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Tribune libre: 27 Avril 1960 – 27 Avril 2020 : Togolais, qu’as-tu fait de ton pays? (Dr Charles Quist)

Publié le vendredi 25 septembre 2020  |  Le Tabloid
Drapeau
© aLome.com par Edem Gadegbeku
Drapeau togolais
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Le 27 Avril 1960, j’avais 16 ans. Avec bien d’autres jeunes comme moi, nous voyions à l’horizon la flamme de nos rêves : « construire un pays libre et démocratique où tout le monde peut vivre ensemble en harmonie et avec l’égalité des chances»

60 ans après, qu’en avons-nous fait ?

Une Nation ? Loin de là. Aujourd’hui les divisions ethniques et régionales sont plus exacerbées que jamais. Une nation c’est une Terre, un Peuple et une Épopée. Nous avons certes un territoire dénommé « Togo », mais nous ne sommes plus un Peuple et nous n’avons pas su bâtir une Épopée commune à partir de nos diversités. De ce fait, les drapeaux, hymnes nationaux, armoiries ne sont que des emblèmes artificiels qui n’ont aucune signification symbolique pour le Peuple.

Un Etat de Droit ? Ici également, loin s’en faut. Les institutions (Cour Constitutionnelle, Parlement, Gouvernement, Armée, Elections …) ne sont que des façades décorées pour la Communauté Internationale. Force est de constater que le Togo est malheureusement une dictature à base clanique. Notre pays semble devenir une jungle où régnerait la loi du plus fort, un pays régi par des règles qui s’apparenteraient à celles de la Mafia.

Une terre de bien-être social ? Que nenni. En 60 ans, nous avons détruit toutes nos valeurs sociales.

– Le sentiment de honte a disparu. Aujourd’hui, voler, tricher, mentir, trahir … sont devenus des règles de base. C’est celui qui ne vole pas, ne ment pas, ne triche pas qui est devenu suspect (n’a-t-il pas un agenda caché ?)
– La réussite par le mérite n’existe plus. Du bas de l’échelle sociale jusqu’à son sommet, le culte de la médiocrité est devenu la règle d’or.
– Un espace de solidarité ? Non. Nous vivons dans « chacun pour soi » sans limite et surtout dans un « ici et maintenant » sans aucune perspective.
– La justice sociale (que personne ne reste au bord de la route) est un « gros mot » que personne n’ose prononcer. Dans une récente interview, notre Président définit 3 objectifs pour son 4° mandat : l’armée et la sécurité, la gouvernance et la production de richesses (avec la fameuse théorie du « ruissellement » de l’économie libérale).

Mais rien sur l’Ecole et la Formation, rien sur la Santé, rien sur la Protection sociale …
La vie politique et le débat démocratique sont devenus une espèce de jeu de rôle où chacun fait «semblant».
Les élections ne servent à rien tant les résultats sont connus d’avance et ne reflètent pas la vérité des urnes. Les partis politiques sont des espèces d’associations liées à un « leader », souvent sans idéologie ni stratégie. Pour ne parler que des dernières élections du 22 février, bien des candidats se sont présentés, non pas pour arriver au pouvoir, encore moins pour populariser leurs idées, mais pour recevoir la manne des 42 millions de francs CFA promis par le Pouvoir en place.

Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ?

C’est à cette réflexion que nous devons tous nous atteler. Au-delà des actions maléfiques des anciennes nations coloniales et des dictatures post coloniales, il existe d’autres raisons objectives que nous nous devons d’analyser :

Ces micro-Etats issus de la Conférence de Berlin en 1884 ont-ils vocation à devenir des Nations ? Ne devons-nous pas aller plus rapidement vers l’Unité Régionale de l’Afrique ?
La démocratie représentative et le pouvoir centralisé sont-ils le mode de gouvernance le mieux adapté pour gérer nos états ? Ne devons-nous pas aller vers une organisation de type confédéral, tant à l’intérieur des territoires qu’à l’échelle des unions régionales?

Le mode de «développement économique» sur le modèle que l’Europe a connu au 19° et 20° siècle est-il reproductible aujourd’hui dans nos pays en Afrique. ? De toute évidence, la réponse est non. Il nous faut redéfinir nos objectifs : sortir nos populations de la grande pauvreté en misant sur l’agriculture, une agriculture innovante.

Pour cela, la première action de l’Etat se doit être d’apporter de l’eau courante et l’énergie à bas coût aux populations rurales. Il est démontré qu’amener l’eau courante dans une population fait chuter la mortalité infantile de 30%. L’énergie à bas coût libèrera les femmes de la recherche, ô combien harassante, du bois de chauffe.

Notre première tâche doit être de créer ce que j’ose appeler « une Alternative crédible ». Mais le nom importe peu. L’essentiel est qu’elle se situe au-delà des partis politiques et des coalitions de partis, qui avouons-le, ont failli.

C’est à ce prix et à ce prix seulement que nous pourrions espérer bénéficier des deux soutiens qui manquent aujourd’hui : l’Opinion internationale et les Masses populaires locales.

C’est le défi qui s’offre à nous et que nous devons relever. Au lieu d’agiter des slogans stériles et des anathèmes infantiles, mettons-nous au travail et imaginons des perspectives nouvelles.


Charles QUIST


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