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COVID-19/La CSI-Afrique exhorte tous les syndicats, les gouvernements et les employeurs africains à agir ensemble (Courrier)

Publié le lundi 6 avril 2020  |  CSI-Afrique
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© Autre presse par CSI-Afrique
Le Secrétaire Général de la CSI-Afrique (Confédération syndicale internationale), le Ghanéen Kwasi Adu-Amankwah
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La CSI (Confédération syndicale internationale CSI-Afrique) interpelle l'Afrique via un courrier au sujet du combat continental et syndical contre le COVID-19. Son Secrétaire Général, le Ghanéen Kwasi Adu-Amankwah a adressé, dans ce sens, aux affiliés, un courrier dont "aLome.com" a eu copie.
Ci-contre ce courrier.





CSI – Afrique Lomé, le 05 avril 2020



A l'intention des Présidents et Secrétaires
Généraux des organisations affiliées
à la CSI-Afrique


Objet : COVID-19 : METTONS L’AFRIQUE SUR LE PIED DE GUERRE

Chers collègues,



"Nous revenons une fois de plus avec la question du COVID-19 qui reste pour nous un sujet de vive préoccupation. Nous tenons à vous féliciter [tous] pour les efforts déployés par les syndicats en Afrique en vue de soutenir leurs gouvernements dans le cadre de réponse à la pandémie COVID-19 qui continue de faire des milliers de victimes chaque jour dans le monde.

En Afrique, où le virus a été détecté pour la première fois en mars, les cas d’infections du COVID-19 ont augmenté ; au dernier décompte du 5 avril 2020, les cas ont été estimés à 8.647, avec 385 décès et 742 guérisons. Des cas ont été signalés dans 51 pays, ce qui veut dire que seuls 3 pays africains sont exempts du virus.

Réponses initiales

La CSI-Afrique apprécie à juste titre l’urgence avec laquelle plusieurs gouvernements africains ont traité cette pandémie et se dit sensible aux dangers que cette dernière représente pour nos pays. Nous prenons acte de la fermeture des frontières nationales et des écoles ; de l’instauration de couvre-feux et de la déclaration des urgences sanitaires ; de la restriction des mouvements et des rassemblements de personnes ; ainsi que du confinement partiel et total, qui sont mis en œuvre dans différents pays du continent.

Ces mesures sont accompagnées de divers arrangements socioéconomiques visant à soutenir les entreprises et les ménages, et à encourager la distanciation sociale en vue de prévenir la propagation du virus. En fait, l’expérience de l’Asie, de l’Europe et de l’Amérique, où la pandémie a fait le plus de ravages, indique que le moyen le plus efficace de contenir et combattre ce virus réside dans la rigueur de la mise en œuvre de la distanciation sociale. Cela reste le moyen le plus sûr de combattre ce virus et de l’empêcher de se propager davantage.

Expérience des autres

Le coronavirus a tué des milliers de personnes en Asie, en Europe et en Amérique, depuis qu’il a retenu l’attention du monde entier en janvier de cette année. Il semble que les pays les plus durement touchés par le COVID-19 sont ceux qui n’ont pas mis en œuvre assez tôt des politiques drastiques de distanciation sociale. Ces pays ont laissé le virus atteindre des proportions épidémiques avant de prendre des mesures d’urgence. Par ailleurs, il convient de noter que les pays les plus durement touchés en Europe et en Amérique sont débordés et comptent d’innombrables morts, en dépit de leurs systèmes de santé et infrastructures actuels, relativement plus solides.

Menace pour l’Afrique

Alors que l’Afrique se prépare à faire face à la crise existentielle que lui impose le COVID-19, le continent se trouve complètement exposé à cause de la déficience de ses services publics et sa protection sociale. Le continent est connu pour ses mauvaises infrastructures de santé, ses mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement, son approvisionnement insuffisant en eau potable, son faible approvisionnement en électricité, ses logements de mauvaise qualité, l’absence généralisée de protection des revenus et la montée de l’économie informelle.

Ce sont-là les facteurs qui tourmentent nos différents pays à des degrés divers. Ils posent aux gouvernements africains d’énormes défis dans la mise en place des mesures efficaces de confinement visant à assurer une distanciation sociale effective et d’autres mesures nécessaires destinées à contenir le virus et à l’empêcher de prendre des proportions épidémiques dans nos différents pays.

Si l’on considère l’ampleur des perturbations économiques et sociales déjà causées par le COVID-19 au cours des derniers mois, il convient de noter que cela est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Et s’il faut regarder la vérité en face par rapport à la situation mondiale actuelle, nous devons admettre qu’une guerre mondiale est déjà en cours, où l’humanité est opposée à un virus qui est un adversaire invisible.

