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TOGO: Ces prisonniers récidivistes
Publié le mercredi 19 fevrier 2014  |  Autre presse


© Autre presse par DR
Façade prison civile de Lomé


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« Un prisonnier est plus possédé de l’idée de s’enfuir que son gardien n’est possédé de l’idée de le garder. Donc un prisonnier doit toujours réussir à se sauver »
(Jules Verne)

La semaine dernière, les feux de l’actualité étaient partiellement portés sur le milieu carcéral togolais à travers un événement dénommé la Semaine du détenu. L’administration pénitentiaire, initiatrice de ces journées, y revenait ainsi pour la quatrième fois. Le quotidien des détenus, leurs conditions de détention, les soins de santé, les chiffres, etc. tout est donc passé
une fois encore au peigne fin. Vu la situation, il parait à plusieurs égards intéressant de s’y arrêter. Car « nous sommes tous des prisonniers en sursis » comme le dirait l’autre et nul n’est véritablement à l’abri du séjour carcéral. Pendant que nous y sommes encore comme des « hommes libres », jouissons de nos libertés pour défendre celles des autres.
Les chiffres sont effarants et inquiétants: décembre 2012, la population carcérale qui était de plus de 4000 détenus est réduite d’un millier de personnes. Et un an plus tard, soit en décembre 2013, les chiffres sont partis en flèche dépassant plus de 4000 âmes. C’est indéniable et l’administration pénitentiaire togolaise le reconnait: « la population carcérale est en perpétuelle et forte croissance ».

Une autre peur, et c’est là, le véritable phénomène qui devrait à la fois effrayer et faire réfléchir.
Selon les chiffres de cette administration, « sur cinq détenus libérés, au moins trois retournent en prison ». Ainsi il va sans dire que la lutte contre la récidive devrait être une priorité car on pourrait bien se demander à quoi sert une prison qui ne se préoccupe pas du devenir ou de la réinsertion sociale de ses détenus.

Dès lors, c’était un immense coup de surprise que d’entendre toutes les autorités pénitentiaires qui se sont succédées avec simplement de la grandiloquence, de décocher les flèches
de solutions au problème carcéral dans des directions autres, que celles de la récidive. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, chargé des Relations avec les institutions de la République, Koffi Essaw, est lui-même le premier à commettre ce ratage.

Dans son allocution au lancement de cette semaine des détenus, le Ministre Evangéliste tout en annonçant « l’engagement du gouvernement à résoudre à la racine les problèmes
», s’est borné dans son catalogue de propositions à parler des difficiles conditions de détention, des questions relatives à l’alimentation et aux soins de santé, etc.

Aucun Togolais n’ignore en réalité que tous ces problèmes évoqués par le Ministre constituent en effet le lot quotidien des prisons. Mais il apparait tout autant impératif de faire
de la mesure de la récidive le problème même à la racine. Car si 60 % des détenus sont des récidivistes, autant dire que les mesures de clémence que clament les autorités pénitentiaires sont loin d’être la panacée. Si 60 % d’un groupe de détenus remis en liberté, doit y retourner chaque fois, il y a péril en la demeure. A cette allure, un simple calcul d’enfant nous permet de voir que nos prisons risquent d’ « exploser » par la pléthore, dans quelques années. Il faut
ajouter à ce fait, le séjour paisible que devient l’univers carcéral pour certains mafieux qui continuent leurs affaires intra-muros et qui ne sont guère pressés d’en sortir.
La mesure de la récidive pourrait d’ailleurs être la manière noble de considérer les détenus comme des citoyens à part entière. C’est ainsi qu’ils seront utiles pour la prison
et pour la société.

Ivan Xavier Pereira

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