Aimé Tchabouré GOGUE, Président National de l’ADDI : «J’invite le peuple togolais à ne pas tomber dans la désespérance mais plutôt à retrouver l’énergie indispensable pour relancer ensemble notre pays»

Publié le lundi 4 janvier 2021 | Togo Scoop

© aLome.com par Lakente Bankhead
Aimé Gogué, candidat a la présidentielle 2015
Lomé, le 24 janvier 2015, Hotel de la Muget. Le Professeur Aimé Tchaboré Gogué a été désigné, samedi dernier, candidat à la présidentielle de cette année, au terme du congrès de l’Alliance des démocrates pour un développement intégral (ADDI).

A l’orée de cette nouvelle, la rédaction de votre site d’information donne la parole aux acteurs sociopolitiques togolais. Ils jettent un regard sur l’actualité socio-politique du pays et présentent leur vœu au peuple togolais. Ici, Aimé Tchabouré Gogué, président national de l’ADDI-opposition.

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Togo Scoop Info : L’année 2020 tire vers sa fin. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de cette année 2020 ?

Aimé Tchabouré GOGUE : Avant de répondre à votre question, je voudrais passer par votre canal pour souhaiter à mes concitoyens, togolais et togolaises, et à tous ceux qui résident au Togo, une bonne et heureuse année 2021. Que le Seigneur veille sur chacun de nous et offre à chacun une meilleure santé pour nous permettre de continuer à mener nos activités. À toutes les personnes ou familles endeuillées, victimes de maladie ou vivant dans le dénuement et la précarité, nous témoignons notre compassion et solidarité.

Il est évident que l'élément le plus marquant au Togo, pour l'homme politique que je suis, c'est la scandaleuse élection présidentielle du 22 février 2020, les mouvements sociopolitiques au Mali et les élections présidentielles en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Ghana.

Tous les Togolais espéraient qu’une ère nouvelle s’ouvrirait et qu’être Togolais retrouverait un sens politique avec l’élection de février 2020. Malheureusement, les mêmes acteurs et les mêmes pratiques ont continué avec la reproduction des mêmes souffrances au grand dam de l’immense majorité de la population qui n’aspire qu’à vivre comme des humains sensés. Comme ADDI a eu à l’exprimer à plusieurs reprises, l’élection présidentielle de cette année est une parodie qui a malheureusement coûté très cher financièrement au peuple togolais et très peu de Togolais perçoivent le processus électoral comme un moyen pour un changement politique au Togo. Elle a en plus été accompagnée d’un recul dans le respect des droits de l’homme dans le pays. Et ceci est très dangereux pour la stabilité politique.

En dehors du cas du Burkina Faso, les évènements politiques au Mali et les élections en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Guinée suggèrent que des efforts considérables sont à déployer notamment par les populations, les pays et la commission de la CEDEAO et surtout par les régimes au pouvoir pour établir une confiance dans le processus électoral dans la sous-région.

La pandémie de la COVID-19 et son corollaire de malheurs notamment le deuil causé à des familles, le ralentissement des économies, les restrictions de la vie sociale de toute sorte, constituent incontestablement l’élément qui marquera l’année 2020 voire l’histoire de l’humanité. La maladie à Corona virus, nous a rappelé la fragilité de l’espèce humaine et sa marginalité dans l’univers. La forte mobilisation de la communauté scientifique mondiale et des ressources pour trouver des vaccins en un temps si rapide est à saluer. Des doutes continuent de subsister sur l’efficacité de ces vaccins. Nous espérons cependant que ces doutes qui sont peut-être légitimes mais parfois exagérés pourront être atténués par l’évolution de la pandémie à la suite de l’administration de ces vaccins.

Togo Scoop Info : Le lendemain de l’élection présidentielle de 2020 a été crispé au Togo comme les précédentes élections. Quel dénouement entrevoyez-vous pour la lancinante crise électorale au Togo ?

Aimé Tchabouré GOGUE : Vous dites que le lendemain de l'élection a été crispé comme les autres. Le processus électoral ayant marqué l’an 2020 fut l’expression d’un recul de l’expression démocratique dans notre pays. Non, celle-ci a été la pire des élections présidentielles. Elle a été un hold-up électoral opéré dans la violence sur les militants des partis d'opposition et la violence sur un candidat qui a réclamé sa victoire. Il y a un véritable recul des droits de l’homme dans le pays avec la quasi- interdiction depuis lors des manifestations publiques.
Nous nous permettons de citer en illustration des arrestations scandaleuses d'acteurs importants de la vie politique, en l'occurrence, Mme Adjamagbo Johnson, et des tentatives de musellement des médias avec le procès du journaliste Ferdinand Ayité dans ce qu’il est convenu d’appeler Pétrolegate et l’arrestation rocambolesque du journaliste Carlos Kétohou suite à la publication d’un article faisant référence à un supposé vol de couvert par des membres du Gouvernement.

