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Jean-Pierre Fabre est-il politiquement fini ?

Publié le mercredi 26 fevrier 2020  |  Linformateur
Locales
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchakou
Locales 2019: Après avoir accompli son devoir civique, J-P Fabre a dénoncé des velléités de fraudes dans le Golfe 4
Lomé, le 30 juin 2019. Locales 2019. Centre de vote de Kodjoviakopé (Golfe 4). Après avoir accompli son devoir civique, J-P Fabre a dénoncé des velléités de fraudes dans cette commune.
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Sans doute que la journée du 22 février aura été le jour le plus long de l’histoire politique de Jean-Pierre Fabre, le président de l’Alliance Nationale pour le Changement et candidat du parti à la présidentielle. Non seulement celui qui était jusqu’à ce jour le patron de toute l’opposition n’a pas réussi à se hisser en seconde position comme le pensaient beaucoup, mais en plus il essuie la plus cuisante humiliation de sa carrière politique.

Les résultats provisoires donnés par la CENI place le candidat de l’ANC en troisième position avec un minable score de 4,35% de voix, très loin des 35,19% de 2015 et des 33,9% de 2010. Une cuisante déculotté qui s’explique par plusieurs facteurs. Mais pour l’heure, la question que se posent beaucoup de Togolais porte sur l’avenir politique de Jean-Pierre Fabre. L’ancien lieutenant de Gilchrist Olympio peut-il renaitre de ses cendres ?

Une chose est sûre aux yeux de beaucoup de personnes, ce score de 4% ne reflète pas le poids politique de l’ANC. Même si le parti a pris le risque de s’esseuler pour cette élection, le score ne devrait pas faire dire que l’ANC ne pèse que 116.685 électeurs. Les électeurs d’Agbéyomé Kodjo pourraient bien l’avoir choisi uniquement par défaut. Mais pour Jean-Pierre Fabre, il y a une leçon personnelle à tirer, sa supposée popularité est à mal.

Jean-Pierre Fabre populaire ? Pas si sûr…

Dans la guerre à la popularité, Jean-Pierre Fabre aimait à rappeler à qui veut l’entendre qu’il est le plus populaire de l’opposition togolaise. Mais une chose lui échappe visiblement, il n’a de popularité que par dérogation. Fabre ne surfe que sur la popularité historique de l’Union des Forces de Changement. En quittant la barque UFC, il a emporté avec lui quasiment les 80% des militants. Lui-même n’a jamais réussi à bâtir une popularité personnelle. Il n’y a pour s’en convaincre qu’à regarder les résultats des élections auxquelles il a participé depuis la création de l’ANC.

En 2013 aux législatives, il n’a obtenu que 16 députés sur 91 quand l’UFC en obtenait 27 sur 81 en 2007. En 2019 même si l’ANC se hisse en tête des partis de l’opposition pour les municipales, son score est à des années lumières de celui du pouvoir. Puis 2020 vient démontrer que pris isolément et face à un concurrent plus rusé, l’ANC ne pèse pas grand chose. le leader n’a pas su insuffler au parti le charisme nécessaire pour son implantation. A l’heure du bilan face à l’échec, il faut envisager les solutions draconiennes. Le parti a besoin de faire une mue.

Envisager une retraite politique…

C’est peut-être l’heure de la retraite politique pour beaucoup de leaders de l’ANC y compris M. Fabre lui-même. Ce dernier n’a jamais réussi à bâtir le parti sur de nouvelles idéologies. Les méthodes de l’ANC n’ont été de tout temps que la copie conforme de celles de l’UFC d’antan. Le discours, la rhétorique et les attitudes vis-à-vis des autres n’ont guère changé. Or il se trouve aujourd’hui que la société togolaise s’est profondément rajeunie d’où la nécessité d’une adaptation du discours à l’évolution sociale.

Les attitudes va-t-en-guerre à la limite matamore ne passent plus. Malheureusement, les ténors de l’ANC qui sont d’un certain âge, semblent incapables d’opérer cette nécessaire adaptation idéologique à la configuration sociale du pays. Pour beaucoup d’entre eux, le radicalisme affiché et publiquement assumé est la clé de la réussite et du maintien au devant de la scène politique, mais le scrutin présidentiel a démontré qu’il suffit qu’un autre politique reprenne ce même discours en y mettant un peu de méthode, que les dépositaires soient relégués à l’arrière plan. Le cas Atchadam en a été une belle illustration.

