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Tribune libre/Lettre ouverte aux candidats au scrutin de 2020

Publié le vendredi 20 decembre 2019  |  TOGO DEBOUT
Conférence
© aLome.com par Edem Gadegbeku et Jacques Tchako
Conférence de presse du Front citoyen "Togo Debout" et annonce de plusieurs actions de mobilisation populaire
Lomé, le 03 avril 2018. Maison de la Santé. Conférence de presse du Front citoyen "Togo Debout" et annonce de plusieurs actions de mobilisation populaire.
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Pour une fois, cette tribune va s’adresser directement à un groupe d’acteurs de la vie sociopolitique du Togo : il s’agit des candidats à la prochaine élection présidentielle de 2020.


Cette tribune ne s’adresse pas à eux comme formant un groupe mais à chacun individuellement, car chacun a posé l’acte de devenir candidat en son nom personnel, ce qui explique le tutoiement qui n’est donc pas une forme de familiarité et de non-respect.


Toi, candidat à la présidentielle de 2020, nous ne trouvons pas de réponse à un certain nombre de questions, et parce que nous supposons que cela doit être le cas de la plupart des citoyens togolais, nous nous sentons obligés de poser publiquement ces questions, dans l’espoir que tu prendras la peine de donner une réponse publique aux Togolais. Si tu as choisi de poser ta candidature, ce n’est certainement pas pour la forme, c’est pour devenir président de la République Togolaise, n’est-ce pas ? Cela signifie que tu as calculé comment mettre toutes les chances de ton côté pour gagner les élections présidentielles.


Alors pourquoi toi-même, tous ceux qui te soutiennent, faites-vous comme si vous ne connaissiez pas le pouvoir en place ? Va-t-il organiser des élections pour les perdre ? Ça ne s’est jamais vu sur la terre de nos aïeux depuis 2005 ! Alors, si tout le monde sait cela, les centaines de milliers de personnes qui vont voter pour toi (puisque tu espères bien gagner, n’est-ce pas ?) es-tu sûr qu’elles sont toutes inscrites sur
les listes électorales ?

Es-tu sûr que grâce à la campagne que tu vas organiser, de nouveaux électeurs vont être convaincus de
voter pour toi ? Et si par hasard ils faisaient partie de ceux qui n’ont pas pu s’inscrire ? Et la question du vote de la diaspora que plus personne n’évoque ? N’aurais-tu pas par hasard hors des frontières du Togo, des personnes qui aimeraient voter pour toi ? Ou bien leurs voix ne seraient pas nécessaires pour ton élection ? Ou bien, aurais-tu déjà ton compte de voix pour gagner au point de négliger toutes celles des non-inscrits ?

Pourquoi ce silence qui risque de devenir très vite un silence coupable ? Et même si tous tes électeurs étaient inscrits, es-tu sûr du comptage régulier des suffrages ? Que va-t-il se passer dans les bureaux de vote, comment les résultats seront-ils transmis ? Le pouvoir en place a-t-il donné des garanties en ce sens? La CENI te semble-telle suffisamment indépendante pour piloter des élections que le pouvoir en place veut organiser envers et contre tout ? Pourquoi ce silence si assourdissant de ta part ?



Est-ce après la proclamation des résultats que tes partisans et toi allez descendre dans les rues pour protester, au risque d’être traités de mauvais perdants ? Ou bien la composition de la Cour Constitutionnelle te semble-t-elle rassurante au point que cette institution te semble à même de traiter les recours en toute impartialité ? Pourquoi ce silence calculateur ?


Si tu aimes la transparence et la justice, si tu veux gagner des élections dans la dignité et la clarté, comment peux-tu accepter que des candidats indépendants aient tant de mal à se présenter ? En effet, il faut pour être candidat, verser une caution d’au moins 20 millions de francs CFA, selon la décision du Gouvernement, et justifier de 2000 signatures d’électeurs
provenant de dix préfectures (200 électeurs par préfecture !) soit du tiers du pays, selon le Code électoral : tout cela ne fait-il pas partie de l’arsenal mis en place pour que toujours les mêmes gagnent les élections ? Où se trouve ton indignation citoyenne ?


Il en est de même des difficultés à se faire agréer comme observateur. Dix règles ont été édictées à ce propos par la CENI et s’appliquent sans autre forme de procès. Les citoyens ont-ils été consultés avant d’établir ces règles ? Qui a donné ce pouvoir à la CENI ? Et toi candidat, a-t-on demandé ton avis à ce sujet ? Pourquoi cette passivité ?