Vous me demandez quel dénouement j’entrevois. Je dirai qu’il n’y aura pas de dénouement de la crispation socio politique sans la prise en compte des revendications politiques majeures tendant au «déverrouillage» des institutions, à la création d’un cadre électoral et d’exercice d’activités politiques apaisé, sécurisé et respectueux des opinons des uns et des autres. On n’en sortira pas sans la mise en place d’une gouvernance politique qui privilégie l’intérêt général et le bien du plus grand nombre de la population, sans la mise en place d’une justice qui protège les droits des uns et des autres sans considération aucune si ce n’est le droit tel que le prévoit la loi fondamentale.
Le dénouement de la crise sera impossible tant que certains Togolais, au mépris des valeurs essentielles, se prendraient pour des «dieux» et régenteraient la vie des autres au moyen de la force, de la corruption matérielle, mentale et morale, dans le seul but de maintenir les profiteurs de la république aux commandes du pays. Il serait illusoire de croire vouloir bâtir une nation en sélectionnant et en promouvant les citoyens sur les seules bases d’appartenance, en brimant ou en martyrisant tous ceux qui ont des opinions et points de vue différents de celles des tenants du pouvoir. Bref pour me résumer je vais paraphraser Martin Luther King lorsqu’il disait que nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères et sœurs, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.

Togo Scoop Info : 2021 est une année électorale. Le gouvernement compte organiser les régionales pour la première fois dans le pays. Comment votre parti compte-t-il aborder cette échéance électorale

Aimé Tchabouré GOGUE : Le gouvernement a annoncé son intention d'organiser les élections régionales et sénatoriales dans le courant de l'année 2021. À cet effet une rencontre entre le ministre de l'Administration du territoire et des collectivités territoriales et des partis politiques a eu lieu. L'annonce d'une assise pour débattre de nombreux sujets dont les réformes du cadre électoral ont été faites. La suite de ces consultations pourra nous permettre de nous prononcer sur ces prochaines élections. Il faut cependant reconnaitre que les expériences électorales passées ont été telles que la population est très réservée.
Une position bien compréhensible. Lorsque le régime en place use illégalement des instruments de gouvernance et d’administration du territoire pour asseoir une pensée unique et monolithique basée sur la force, la corruption et la violence, il est certain que cette volonté d’organiser les élections régionales et sénatoriales n’emballe pas grand monde. Une réflexion est déjà engagée au niveau du parti.

Togo Scoop Info : 2020 c’est aussi la pandémie liée au coronavirus. On ne l’a pas vu venir en début de l’année et pourtant il a bouleversé les habitudes des hommes et emporté beaucoup de vie. Quel regard portez-vous sur la gestion de cette crise par le gouvernement togolais ?

Aimé Tchabouré GOGUE : Je voudrais encore une fois présenter toutes mes condoléances aux familles victimes de la maladie au Corona 19 et souhaite un prompt rétablissement aux malades encore en isolement ou en hospitalisation.

La pandémie a surpris tous les pays du monde et sa gestion a été marquée, dans beaucoup de cas, par l'improvisation et des réactions irrationnelles. C'est ce qui s'est passé aussi au Togo avec beaucoup d'improvisations et un manque de transparence dans la gestion de l'assistance à la population très éprouvée économiquement. La pandémie a également étalé en plein jour l’état déplorable de notre système sanitaire. Par la grâce de Dieu, la pandémie demeure contrôlée surtout en raison du fait qu'elle est moins sévère dans tous les pays tropicaux d'Afrique Noir.

Le monde ne sera certainement plus le même après qu’elle sera, nous l’espérons ardemment, maîtrisée : l’environnement de travail, la solidarité entre les membres les êtres humains subiront des changements majeurs dans probablement beaucoup de cas.

Je tiens à rappeler que la COVID 19 est une réalité. Avec le début des vaccinations dans les pays les plus touchés, nous espérons que notre pays bénéficiera de cette avancée médicale et que la maladie sera maîtrisée en 2021. Mais en attendant, je voudrais inviter la population à la prudence et au respect des mesures barrières pour se prémunir. À tous ceux qui travaillent pour améliorer la qualité de la santé de la population tous nos encouragements.

Togo Scoop Info : Quels rêves nourrissez pour votre pays à l’orée de la nouvelle année ?

Aimé Tchabouré GOGUE : Malgré les soubresauts politiques qui ont eu lieu en 2020, je reste convaincu que 2021 sera meilleur, car toute la classe politique à l'obligation de trouver des solutions consensuelles pour la relance de notre pays.

Je demeure convaincu que l’existence de contre-pouvoirs crédibles et forts est une condition nécessaire pour le système démocratique que nous recherchons tous. C’est pour cette raison que notamment, nous ne pouvons espérer avoir un pays dynamique avec un renforcement du respect des droits de l’homme et de l’État de droit pour une meilleure évolution des conditions de vie de tous les Togolais sans une opposition forte. C’est pour cette raison que nous espérons que l’opposition déploiera les efforts nécessaires pour une meilleure unité.

Nous profitons de l’occasion pour inviter le Gouvernement à faire plus d’effort dans le respect des droits de l’homme et à atténuer voire éliminer sa forte propension à vouloir museler la presse.

Togo Scoop Info : Un mot à l’endroit du peuple togolais…

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