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Violences politiques au Togo de 1958 à 2005: Prise en charge médicale et psychique des victimes (Reportage)

Publié le vendredi 20 septembre 2019  |  Agence de Presse Togolaise
Bilan
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
Bilan à mi-parcours par le HCRRUN de la phase d’indemnisation et de prise en charge des victimes les plus vulnérables des violences socio-politiques de 1958-2005 au Togo
Lomé, le 16 février 2018. Cité OUA. Bilan à mi-parcours de la phase d’indemnisation et de prise en charge des victimes les plus vulnérables des violences socio-politiques de 1958 à 2005 du HCRRUN. Sa présidente et certaines victimes expriment leur satisfaction. Ce fut à l’occasion d’une conférence de presse dans les nouveaux locaux de l’institution. Les différents acteurs de ladite phase ont présenté leurs rapports provisoires des activités menées depuis le mois de décembre 2017. Un autre groupe d’une vingtaine de victimes attend pour bénéficier des mêmes prestations dans les jours à venir, précisément le 19 février. Pour l’année 2018, l’Etat a promis mettre à la disposition de ces victimes une enveloppe de cinq milliards de fcfa.
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Le Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) dans sa mission de procéder à la mise en œuvre des recommandations et du programme de réparation élaborés par la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) a sollicité les services des médecins, des psychologues et des ONG pour la prise en charge médicale et psychique des victimes.
L’équipe de professionnels des médias d’Etat et privés togolais et de la radio BBC retenus pour évaluer, du 28 juillet au 10 août, l’impact de la mise en œuvre des réparations individuelles sur les victimes bénéficiaires et les populations en général a rencontré, Dr Serges Michel Kodom de la Clinique internationale Dr Kodom (CIK), M. Awesso Laurent, master en santé mentale au service de psychiatrie du CHU Kara et le psychologue Kawélé Essoyomèwè Pilakani du CHR Tomdè (Kara) qui dans des interview, expliquent ici le processus de prise en charge médicale et psychologique des victimes.



Pour le Dr Serges Michel Kodom, médecin interniste expert agréé par les tribunaux et président de l’ONG AIMES Afrique retenue par le HCRRUN dans le cadre de la mise en œuvre des indemnisations, fondamentalement AIMES Afrique a pour responsabilité d’accompagner ce processus dans l’évaluation des victimes qui ont été identifiées et classées selon les recommandations de la CVJR.
«Dans la prise en charge des différentes pathologies, la présidente de HCRRUN, Mme Awa Nana-Daboya a estimé qu’avant l’indemnisation financière, il fallait d’abord faire l’état psychique des victimes du fait que le temps a coulé entre l’évaluation des victimes par la CVJR et l’indemnisation et par conséquent certaines victimes ont vu leur pathologie s’aggraver. D’où est venue l’idée d’associer AIMES Afrique dans cette expertise», a confié Dr Kodom.


«Lorsque nous avons dépouillé toutes les listes des victimes du fichier établi par la CVJR, nous avions identifié certaines pathologies en fonction des 10 spécialités des médecins retenus pour accompagner le HCRRUN dans la prise en charge de ces victimes. Parmi ces spécialités, il y avait un aspect particulier qui concernait la réévaluation psychologique qui a amené les psychologues a catégorisé deux groupes de victimes, notamment les vulnérables et les non vulnérables.
Que ce soit les victimes vulnérables ou non vulnérables, les psychologues ont consulté pratiquement toutes les victimes de la base de donnée laissée par la CVJR et lorsqu’il s’agissait de la prise en charge des victimes vulnérables il y avait beaucoup qui portaient des séquelles. Nous avons travaillé de façon autonome pour que les malades même si les pathologies ne peuvent pas être prise à Lomé qu’ils soient évacués à l’étranger, car le chef de l’Etat avait donné son accord de principe pour que toute les victimes soient bien prises en charge que ce soit à Lomé ou à l’étranger » a poursuivi le président de AIMES Afrique.