Une des règles stipule que l’organisation qui veut observer les élections doit justifier de ses sources de financement au-delà de 200 observateurs à déployer ? Pourquoi ? En quoi cela regarde-t-il la CENI ? Par ailleurs, «Toute organisation voulant observer cette élection présidentielle ne doit pas appartenir à un organisme ayant exprimé antérieurement une position partisane sur des questions politiques » dit une des règles. Qui décide de ce qu’est une position partisane ?

La CENI qui travaille de concert avec le parti au pouvoir ? Qu’est ce qui justifie ton mutisme ? Comment se fait-il que tout cela ne te révolte pas au point que tes partisans et toi, ne soyez pas dans les rues en train de réclamer que tout soit remis à plat, qu’on prenne le temps de discuter, de s’entendre avant les élections, de manière à ce qu’après la proclamation des résultats il n’y ait plus de contestation ? Pourquoi et pourquoi cette
indifférence ?

Un vivre ensemble dans la paix est-il possible avec ces injustices ? Qui a intérêt à ce que les choses se passent comme c’est le cas actuellement ? Le pouvoir en place, évidemment, car il ne peut pas se permettre de soumettre son bilan largement négatif au suffrage des urnes. Mais toi, qu’as-tu à gagner dans tout cela ? Ou ferais-tu partie de ces fins calculateurs qui pensent sortir en deuxième position au premier tour des élections (Peut-on avoir pour ambition de laisser la première place à ceux qui ne soucient pas du bien-être de la population ?

C’est vraiment révoltant pour le citoyen qui souffre au quotidien) ? Au second tour ces fins calculateurs seraient alors en position de force pour négocier des alliances avec d’autres candidats… Pourquoi ce qui t’intéresse c’est après le premier tour et non avant dans le contexte particulier de notre pays ? Mais qui a dit que celui qui gagne toujours va accepter d’organiser un second tour, on a déjà vu en Afrique des candidats gagner dès le premier tour, pourquoi pas au Togo ? Ou bien toi, candidat dit d’opposition, aurais-tu eu des garanties dans ce sens ? On te ferait l’aumône de te laisser la chance d’avoir un strapontin dans le prochain gouvernement si tu laisses l’éternel gagnant, sortir encore une fois vainqueur des prochaines élections ?



Tu ne te rends pas compte, cher candidat, de la lassitude des citoyens qui ont du mal à se nourrir et à nourrir leur famille, à se soigner et faire soigner leur famille, à scolariser leurs enfants ! Tu ne mesures pas, cher candidat, le ras-le-bol d’une jeunesse qui finit par se sentir sans avenir, condamnée à conduire des zemidjan, son diplôme plié dans sa poche ou à aller
mourir dans les geôles libyennes ou dans une embarcation de fortune en Méditerranée !

Tu ne ressens certainement pas le désespoir des plus âgés qui pensent qu’une vie de travail et de sacrifice n’aura pas permis d’assurer un avenir à leurs descendants ! Et surtout, tu ne te rends pas compte que la désaffection que le citoyen moyen a pour la classe politique, vient de ton manque d’attention au désir de changement des citoyens, que cette désaffection risque de précipiter le Togo, dans des solutions que n’adoptent que les désespérés, celles de la violence ! Pourquoi ne prends tu pas alors l’exigence de la transparence, de la crédibilité des élections comme justes moyens du refus de la violence ?


Il est encore temps, cher candidat, tu as encore le temps de faire ce que ferait le candidat derrière lequel tout le peuple se rangerait comme un seul homme : il se battrait bec et ongles pour obtenir que ces élections présidentielles soient les premières véritablement transparentes depuis 2005 ; il irait frapper à toutes les portes pour cela ; il supplierait les
citoyens de se mobiliser pour cela, de ne pas se décourager et de continuer à crier : on ne sait jamais peut-être le système en place finira-t-il par entendre raison ? Jusqu’au 21 février, n’as-tu pas le temps de protester ? N’est-ce pas cela être d’abord un citoyen utile pour son pays et pour un Togo de bonheur pour tous ?


Et si avec d’autres candidats, tu décidais de prendre le risque d’être totalement du côté des citoyens, en mettant ta priorité dans des élections justes et non dans l’habit de président ou de ministre de la République ?


Par Maryse QUASHIE et Roger E. FOLIKOUE



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Publié le: 15/12/2019  |  aLome.com Radio

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