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Antiracisme aux États-Unis : un avant et un après-George Floyd

Publié le mercredi 10 juin 2020  |  France 24
Georges
© Autre presse par UKdayToday
Georges Flyod
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En l’espace de deux semaines, une conversation inédite sur le racisme structurel a commencé à se tenir aux États-Unis. Il a fallu l’énième mort d’un homme noir aux mains de policiers blancs pour que l’opinion américaine bascule. En résultent de premières mesures concrètes qui ne prédisent pas pour autant l’issue de la présidentielle de novembre.


Il y a un petit peu plus de 15 jours, le nouveau coronavirus était le sujet de conversation numéro 1 aux États-Unis comme ailleurs dans le monde. Lundi 25 mai, tout a basculé. Le virus n’a pas disparu, malheureusement. Mais les mots d’un homme noir, "Je ne peux pas respirer", prononcés alors qu’il agonisait sous le genou d’un policier blanc, ont ébranlé l’Amérique.


George Floyd, 46 ans, a rejoint ce jour-là une longue liste d’Afro-Américains tués par la police : Eric Garner et Michael Brown en 2014, Sandra Bland en 2015, Philando Castile en 2016, Stephon Clark en 2018 ou encore Breonna Taylor en mars dernier… Cette fois pourtant, l’étincelle a déclenché une vague de protestations jamais vue depuis le mouvement des droits civiques des années 1960.

Le message – les violences policières envers les Noirs sont le résultat d’un racisme ancré dans les institutions américaines – n’est pas nouveau. Il est porté depuis plusieurs années, notamment par le collectif "Black Lives Matter" ("La vie des Noirs compte"), né en 2013 après la mort de Trayvon Martin, un adolescent noir tué par un vigile en Floride. C’est plutôt sa réception qui a changé.

"Le silence des Blancs, c'est de la violence"

Il suffit d’observer la composition de la foule dans les manifestations. Jamais autant de Blancs – surtout des jeunes – ne s’étaient joints à la colère des Noirs. "Le silence des Blancs, c'est de la violence", peut-on lire sur des dizaines de pancartes dans les défilés. Lorsqu’on les interroge, ces Américains blancs expliquent combien ils ont réfléchi à leur propre rôle ces derniers temps et comment ils tentent d’être des "alliés" de la cause noire. "Je mettrai mon corps entre la police et les manifestants noirs s’il le faut, car j’ai statistiquement moins de chances d’être tuée en le faisant", expliquait une étudiante à France 24 lundi dernier devant la Maison Blanche.

À cette foule plus diverse que jamais fait écho une série de sondages parus ces derniers jours. Tous pointent dans la même direction : l’opinion publique américaine a basculé. Une enquête ABC News/Ipsos est édifiante à cet égard : 74 % des Américains considèrent que la mort de George Floyd est le signe d’un problème plus large dans le traitement des Noirs par la police. Il n’étaient que 43 % à penser la même chose en 2014, au moment des émeutes de Ferguson consécutives à la mort de Michael Brown.

Aujourd’hui, "Black Lives Matter" n’est plus considéré comme un mouvement radical. Ceux qui rétorquent "All Lives Matter" ("Toutes les vies comptent"), comme ce fut souvent le cas chez les républicains lors de la présidentielle de 2016, se font plus discrets. Est-ce à force d’expliquer que le slogan ne signifie pas que la vie des Noirs compte davantage, mais simplement qu’elle devrait compter autant que les autres ? La jeune génération semble en tout cas avoir compris le message.

"Un cri de ralliement pour la justice"

"Personne ne dit que votre vie ne compte pas", s’est ainsi agacée la chanteuse blanche Billie Eilish la semaine dernière. "Personne ne dit que votre vie n’est pas difficile. Personne ne dit rien à votre propos, littéralement", a continué la nouvelle idole américaine de 18 ans. "Ça n’est pas à propos de vous. Arrêtez de faire comme si tout était à propos de vous. Vous n’êtes pas dans le besoin. Vous n’êtes pas en danger. (...) Si votre ami se fait une coupure au bras, allez-vous attendre de donner d'abord un pansement à tous vos amis parce que ‘tous les bras comptent’ ?"

Même Mitt Romney, le candidat républicain à la présidentielle de 2012, s’est joint aux protestataires ce week-end. "Le progrès est un processus. Il est normal de passer par des moments inconfortables", a tweeté mardi la superstar de la gauche américaine Alexandria Ocasio-Cortez. La jeune élue démocrate à la Chambre des représentants note que "Black Lives Matter" a toujours été un "cri de ralliement pour la justice" mais que, "il n’y a encore pas si longtemps", "les politiciens avaient peur qu’il passe mal dans les sondages, qu’il soit trop ‘facteur de division’ et qu’il requière ‘trop d’explications’".

Parmi les symboles forts de ces derniers jours, l’agenouillement, longtemps considéré comme un geste radical, fait de plus en plus d’adeptes. En 2016, Colin Kaepernick, un joueur de football américain, avait posé son genou à terre pendant l’hymne national pour dénoncer le racisme. La droite avait considéré son initiative comme une atteinte au drapeau, Donald Trump avait appelé au boycott de la Ligue nationale de football américain, et le joueur avait vu sa carrière sportive se terminer plus tôt que prévu. Aujourd’hui, des policiers mettent le genou à terre aux côtés de manifestants. Des personnalités politiques de gauche, comme Nancy Pelosi et le candidat démocrate Joe Biden, ont fait de même.

Les entreprises aussi

Les milieux économiques, eux non plus, n’ont pas échappé à cette conversation. De nombreuses marques, petites et grandes, ont publié des communiqués pour affirmer leur engagement contre le racisme. Lundi, la Bourse de Wall Street a observé huit minutes 46 secondes de silence. C’est le temps pendant lequel le policier a pressé son genou sur la nuque de George Floyd. Et Jack Dorsey, le patron de Twitter, a fait du 19 juin, date anniversaire de la proclamation de l’émancipation à des esclaves afro-américains au Texas, un jour dorénavant férié dans l’entreprise. Ce sera "une journée de célébration, d'éducation et de lien", a-t-il tweeté. Adidas a pour sa part promis mardi que 30 % des nouvelles embauches aux États-Unis seraient des personnes noires ou latinas.


La prise de conscience des violences policières et du racisme est aujourd'hui telle que certaines villes commencent à réfléchir à des mesures concrètes – inimaginables jusqu’ici – proposées par le collectif Black Lives Matter. Le conseil municipal de Minneapolis, théâtre du meurtre de George Floyd, a ainsi pris tout le monde de court en annonçant le démantèlement de ses services de police.

À Los Angeles, le maire a proposé de rediriger 100 à 150 millions de dollars du budget de la police vers des programmes bénéficiant aux communautés de couleur. La maire de San Francisco a fait une annonce similaire. Interrogé sur cette question, Joe Biden, qui a jusqu’ici apporté un soutien sans faille à la famille de George Floyd, a rejeté l’idée. L’ex-vice-président envisage plutôt une "réforme" de la police.

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