Dr Kodom a relevé que toutes les structures sanitaires publiques ou privées qui ont été identifiées dans l’accompagnement ont été à la hauteur de leurs tâches car toutes les victimes recensées ont été prises en charge au Togo.
Il a salué la collaboration entre les différents directeurs de CHU et leur personnel et aussi avec le personnel de la CIK qui a permis que les analyses soient faites et les résultats vite mis à la disposition des médecins spécialistes qui se sont volontairement engagés dans ce processus. Le président de AIMES Afrique a souligné que des patients ont été opérés, réopérés pour que les séquelles que portaient ces victimes soient réparées, ce qui a entrainé a-t-il dit, un taux de satisfaction de 98%.
Prise en charge psychique des victimes

Au CHU de Kara, M. Awesso Laurent a indiqué qu’avant l’admission des patients, il les accompagne par rapport à leur environnement c’est-à-dire comment faire pour les amener à avoir confiance à l’environnement dans lequel ils vivent. Il s’agit d’un accompagnement avec la psychothérapie de soutien pour leur permettre d’accepter la nouvelle communauté dans laquelle ils vivent. Avec la dernière victime prise en charge psychologiquement, il a utilisé des produits psychiatriques car le patient avait des troubles de sommeil et de comportement. « Nous avons des produits pour le traitement de ces pathologies et après il a été libéré et pris des rendez-vous pour le contrôle », a confié M Awesso.


M Awesso a affirmé que pour les cas où les victimes développent les troubles mentaux suite à des violences, il lui revient de les rassurer en leur expliquant que toutes les personnes ne se ressemblent pas et les moments qu’elles vivent actuellement sont bien différents des moments où elles ont eu à subir ces violences par rapport à leur milieu antérieur. « Si le traitement demande des médicaments, nous les utilisons mais il y a aussi des volets d’entretien avec la victime seule », a-t-il poursuivi.
Cette prise en charge a beaucoup amélioré la santé mentale et physique des victimes car elles éprouvaient des difficultés pour l’achat des produits et même pour se nourrir. « Avec l’aide de HCRRUN, les parents ont pu acheter les produits et payer les frais liés à l’hospitalisation et autres prestations, d’ailleurs les factures étaient directement adressées au HCRRUN» a-t-il révélé.


Au CHR Tomdè, Dr Kawélé Essoyomèwè Pilakani qui s’occupe psychologiquement de Mme Simdjolo Hodalo, victime des violences de Bodjé en 1991, a confié aux journalistes que sa patiente présentait des signes cliniques de la dépression ainsi que la timidité, la peur et l’anxiété. Ce sont ces signes qu’il a eu à concrétiser et à gérer avant que son état psychique ne s’améliore. « J’ai discuté avec son mari qui m’a dit qu’actuellement il n’y a plus une tristesse en elle. Elle se montrait triste ; il y avait une peur en elle, la peur de tout objet et des personnes. Il suffit qu’elle entende un petit bruit, elle sursaute. Ce matin je l’ai rencontré ensemble avec son mari ; j’ai constaté qu’il y a une nette amélioration », a-t-il indiqué.
Dr Kawélé a expliqué que c’est cette action de prise en charge psychologique du HCRRUN qui a conduit à ces résultats. « Le moteur de l’individu c’est le psychisme, le mental, c’était à Bodjé qu’elle a vu ses parents torturés ce qui a entrainé un choc émotionnel et elle s’attaque à tout le monde. A travers une psychothérapie individuelle de soutien, j’ai essayé d’une façon psychologique de l’amener à oublier le passé en lui expliquant ce qu’elle ne comprenait pas et en fin de compte, elle a fini par comprendre et essayé de pardonner et d’oublier le passé », a-t-il conclu.


Dans la prochaine parution, l’ATOP vous présentera le rôle du comité de gestion des fonds spéciaux et de l’Union togolaise de banque (UTB) dans le processus d’indemnisation.
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