and the Future of the Internet’’, pense que le bras de fer en cours entre la Chine et les États-Unis pourrait bien être ce qui pousse Huawei à accroître l’utilisation de ses propres logiciels pour favoriser son marché florissant des smartphones.

Mais il a ajouté au micro de la BBC qu’il ne serait pas aisé, ni bon marché de construire tout ça.

Il serait tout aussi difficile d’exporter le modèle Internet fermé de la Chine, ce qui obligerait les clients à utiliser Baidu plutôt que Google, et Sina Weibo plutôt que Twitter.

Mais WeChat, une application polyvalente qui combine plateformes de réseaux sociaux, messagerie et paiements mobiles, pourrait décoller en Afrique.


Mais alors, l’Afrique sera-t-elle obligée de faire un choix ?


"Les pays africains ne devraient pas choisir un camp. En fait, il serait intéressant qu’au cours de cette guerre froide technologique, ils puissent former un mouvement non aligné qui défend leurs intérêts", estime Igione Gagliardone.

Ses recherches, en dépit des soupçons, n’ont trouvé aucune preuve que la Chine ait activement encouragé les pays africains à adopter sa version censurée d’Internet.

"Ce que vous pouvez voir, c’est que la Chine fournit des produits qui ont été demandés par les gouvernements africains", a constaté Igione Gagliardone.


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