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Climat : un sommet de l’ONU pour agir, et après ?

Publié le mercredi 16 octobre 2019  |  UN NEWS
Dégâts
© aLome.com par Parfait
Dégâts des dernières inondations engendrées par de fortes pluies dans le sud Togo, depuis le début du mois de juin 2015
Lomé, 16 juin 2015, Quartier Cacaveli. Même après les pluies, les eaux continuent de cohabiter avec les habitants dans cette partie de Lomé.
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Les gens du monde entier doivent accepter un « changement fondamental » pour lutter contre le changement climatique et atteindre l'objectif de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 degré Celsius, explique Claudio Forner, d’ONU-Climat à Bonn, dans un entretien avec ONU Info après la tenue du Sommet Action Climat en septembre.



Claudio Forner dirige ‘Ambition’, une équipe au sein d’ONU Climat qui analyse les engagements pris par les pays, les régions et les villes du monde en matière de lutte contre le changement climatique. Ces engagements sont essentiels pour contribuer à ralentir le réchauffement planétaire.

Des dizaines d'engagements ont été pris lors du Sommet Action Climat 2019 organisé par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres à New York en septembre.

Parmi ceux-ci, l'un des plus importants est la volonté de nombreux pays d'atteindre d'ici 2050 un niveau où le solde net des émissions de dioxyde de carbone (CO2) nocif est maintenu à zéro.

Que signifie zéro émission nette de CO2 dans la pratique ?

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a indiqué qu’il était important de respecter l’objectif de zéro émission nette de dioxyde de carbone ou de CO2 d’ici 2050, afin de ne pas augmenter les températures mondiales de 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels.

Cela ne signifie pas zéro émission car il est sans doute irréaliste de suggérer que les émissions pourraient être entièrement éliminées. Cependant, les émissions de CO2 résiduelles qui en résultent doivent être compensées par des captages de carbone. Ainsi, par exemple, vous pouvez capter le CO2 de l'atmosphère en plantant plus d'arbres. Il existe également de nouvelles technologies capables de capturer ou d’éliminer le CO2.

Etes-vous optimiste sur le fait que cela puisse être réalisé ?

Il ne s’agit pas d’être optimiste. Si nous ne le réalisons pas, nous aurons une catastrophe mondiale d’ici 50 ans. Le GIEC est clair en affirmant qu’il faut un changement fondamental impliquant tous les citoyens du monde. Je suis donc plus inquiet qu’optimiste et je pense qu’il est crucial de mobiliser la communauté internationale. Ce qui me rend un peu optimiste, c’est que nous ayons vu des exemples d’engagements pris lors du Sommet Action Climat. Si vous voulez planter une forêt, commencez par un arbre. La société civile et les jeunes ont également lancé des signaux forts réclamant des changements.

À quoi ressemblera cette catastrophe ?

Une augmentation de la température mondiale entraînera davantage ce que nous commençons à voir maintenant ; le climat devient fou. Les ouragans sont plus forts et plus fréquents, du type que nous voyons dans les Caraïbes. La sécheresse sera plus persistante et les pluies torrentielles irrégulières affecteront l'agriculture et les moyens de subsistance. La fonte des glaces arctiques accélérera l'élévation du niveau de la mer, entraînant des inondations mondiales susceptibles de déplacer des millions de personnes. En bref, si nous n’agissons pas maintenant, nous verrons des effets beaucoup plus extrêmes et destructeurs du changement climatique.


Quelles initiatives auraient le plus d’impact ?

Un changement dans la manière dont nous produisons et consommons de l'énergie est essentiel, de même que la manière dont nous gérons nos terres, notamment pour produire nos aliments. Parmi les initiatives qui nous viennent à l’esprit, citons celles qui éliminent le charbon dans la production d’énergie et augmentent les énergies renouvelables, qui augmentent l’efficacité de la consommation d’énergie, qui mettent l’accent sur les transports en commun et les améliorent, qui éliminent la déforestation et modifient nos mauvaises habitudes.

Il est important de développer des politiques parallèlement aux nouvelles technologies afin de réduire les émissions de CO2. Plusieurs pays participant au sommet, par exemple le Chili, l'Allemagne, l'Italie et la Nouvelle-Zélande se sont engagés à abandonner le charbon. C'est un geste audacieux. D'autres pays, comme le Guatemala, se sont engagés à restaurer 1,5 million d'hectares de terres forestières d'ici 2022 et le Nigéria a annoncé qu'il emploierait des jeunes pour planter 25 millions d'arbres.

Plus de 60 pays se sont récemment engagés à réduire leurs émissions nettes de carbone à zéro d'ici 2050, mais pas les plus gros pollueurs du monde - la Chine, les États-Unis et l'Inde. Est-il logique de ne pas avoir ces trois grands ?

C’est impressionnant que le sommet ait motivé autant de pays en peu de temps. Bien sûr, dans un monde idéal, vous voudriez que tout le monde soit de la partie, mais nous parlons d’un changement fondamental. Donc, il y a du progrès et donc une raison de célébrer. Cela a une valeur politique, puisqu’un nombre important de pays font preuve de leadership et espèrent que d’autres suivront. Du point de vue technologique, il est également important de montrer qu’il est possible de passer à zéro émission nette de CO2, que les solutions sont disponibles.


Il est important de mentionner que les villes et régions à fortes émissions des plus grands pays ont également rejoint l’appel à zéro émission nette. Parmi elles, des villes de Chine et de Californie aux États-Unis ont défini des objectifs ambitieux en matière de neutralité carbone. Et au sommet, près de 90 multinationales telles que Danone, Nestlé et IKEA se sont engagées à mettre en œuvre l'objectif de 1,5 degré dans leurs activités.

Dans quelle mesure le manque d'investissement et de volonté politique constitue-t-il le principal obstacle ?
Il n'y a pas de manque d'argent dans le monde, le problème réside davantage dans les produits où ces fonds sont investis. L'élément clé est la volonté politique. Si les gouvernements peuvent adopter des politiques qui reflètent la volonté de la population face au changement climatique, ils seront en mesure d'influencer et de légiférer sur la manière et la localisation des investissements.

Quels sont les avantages en dehors de la réduction du réchauffement climatique ?

De nombreux pays sont en train de passer à une croissance durable à faible émission de carbone, car ils en voient les nombreux avantages. Un air plus propre signifie une amélioration de la santé et du bien-être psychologique. Il y a des opportunités de création d'emplois. Selon les estimations de l'ONU, 65 millions d'emplois à faible émission de carbone pourraient être créés d'ici 2030. Par exemple, l'Organisation internationale du travail (OIT) annonce la création de 2,5 millions d'emplois dans les énergies renouvelables, compensant les quelque 400.000 emplois perdus dans la production d’électricité à partir de combustibles fossiles. Et six millions d'emplois peuvent être créés en passant à ce que l'on appelle une « économie circulaire », qui comprend des activités comme le recyclage et la réparation.

En fin de compte, cette transition, cette transformation mondiale, représente un nouveau monde auquel nous devons nous adapter, ce qui entraîne des coûts, mais aussi d’énormes possibilités.


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