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Ahmad Ahmad : "Nous ne pouvons pas envoyer nos jeunes à l’abattoir"

Publié le vendredi 8 mai 2020  |  DW Afrique
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© Autre presse par DR
Le patron de la CAF, Ahmad Ahmad.
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Dans un entretien avec la DW, le président de la CAF estime que le football n'est pas la priorité de l'Afrique en ce moment. La santé reste le plus important. Ahmad Ahmad salue par ailleurs les efforts de solidarité.




Lisez l'interview de la DW avec Ahmad Ahmad, président de la CAF (Confédération Africaine de Football) sur la situation du football africain avec le Covid-19.

DW : Monsieur le Président, quel a été l'impact du coronavirus sur la CAF ces deux derniers mois ?

Ahmad Ahmad : Le coronavirus est très différent des autres épidémies que nous avons connu en Afrique et auxquelles nous sommes habitués, comme Ebola, la dengue, ou encore le choléra. En ce moment, le monde entier fait face à une crise sanitaire très importante, et en Afrique, chaque pays à sa manière d'appréhender cette crise. Il est vrai qu'on peut parler de l'impact qui n'est pas aussi percutant que sur les autres continents; seulement, quand on voit le ratio des tests qui ont été effectués dans ces pays, c'est toujours alarmant, parce que nous manquons de visibilité dans la gestion de cette pandémie en Afrique.

Face à cette situation, la CAF a pris des dispositions : notre première réaction a été de faire en sorte que le personnel, qui travaille au siège (situé au Caire, ndlr), puisse travailler de chez lui. Ensuite, comme partout dans le monde entier, nous avons pris des dispositions pour arrêter complètement les activités footballistiques. Notre priorité, c'est d'abord la santé : c'est-à dire protéger les joueurs, protéger les officiels et protéger le public. Dans toutes les décisions que nous avons prises, dans toutes les démarches que nous avons entreprises, c'était la priorité des priorités.


DW : Ces derniers jours, l'UEFA a demandé aux ligues nationales européennes de trouver un moyen de terminer leur championnat dans la mesure du possible, et cherche même un moyen de terminer les compétitions européennes (la Ligue des champions et la Ligue Europa). La CAF prévoit-elle aussi quelque chose pour le foot africain et les compétitions continentales ?

Ahmad Ahmad : Vous savez, ce manque général de visibilité ne nous permet pas d'anticiper et de planifier nos activités. A l'heure actuelle, nous travaillons étroitement avec l'OMS, ainsi qu'avec les autorités sanitaires de chaque pays et surtout l'Union Africaine, et l’issue de ces démarches nous permettra de voir plus clair sur la situation du football en Afrique. Il n'empêche que depuis deux semaines, notre administration a pris contact avec les différentes fédérations nationales membres de la CAF pour que nous puissions nous enquérir des réalités sur place, afin de pouvoir planifier la suite des différentes compétitions continentales.


DW : Pensez-vous que, comme en Europe, il est possible que beaucoup de clubs (voire des fédérations) aient les mêmes problèmes ou bien les mêmes challenges financiers ?

Ahmad Ahmad : Je ne pense pas trop que nous n'avons pas exactement les mêmes préoccupations; il n'empêche qu'il y a une certaine similitude dans les actions que nous entreprenons déjà avec la FIFA. Comme vous le savez, la FIFA a mis en place un groupe de travail dans chaque secteur d'activité, afin que l'on puisse dégager différentes pistes pour une prochaine reprise du football.

Au-delà de ça, il y a des actions que nous menons au sein-même de la CAF. Les clubs africains sont en majorité gérés par des investisseurs (individuels ou en groupe). De notre côté, nous faisons en sorte d'apporter notre contribution aux clubs qui participent à nos compétitions continentales : par exemple, en débloquant rapidement leur prize money par rapport au stade de la compétition (en cours) qu'ils ont déjà atteint, et ce sans atteindre la fin de saison. Car ces clubs ont besoin de cet argent.


DW : En Ligue africaine des Champions tout comme en Coupe de la Confédération, il reste les demi-finales (et les finales) à jouer. Pensez-vous qu'il est possible de jouer et de terminer ces compétitions dans les mois qui arrivent ?

Ahmad Ahmad :  Il faut être cohérent. Comme il nous manque de la visibilité, il faut attendre. En tant que président de la CAF, j'invite personnellement tout le monde à être très prudent et attendre que la situation se normalise. A ce moment-là, on pourra éventuellement reprendre les compétitions. Je ne veux pas que le football soit une source de déstabilisation des mesures barrières prises par les différents gouvernements pour faire face à cette pandémie.


DW : Comment s'organiser pour pouvoir finir ces compétitions et en commencer une autre l'année prochaine si la crise du Covid-19 perdure ?

Ahmad Ahmad :  La priorité, c'est la santé. Si cette crise perdure, c'est comme tout phénomène de vie humaine. Nous ne pouvons pas envoyer nos jeunes à l'abattoir. A nous de voir et de discuter avec nos partenaires commerciaux, discuter avec tous ceux qui coopèrent avec nous dans l'organisation de ces compétitions et nous verrons ensuite. L’urgence définit les priorités.


DW : Outre les compétitions continentales de clubs, il y a aussi la Coupe d'Afrique des Nations en 2021, ainsi que le ChAN (Championnat d'Afrique des Nations, ndlr), prévu cette année. Selon vous, les compétitions ne sont pas prioritaires, et il faut d'abord penser à la santé des populations ?

Ahmad Ahmad :  C'est exact ! Face à une telle situation, j'estime que toutes les parties prenantes dans l'organisation de ces compétitions pourront se retrouver plus tard pour discuter et se concilier pour que l'on puisse ensemble trouver un moyen de reprendre ces compétitions. Dès le début de mon mandat, la CAF a toujours adopté cette démarche inclusive; ce n'est pas maintenant, face à une telle situation, que nous allons changer de méthodologie de travail.


DW : Donc, Monsieur le Président, cela signifie que tant que la pandémie n'est pas sous contrôle, le football africain attendra.

Ahmad Ahmad: Tout à fait.


DW : Que ce soit au niveau de la CAF ou de la FIFA, y a-t-il des décisions qui ont été prises pour savoir comment sauver des institutions financières ou bien des clubs qui seront en danger après la crise ?

Ahmad Ahmad : Il y a une réflexion qui s'approfondit de jour en jour par rapport à cette situation. S'il est difficile d'aller en profondeur en ce moment, qu'on se rassure : chaque partie, chaque instance ira peut-être voir de quelle manière apporter son soutien, que ce soit au niveau des clubs pour les fédérations nationales membres de la CAF, ou au niveau des clubs qui, au niveau continental participent aux compétitions africaines.


DW : Qu'espérez-vous à l'avenir pour la CAF, le football africain et le continent pendant et après cette crise du coronavirus ?

Ahmad Ahmad :   En temps normal, j'aurais pu souhaiter beaucoup de choses. Seulement, les circonstances appellent d'abord à limiter au maximum les conséquences du Covid-19 sur la vie des Africains, d'une manière générale et dans tous les sens du terme. L'Afrique est jeune, elle est volontaire. J'espère que le moment que nous traversons permettra de renforcer la cohésion et l'entraide pour permettre à notre continent de doubler, de décupler ses forces.
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