Aussi douloureux que cela puisse paraitre, l’ANC doit envisager une cure de jouvence. Il faut envoyer les vieux briscards au garage, Jean-Pierre Fabre en premier ainsi que ses principaux lieutenants Eric Dupuy, George Lawson, Patrick Lawson, Isabelle Améganvi, Adama Doe Bruce… Ils doivent tous avoir le nécessaire courage d’un recul pour se mettre en embuscade et laisser la jeunesse prendre les devants.

Promouvoir une nouvelle jeunesse avec un nouveau discours…

Les jeunes de l’ANC doivent être promus. Si on dit du parti qu’il est le mieux implanté de l’opposition au Togo et qu’on sait que les 2/3 de la population togolaise sont jeunes, l’ANC nouvelle version doit en faire un allié. Le jeune Togolais est aussi admiratif de ces dirigeants jeunes qui prennent la tête des États dans le monde.

Macron n’avait que 39ans quand il est devenu président en France, Sebastian Kurz n’en avait que 31 quand il prend la tête de l’Autriche. Il n’y a plus de raison de penser que des sexagénaires et septuagénaires soient les mieux placés pour mener la lutte dans l’opposition au Togo.

La présidentielle au Togo a démontré à l’ANC que l’électorat est en quête d’un renouveau sur tous les plans. Il faut mener une analyse froide et tirer les conséquences qui s’imposent comme en Angleterre. En règle générale, au pays de sa majesté, les dirigeants des parti qui conduisent la barque à la dérive en tirent les conséquences et rendent d’eux-mêmes le tablier. L’ANC doit le comprendre comme tel et faire les réformes internes nécessaires à sa survie. On ne peut pas accuser le pouvoir de conservatisme et en son propre sein être réfractaire au changement.

Bien sûr que l’ANC est à la dérive mais la traversée du désert peut déboucher sur un oasis si le parti sait s’y faire.

Policer le discours…

Lors de la présidentielle, le parti orange a peu convaincu les populations dans les messages à la télévision. Le discours est resté plat, sans conviction. On ne gagne pas toujours une élection sans programme et en cherchant permanent à surfer sur les erreurs de l’adversaire à coup de slogans guerriers. Il faut faire sortir le parti de la permanente contestation et le lancer dans la proposition. Le temps du « Ablodé, ablodé, ablodé gbadja » est révolu pour beaucoup de jeunes.

Les slogans du genre, «Tout va mal au Togo » et «50ans ça suffit » sont du dépassé. Que propose le parti de mieux ? Dire à ces nouveaux jeunes de 18 à 34ans, qui n’ont jamais ou que très peu vécu les événements des années 1990 que tout va mal et que le meilleur ne viendra que quand on sera au pouvoir est un leurre que peu d’entre eux sont prêts à suivre. Ce que veulent les jeunes c’est un programme conséquent, un discours cohérent et pragmatique. Sinon, les 4,35% risquent de n’être que les débuts d’une déchéance encore plus retentissante.

Sortir du confort de fief…

Si le Togo a été politiquement divisé entre nord et sud, il va sans dire qu’aujourd’hui, le parti Unir a investi les bastions traditionnels de l’opposition. Le sud n’est plus la chasse gardée de l’opposition mais cette dernière a beaucoup de mal à percer dans le nord. Les résultats de la présidentielle l’ont encore démontré.

Il faut que l’ANC future arrive à percer le voile qui couvre le nord pour s’y implanter. Il ne suffit pas de se dire qu’on a des fédérations de quelques centaines de personnes dans les préfectures et cantons du nord pour croire qu’on y a une assise. Un travail de terrain et de fourmis doit s’y faire pour déloger les zones de réticence à la pénétration de l’opposition. cela ne peut être envisager qu’avec une jeunesse porteuse d’un discours moins clivant et plus rassembleur. Toute chose dont Jean-Pierre Fabre et ses acolytes se sont montrés incapables depuis 2010 où ils ont crée l’ANC.
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Voter pour Fabre en 2020, un devoir civique déterminant pour l`alternance (ISABELLE AMEGANVI)
Publié le: 20/2/2020  |  aLome.com Radio

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