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Présidentielles togolaises : Un scrutin verrouillé ?

Publié le jeudi 6 fevrier 2020  |  Golfe Info
1ères
© aLome.com par Edem Gadegbeku & J. Tchakou
1ères heures de campagne de la présidentielle de 2020: Fabre et Gnassingbé s`affichent
Lomé, le 06 février 2020. Tour dans plusieurs quartiers sur différents axes routiers. 1ères heures de la campagne de la présidentielle de 2020. Les opérations de charme électoral timides pour l`heure dans la capitale togolaise.
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Des élections aujourd’hui sans grands enjeux. Des consultations qui ne soulèvent guère d’enthousiasme chez des populations, pourtant déjà très « politisées », à la limite vindicatives, et qui ces dernières années, n’ont pas manqué, à maintes reprises, de se prononcer bruyamment, sur nombre de sujets.

Il faut bien remonter aux années 70 – 80, pour vivre un tel désintérêt, à l’égard d’une consultation, pourtant hautement capitale. C’est dire, tout le désenchantement, ce sentiment général, d’un scrutin remporté d’avance, avant même le vote.

Le Togo, un pays verrouillé ?


Difficile pour le commun des togolais, de penser le contraire. Les expériences passées et présentes, tendant à le conforter dans ses sentiments. En effet, depuis 2005, avec le décès de l’ex-Chef de l’Etat Eyadèma Gnassingbé, et une succession heurtée, qui s’est muée en prise de pouvoir par son fils, et «héritier désigné » (?)

Faure Gnassingbé, les élections se suivent et se ressemblent, au grand dam des partisans d’un changement institutionnel profond. Un besoin bien ressenti chez une jeunesse, pourtant majoritaire dans un pays, et qui depuis le début des années 90, a vu systématiquement ses aspirations étouffées, tant dans la rue, que dans les urnes. Année donc après année, de désenchantements en désenchantements, on a commencé à ne plus y croire, tant l’on a vu ses espoirs s’envoler, et finalement ne rester, que le goût amère de la désillusion.


Des institutions aux ordres (?)


Un pays verrouillé, synonyme d’institutions de la République aux ordres, toutes acquises au pouvoir en place, sans réelle ouverture, et ne laissant guère de recours, à des populations, qui ont plus le sentiment de subir, que de participer à une quelconque gestion des affaires publiques.

Sur le plan politique, à défaut d’un retour au système de parti unique, on est bien dans le schéma type d’un système politique de parti dominant, où toutes les institutions politiques et administratives, se retrouvent quasiment aux mains du pouvoir politique. C’est le cas aujourd’hui du gouvernement, du parlement presque monolithique, de la Cour constitutionnelle, de la Cour des comptes, du pouvoir judiciaire, des différentes administrations publiques, et plus encore, des municipalités, dont les 2/3 se retrouvent aux mains d’un pouvoir, qui pourtant pendant des décennies, a freiné des quatre pieds, pour ne pas aller à la décentralisation administrative, qui risquait bien de lui faire perdre ses moyens.


Dernières institutions clés sous contrôle, la Commission électorale (CENI), que l’opposition politique n’a de cesse de dénoncer la partialité et la non-indépendance. Et enfin, le pouvoir sécuritaire et de maintien d’ordre, essentiel pour la coercition, et pour étouffer toutes contestations.

Une opposition en manque d’inspiration et de crédibilité


Une opposition aujourd’hui à la limite de l’usure, après près de trois décennies d’une lutte sans fin, où beaucoup ont presque tout perdu, y compris conviction et énergie. Et c’est de plus en plus sans grande conviction, sinon le besoin de continuer d’exister, que plusieurs acteurs, sont obligés de poursuivre « la grande marche», en attendant un hypothétique miracle.

Une bouffée d’air, qui pourrait arriver, des populations elles-mêmes, lassées de subir, ou d’une erreur politique du pouvoir lui-même, qui précipiterait sa chute. La parenthèse de 2017, étant encore dans les esprits, où une contestation populaire, sur fond de revendications politiques et sociales, durant quelques mois, a mis en difficultés un pouvoir cinquantenaire, qui s’assoupissait.


Depuis, la mobilisation est retombée, le pouvoir dans l’intervalle, ayant profité de l’accalmie, pour remobiliser ses partisans, resserrer ses rangs, et redéployer ses dispositifs sécuritaires. Et l’ordre règne à nouveau. Toute contestation, étant étouffée dans l’œuf, avant même de naître. Ceci, systématiquement.

Une élection jouée d’avance


Un sentiment bien réel, et que pouvoir et opposition semblent partager. Y compris les populations, aujourd’hui désabusées, et qui croient de moins en moins, à la crédibilité des élections au Togo.

Au niveau du pouvoir, sauf cataclysme, les prochaines consultations apparaissent davantage, comme une formalité, parce que de l’avis d’un tenant du système, « tout est sous contrôle, et déjà bien verrouillé». Et de balayer d’un revers de main, l’idée même de toute surprise ; « on ne nous y reprendra plus. Pas deux fois… ». Du côté de l’opposition politique, si on n’est pas dupe, on n’y va pas non plus avec foi et conviction. «On ne croit guère en la bonne foi d’un pouvoir, habitué à gagner par la fraude », avoue ce haut cadre d’un parti politique, qui pourtant sera à ces élections.

Mais alors, pourquoi participer à un jeu, dont les dés sont pipés d’avance, et sus de tous ? « Parce que la nature a horreur du vide. Ne pas y prendre part, c’est ouvrir la voie à un adversaire, pour affirmer demain son leadership », relève sombrement ce chef d’opposition. Comme quoi, la politique a ses raisons, que la raison ne connaît pas. Et au Togo, plus encore.



Jean-Laurent Ohlin






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