Avantage du temps

En Afrique, nous avons eu l’avantage du temps pour évaluer l’ampleur du problème posé par le virus. Nous estimons que nous avons la chance de mieux combattre ce virus et de le faire efficacement, si nous pouvons rassembler la sagesse et le courage requis pour mobiliser nos populations et nos ressources. Certes, dans la plupart de nos pays, la faiblesse de l’infrastructure sanitaire et sociale est aggravée par le manque de confiance entre le gouvernement et le peuple ; la quasi-absence d’un contrat social entre le gouvernant et le gouverné. Cependant, nous croyons fermement que tout n’est pas encore perdu.

La CSI-Afrique estime qu’en puisant suffisamment dans les ressources intérieures, la population africaine, sous la direction des gouvernements, peut lutter avec succès et surmonter cette crise imminente du COVID-19 à laquelle nous sommes confrontés. Nous avons les moyens de créer les conditions nécessaires pour renouveler le contrat social qui semble être rompu entre nos gouvernements et la population.

Mobilisation totale

Les gouvernements africains sont confrontés à l’énorme tâche de rallier nos populations autour de la lutte contre le COVID-19. Nos gouvernements ont le devoir d’offrir un leadership politique et de rassembler les différentes forces politiques et groupes de la société civile en vue de les amener à conjuguer les efforts en ce temps difficile auquel nos sociétés sont confrontées.

Comme en situation de guerre, notre survie collective est en jeu et exige que tous les groupes bien intentionnés de la société unissent leurs forces en vue de lutter contre la menace commune qui pèse sur notre continent.

Tous les groupes qui prétendent représenter la population de diverses manières et toutes les personnes qui revendiquent le leadership à quelque niveau que ce soit ont le devoir de se lever en cette période de crise pour être comptés et assumer la responsabilité associée au leadership.

Les inquiétudes concernant la récession économique ou le ralentissement des économies résultant des mesures d’urgence, aussi légitimes soient-elles, sont insignifiantes par rapport à l’ampleur de la tragédie humaine que représentent les millions de morts qui nous attendent si nous n’agissons pas d’urgence dès maintenant pour contenir le virus et éviter une épidémie à grande échelle en Afrique.

États d’urgence et mettre l’Afrique sur le pied de guerre

Compte tenu de ce qui précède, la CSI-Afrique appelle tous ses affiliés, sans exception, à plaider et à faire campagne en faveur de ce qui suit :

La déclaration d’état d’urgence qui permet à nos gouvernements de mettre nos pays sur le pied de guerre pendant quelques semaines ou quelques mois. Cela permettra la mobilisation de toutes les ressources humaines et matérielles en vue de contenir le virus ; de prévenir une épidémie à grande échelle et d’assurer notre survie en tant que peuple. Pour cela, il faut encourager nos gouvernements à attribuer aux forces armées des tâches dans l’organisation et la mobilisation des communautés et dans la fourniture de biens et de services essentiels, en vue de garantir à la majorité de la population des conditions de survie pendant les périodes difficiles de confinement. De plus, il faut insister sur le fait que les membres des forces de sécurité doivent s’acquitter de leurs tâches de faire respecter les mesures de confinement d’une manière plus civile et plus humaine. Ainsi, les gouvernements sont également mis en garde contre l’utilisation des restrictions requises par les circonstances pour violer et abuser des droits humains de leurs citoyens.


Investissement prioritaire dans la santé publique, avec une attention particulière aux éléments suivants :
la campagne d’éducation et d’information des masses sur les mesures préventives, comme les symptômes du virus; la notification immédiate des symptômes aux autorités sanitaires pour recevoir les soins médicaux; la distanciation sociale; le respect des protocoles d’hygiène prescrits pour prévenir et contenir le virus ;
l’acquisition d’équipement de protection individuelle (EPI) pour les travailleurs de la santé ;
l’augmentation du nombre d’agents de santé et de personnel axillaire ;
la fourniture des tests approfondis et la recherche des personnes ayant été en contact avec des individus infectés par le virus ;
la disponibilité ou la réquisition des locaux d’isolement et de quarantaine de cas avérés et de cas suspects ;
la réquisition de toutes les installations et les ressources nécessaires dans le pays pour poursuivre cette lutte.

L’identification claire des biens et services essentiels qui doivent être produits et distribués pour assurer la survie des populations en état d’urgence. Il s’agira notamment de nourriture, d’eau, d’électricité, de matériel d’assainissement, de matériel médical et sanitaire, de matériel de télécommunication et de communication, et de la mobilisation de notre communauté scientifique, nos responsables d’industrie et de notre main-d’œuvre pour la production de ces biens de première nécessité. À cet égard, il faut, en particulier, lancer un défi à notre communauté scientifique et de recherche, et l’encourager à se faire confiance et à découvrir son ingéniosité, par la recherche et l’expérimentation, à trouver des solutions scientifiques et médicales locales à ce virus, plutôt que de continuer simplement sur le chemin aveugle de dépendance de produits prêts à consommer en provenance de l’extérieur.


