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TOGO: Le « chantre de la transparence » Henry Byakapery et ses Commissaires se jettent à l’eau sans un audit des Impôts et de la Douane
Publié le mercredi 12 fevrier 2014  |  Liberté hebdo


© Autre presse par DR
Henry Gaperi, le commissaire général, nouveau boss de l`Office togolais des recettes (OTR)


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Mauvais départ pour l’OTR
Après la nomination par décret présidentiel le 15 janvier dernier du Commissaire général, l’Office togolais des recettes continue son petit bonhomme de chemin avec la nomination des trois commissaires des Impôts, des Douanes et des Services généraux. Et dans les jours à venir, une vingtaine d’autres responsables seront connus. Mais les autorités iront-elles jusqu’à faire avaler la couleuvre en ne commanditant aucun audit sur les gestions d’Ingrid Awadé et de Kodjo Adédzé ? Que comprendre alors aux
déclarations du nouveau Commissaire général qui affirme sonner la fin de
la corruption sinon qu’il « a pris acte des actes de corruption, mais
qu’il n’en tolérera plus » ?
S’il est un sujet qui n’en finit pas de susciter des interrogations, c’est bien la naissance de l’OTR censé booster les recettes des Impôts, Douanes et des Services généraux.
Vendredi dernier, a eu lieu au cabinet du ministre de l’Economie et des Finances Adji Otèth Ayassor une cérémonie de passation de service suite à la désignation des trois autres commissaires que sont Adédzé Kodjo à la Douane, Kokou Tchodié aux services généraux et Adoyi Esso Wavana aux Impôts. Soit dit en passant, les journalistes qui ont toujours porté un regard critique sur ce qui se fait, ont été soigneusement évités.
Dans son intervention à sa prise de fonction, M. Henry Byakapery Kanysiime alias Gaperi affirmait qu’« Aujourd’hui est un très grand jour parce qu’il est très significatif pour l’équipe dirigeante de l’OTR et consacre formellement les opérations des services des impôts et de la douane. Je voudrais rappeler que nous sommes vraiment dans la réalité et les bénéfices pour les populations togolaises ne sont plus à démontrer ». Soit. Mais lorsqu’il poursuit en dardant que « l’institution
de l’OTR est une bonne occasion pour la transparence et une tolérance zéro pour la corruption parce qu’elles constituent les pierres angulaires d’une administration moderne », un décryptage de ces propos donne l’impression que les Impôts et la Douane, malgré le satisfécit dont beaucoup veulent faire preuve à leur égard, n’ont pas été gérés aussi sainement qu’on pourrait le penser. A preuve, le nouveau
Commissaire poursuit en jetant un pavé dans la mare, sans s’en rendre compte. Où est-ce à dessein ? Changer le management et les «vieilles habitudes » est un des défis qu’il pense relever, mais ce n’est pas tout : « nous allons faire en sorte que tout l’argent qui sera collecté par les impôts, les douanes et les services généraux aille au trésor».

Qu’a voulu sous-entendre M. Gaperi par cette phrase pleine de sens ?
Est-ce à dire qu’avant, l’argent n’allait pas au trésor ?

