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Interview exclusive du professeur Ayayi Togoata APEDO-AMAH : «Au leader du PNP, je dis de mettre fin à la guéguerre de dominance farouche avec l’ANC»

Publié le mercredi 7 aout 2019  |  Togo Scoop
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
Le Front citoyen TOGO DEBOUT réclame une place au prochain dialogue intertogolais
Lomé, le 26 décembre 2017. Maison de la Santé. Conférence publique du Front citoyen TOGO DEBOUT. Ce Mouvement citoyen réclame une place au prochain dialogue intertogolais. Ayayi Togoata APEDO-AMAH, défenseur togolais des droits humains.
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Enseignant-chercheur, acteur de la société civile et observateur avisé de la scène politique togolaise, le professeur Ayayi Togoata APEDO-AMAH n’a pas sa langue dans sa poche. Dans cette interview, il a accepté décortiquer pour nous l’actualité nationale depuis la dernière législative. A lire…



TOGOSCOOP : Six mois après avoir boycotté unanimement les élections législatives de décembre 2018, l'opposition togolaise ( à l'exception du Parti national panafricain, du Parti des Démocrates et du Parti des Togolais) a pris part aux locales dont les résultats viennent d'être rendus publics. En tant qu'observateur avisé de la scène politique togolaise, avez-vous compris ce revirement de l'opposition togolaise ?

Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Nous avons l'opposition la plus bête du monde, aurait-on envie de dire de prime abord. En réalité, elle est complice du système en place et gruge le pauvre peuple. Sa stratégie est claire et entachée de roublardise : faire tout et son contraire. Votre question le souligne parfaitement. Comment peut-on boycotter à juste titre des législatives frauduleuses et se présenter en même temps à des locales sans avoir démonté la machine à fraudes ? C'est insensé ! Cette opposition est dangereuse parce qu'elle veut abêtir les Togolais.

Souvenez-vous, lorsque, face aux chefs d'État roublards de la CEDEAO, nous l'avions mise en garde de ne pas arrêter les manifestations de rue. Cela nous valut des pleurnicheries sur notre chemise de ces soi-disant opposants. Lorsqu'ils furent roulés dans la farine et enculés jusqu'à la garde, un mea culpa timide et à peine audible fut leur acte de contrition: " nous n'aurions pas dû abandonner les manifestations." De qui se moquent-ils ? S'il n'y avait pas le sort et la vie de tout un peuple en jeu, cela prêterait à rire. Leur pensée stratégique est calamiteuse.
Le PNP qui a relancé la machine grippée de l'opposition et pris son leadership, par une ligne claire prenant en charge la volonté populaire à travers le slogan "Faure must go", a été le tout premier parti, après le passage de merde de la CEDEAO, à se désolidariser des manifestations de rue et à accorder un satisfecit au plan de la CEDEAO ! Allez-y comprendre quelque chose ! L'ANC quant à elle a appelé le peuple au boycott des législatives et s'est précipité aux locales, cautionnant d'avance des élections frauduleuses.
Le reliquat de la C14 était encore plus ridicule en criant à la fraude ! Comme s'il ne savait pas qu'il y aurait une fraude. L'immense majorité des Togolais le savait qui a boycotté cette mascarade électorale tout en boycottant ces faux opposants qui se sont faits les comparses du Rpt/Urine. Honte à eux ! Quand ils ont crié à la fraude, le peuple les a royalement méprisés, refusant d'être cocu deux fois de suite en émettant un tchrrrr indigné. Vous remarquerez que depuis décembre 2018, aucun participationniste n'a daigné expliquer aux Togolais le boycott suivi d'une participation. Courage, fuyons !

TOGOSCOOP : Quel enseignement tirez-vous de la participation de l'opposition à ce scrutin ?

Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Elle a participé à cautionner un coup d'État électoral de plus. Elle prétend qu'on l'a volée et elle se croise les bras en attendant peut-être un secours du ciel ou de la CEDEAO ou l'invitation du dictateur à participer à un gouvernement d'union... Elle sait qu'elle n'a aucun secours à attendre du peuple abusé par ses mensonges.

TOGOSCOOP : Selon les résultats définitifs publiés par la Cour suprême, environ 30 % des suffrages sont allés à l'ensemble de l'opposition. N'est-il pas surprenant que cette opposition ait ce suffrage quand on sait qu'il y a seulement quelques mois, elle mobilisait des centaines de milliers de citoyens à travers le pays ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Et cette masse que drainait l'opposition derrière elle, s'est-elle fondue comme du beurre au soleil ?

Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Il ne faut pas prêter attention aux scores que s'attribue le système de fraudes du Rpt. Tout est faux. La seule vérité de cette pantalonnade est la grande abstention qui est un blâme des Togolais à l'encontre des fascistes du clan Gnassingbé et de son opposition alibi, tous jetés dans la même poubelle du déshonneur et de la félonie. Le peuple veut soutenir une opposition qui a des options claires et dont la politique ne consiste pas à accompagner la dictature militaro-monarchiste. Le peuple favorable au changement est bien là et attend un autre 19 août 2018.

TOGOSCOOP: A travers ces locales se joue la présidentielle. Peut-on dire que 2020 est déjà plié par le parti au pouvoir ?

Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Chaque élection truquée est une occasion pour la dictature de peaufiner sa machine à fraudes. La présidentielle de 2020 sera ce que les partis de l'opposition voudront qu'elle soit. Une occasion pour dégager le despote ou pour l'accompagner dans l'usurpation de son pouvoir illégitime. La rue ou l'électoralisme. Ce qui signifie qu'aucune élection ne sera victorieuse pour elle tant que les sales pattes de la dictature compteront les bulletins de vote.

TOGOSCOOP : On sait, monsieur le professeur, que vous n'êtes pas un adepte des élections dans une dictature. Dans le cas du Togo, quelle est la situation envisageable pour tourner la page de plus de cinquante ans de gestion du pays par la famille Gnassingbé ?

Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Les faits m'ont donné raison jusqu'à ce jour. Je viens de vous le dire: la crise de légitimité du Togo n'est pas une affaire électorale. Il faut acculer les usurpateurs à quitter le pouvoir. Le peuple togolais a toujours été favorable à cette option. La grande contradiction de certains démocrates sincères est de vouloir appliquer des règles démocratiques à un régime de coups d'État permanents qui se bat les couilles de la démocratie. Ils n'arrivent pas à comprendre que, ce faisant, la dictature les conduits à engager la lutte sur le terrain qui lui est favorable, les élections truquées.

TOGOSCOOP : Comment l'opposition doit-elle s'y prendre pour remporter la présidentielle à venir ?

Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Il ne s'agit pas de gagner des élections. Si ce n'était que cela, la dictature aurait disparu du Togo depuis 1993. Il ne faut pas voir en 2020 une échéance électorale mais un défi pour le changement, pour la fin du règne de la monarchie qui a assassiné la République. Il appartient à l'opposition et à toutes les forces démocratiques de s'organiser en conséquence.

TOGOSCOOP : Que faire de l'intervention de la CEDEAO et des réformes ?
Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Y a-t-il des naïfs qui croient que le régime militaire va entreprendre des réformes qui la contraindront à quitter le pouvoir ? A scier la branche sur laquelle elle est assise ? C'est une blague ou quoi ? Ces réformes, les forces démocratiques les feront elles-mêmes lorsqu'elles accèderont au pouvoir.

TOGOSCOOP : La question de la candidature de Faure Gnassingbé reviendra encore au-devant de l'actualité dans les mois à venir. Et déjà, c'est le ministre Dussey qui vient jeter un pavé dans la mare en déclarant qu'il : "ne voit pas comment il ne peut pas être candidat" alors que le leader du PNP avait, il y a quelques semaines, interpellé certains acteurs politiques et de la société civile à prendre position ouvertement contre une quatrième candidature de l'actuel chef de l'État. Et vous, que pensez-vous de l'éventuelle candidature du fils d' Eyadèma ?

Ayayi Togoata APEDO-AMAH : Dussey a tout à fait raison de dire cette lapalissade. Il lutte pour son pain. Peut-on lui en vouloir pour cela, s'il apprécie la soupe ? La parole d'un sous-fifre ne mérite pas que l'on s'y attarde. Prendre position contre un quatrième mandat du tyran est aussi une lapalissade. Le peuple togolais et tous les vrais démocrates luttent pour la fin de ce régime depuis son avènement. Toute candidature d'un dictateur est toujours illégitime dans un régime qui se prétend démocratique. Le fils Gnassingbé est un chef d'État de fait, un putschiste. Les Togolais n'en veulent pas non plus que moi. Il ne possède aucune légitimité au regard des normes démocratiques.
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