Le soutien à la réorientation et à la transformation de l’effort de l’industrie locale, si possible vers la production et la fourniture de biens et de services essentiels.
Les garanties nécessaires en termes de sécurité et protection des travailleurs des biens et services essentiels, et de l’organisation de leur travail de manière à faciliter la tâche de ceux qui peuvent travailler à domicile.

L’institution de mesures de soutien aux travailleurs, notamment :

Congé maladie ;
Subvention salariale :
Complément de revenu ;
Aide alimentaire ;
Allégement de loyers et prêts hypothécaires ;
Soutien au logement.
Les syndicats doivent s’employer à jouer un rôle de surveillance claire en ce qui concerne la garantie nécessaire pour la sécurité et la protection des travailleurs et l’institution de mesures d’aide en faveur de tous les travailleurs.

L’utilisation spéciale des forces armées pour aider à l’organisation et à la fourniture de nourriture et de logement pour nos populations qui vont perdre complètement leurs moyens de subsistance pendant le confinement et qui auront besoin d’un soutien pour survivre pendant cette période, y compris un espace d’hébergement d’urgence pour pouvoir pratiquer la distanciation sociale. A cet égard, envisager l’utilisation éventuelle d’écoles et de lieux de culte vides pour l’hébergement qui tient compte de la distanciation sociale.
L’institution de mesures fiscales et monétaires pour soutenir les petites et moyennes entreprises qui doivent fonctionner pour fournir des biens et services essentiels pendant cette période.
La création de fonds d’urgence pour la lutte contre le COVID-19, auxquels toute personne, y compris les syndicats et les travailleurs, devraient être encouragées à contribuer.

L’appel aux institutions financières internationales afin de permettre aux pays africains d’accéder aux droits de tirage spéciaux et d’obtenir un allègement de la dette qui leur permette de concentrer leurs ressources sur la lutte contre le COVID-19. Les IFI doivent être encouragées à suspendre tous les accords de service et de remboursement de la dette avec les gouvernements africains.
La collaboration entre les pays africains pendant cette période de crise. Les pays et les gouvernements qui peuvent apporter leur assistance a d’autres pays africains qui en ont grandement besoin, doivent le faire au moment où nous luttons tous contre cette pandémie de coronavirus.
Continuer à prêter leur voix à la nécessité d’une coordination internationale solide et élargie dans la lutte contre le COVID-19. Les mesures visant à prévenir et à contenir la pandémie au niveau national ne fonctionneront mieux et plus rapidement que si la stratégie d’engagement multilatéral est cohérente et bien coordonnée.

Ces recommandations sont loin d’être faciles à adopter, mais nous pensons que les situations extraordinaires appellent des mesures extraordinaires en plus d’un leadership courageux et déterminé. La pandémie est une menace existentielle pour l’Afrique et sa population. Par ailleurs, elles offrent à l’Afrique, à ses pays et à ses habitants la possibilité de trouver au plus profond du génie africain la capacité de déclencher le processus de production et de redéfinition de nos vies, en nous appuyant sur nos populations et en faisant la promotion de l’industrie et de la fabrication locales, pour créer ainsi des emplois et des marchés pour nos populations et nos industries.

Dans tout cela, nous appelons nos gouvernements et nos dirigeants à se laisser guider par la connaissance ; à écouter et à se laisser guider par ceux qui ont la formation, l’expertise et le savoir-faire scientifique et technique dans les domaines pertinents. Ce n’est ni le moment de faire de la politique partisane entre les partis au pouvoir et l’opposition, ni la période de se fier aux flagorneurs des partis, même lorsqu’ils n’ont manifestement pas l’expertise ou la compétence.

La CSI-Afrique exhorte tous les syndicats, les gouvernements et les employeurs africains à agir ensemble de toute urgence et en temps utile afin que l’Afrique puisse adéquatement faire face à ce plus grand défi de notre époque, qui touche à notre existence et survie. Nous devons nous rappeler que c’est une question de vie ou de mort, et qu’aucune erreur évitable ne doit être tolérée. Ensemble, unis dans la solidarité et s’appuyant sur la science et les connaissances des experts, avec la prière et Dieu à nos côtés, nous sommes convaincus que l’Afrique et le monde vaincront.

Votre camarade dans le combat, Kwasi Adu-Amankwah Secrétaire Général, CSI-Afrique".



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