Changer le management suppose, entre autres, faire table rase de l’existant. Mais il se fait que parmi les trois commissaires, il y en a un qui a été maintenu à son poste. Là n’est pas le problème. Depuis des lustres, les citoyens togolais n’ont
jamais été édifiés sur la gestion des régies financières. La « tolérance zéro pour la corruption »
ne devrait-elle pas être synonyme d’audit de l’existant avant tout nouveau départ, si tant est que le Rwando-canadien tient à prendre un nouveau départ dans l’assainissement des deux régies financières ?
En tout cas, à la cérémonie de passation de services, le ministre Ayassor a
annoncé que « Mme la directrice n’a pas eu le temps d’affiner le document de passation de service et que le reste sera fait lorsque les Commissaires prendront du service » (lire le texte en encadré).
C’est un euphémisme que de dire que des soupçons de mauvaise gestion ont de tout temps écorné l’image des régies, surtout les Impôts dont l’ancienne directrice générale était souvent accusée de financer des campagnes électorales du parti au
pouvoir avec les recettes de cette régie. Sa nomination à la Délégation à l’organisation du secteur informel (DOSI) devrait être une occasion dorée pour édifier tout le monde quant aux soupçons qui ont toujours entaché sa gestion privée de la chose publique. Sous d’autres cieux, c’est elle-même ou le Commissaire général de l’OTR qui devrait réclamer cet audit.
Mais si, Faure Gnassingbé, l’initiateur de l’OTR n’a pas demandé à voir plus clair dans sa gestion d’une part, et si M. Gaperi, le monsieur « propre » n’a pas non plus jugé « indispensables » des audits des structures censées générer des recettes au Trésor public, la transparence et le « zéro corruption » dont il a déjà commencé à rebattre les oreilles des Togolais risquent de ne pas peser très lourd face à la perspicacité de certains citoyens qui aspirent à de la rigueur et surtout à l’absence de sentimentalisme dans la gestion de la chose publique.
Dans une tribune rendue publique, l’économiste togolais Dr Yves Amaïzo a insisté sur la commande d’un audit si tant est que la vérité des comptes reste la chose la mieux partagée au Togo : « Le refus d’enquêter de manière indépendante sur
le travail de Madame Ingrid Awade, ex-Directrice générale des impôts, démontre encore une fois la valorisation de l’impunité en nommant cette dernière, par décret, donc sans audit, à la tête d’une structure spécialement créée pour elle, dénommée « délégation à l’organisation du secteur informel ». C’est Mr Henry Gaperi, un Canadien d’origine rwandaise, qui a été nommé Commissaire Général de l’Office Togolais des Recettes (OTR), en conseil des ministres le 15 janvier 2014, par le
Gouvernement Togolais. Son expérience annoncée par le Gouvernement serait la suivante : un ex-Commissaire général de l’Office rwandais des recettes, un ex-Directeur de la Caisse de sécurité sociale du Rwanda, un ex- Président de la Banque de Kigali et un ex-conseiller au Fonds monétaire international. L’OTR a pour mission de « lutter contre le détournement des fonds publics, les fuites fiscales et autres pratiques malveillantes qui nuisent à l’économie togolaise ». Pour lui, «
il est question pour le Gouvernement de lutter contre le détournement des fonds publics et les fuites fiscales et autres pratiques malveillantes que le prédécesseur, en l’occurrence Ingrid Awadé, a laissés passer, et c’est un euphémisme. Mais pourquoi pas un audit pour que la population togolaise puisse savoir l’état des comptes à l’arrivée de Mme Awadé et à son départ ? L’ardoise ne doit pas toujours
systématiquement être payée par les citoyens-contribuables, augmentant la pauvreté dans le pays. Si les méthodes passées mises en œuvre à l’OTR
ne sont pas corrigées et doivent dorénavant s’appliquer dans le secteur informel, il faut s’attendre à une « informalisation » complète des comptes du secteur informel… Ne s’agit-il là pas d’un manque de transparence en voie d’organisation ? Quel dommage pour la crédibilité de la Présidence togolaise et par extension du Togo ! »
Aujourd’hui, ce sont quatre commissaires qui viennent de prendre fonction. Vingt autres suivront très bientôt à l’issue de tests. Prendront-ils aussi fonction dans des structures qu’ils sont appelés à assainir sans avoir pris connaissance de leurs
passifs ?
L’OTR a pour mission de « lutter contre le détournement des fonds publics, les fuites fiscales et autres pratiques malveillantes qui nuisent à l’économie togolaise ». Seuls des audits de l’existant pourront situer tout le monde sur les ambitions de transparence du nouveau Commissaire général. A moins qu’il ne soit déjà phagocyté par le système.


Abbé Faria

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