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AFD/Biodiversité: les solutions du ’Petit livre de l’investissement pour la nature’

Publié le mardi 12 janvier 2021  |  AFD
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© aLome.com par Parfait
La lagune de Bè et son environnement.
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L’ONG Global Canopy publie en partenariat avec l’AFD une nouvelle édition du guide Le Petit livre de l’investissement pour la nature. Il met en lumière le manque de fonds dédiés à la protection de la biodiversité et dresse surtout l’inventaire des outils financiers à même d’inverser la tendance.

Il s’agit d’un vrai manuel à destination des parties prenantes du financement du futur cadre mondial pour la biodiversité.
Il est non seulement essentiel, mais aussi possible, de réorganiser l’économie mondiale de façon à ce qu’elle protège la vie sur Terre plutôt qu’elle lui nuise. Voilà, en substance, le message que vise à faire passer auprès des décideurs (gouvernements, négociateurs internationaux, entreprises) Le Petit livre de l’investissement pour la nature que publie lundi 11 janvier l’ONG environnementale Global Canopy, en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD).

La date ne doit rien au hasard : le même jour a lieu à Paris une nouvelle édition du sommet One Planet entièrement consacrée à la biodiversité, qui entend renforcer la mobilisation de la communauté internationale sur le sujet à l’approche de la 15eme Conférence des parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique. Prévu à Kunming, en Chine, et repoussé à 2021, l’événement s’annonce décisif pour engager les Etats et les acteurs économiques à agir davantage pour protéger la nature.

L’enjeu est de taille : les populations animales ont chuté de 68 % en moyenne entre 1970 et 2016, en raison des pressions exercées sur leurs habitats, de leur surexploitation, des impacts du dérèglement climatique et des pollutions de l’environnement. Cette vie sauvage, animale et végétale, nous est pourtant essentielle : elle purifie l’air et l’eau, nous fournit la nourriture, le bois et les remèdes dont nous dépendons, en plus de façonner les paysages dans lesquels nous vivons.

Un manque de financement pour protéger la nature

Le Petit livre de l’investissement pour la nature se présente comme un guide pratique sur les différents mécanismes financiers permettant aux acteurs publics et privés de s’engager et d’investir pour la protection de la biodiversité sur les 10 prochaines années, et au-delà. «Les négociateurs, investisseurs ou responsables politiques peuvent y trouver des idées et des outils », souligne Julien Calas, chercheur spécialiste de la biodiversité à l’AFD, qui a participé à la rédaction du guide.

L’origine de ce dernier remonte à la COP10 sur la diversité biologique, organisée en 2010 à Nagoya, au Japon. A l’époque le « little book » est un «little pink book», un livre rose présentant des solutions de financement en faveur de la nature, et il assez petit pour tenir dans une poche – le détail a son importance. «Tout le monde ne parlait que de ça. Le format et le contenu ont marqué les esprits parmi les négociateurs, dont la plupart n’étaient pas familiers avec le fonctionnement des mécanismes financiers utiles pour la biodiversité », se souvient Julien Calas.

Dix ans après, l’utilité d’un tel guide reste hélas d’actualité. Alors que les besoins de financement de la biodiversité mondiale sont estimés entre 722 et 967 milliards de dollars par an d’ici 2030, seuls 124 à 143 milliards de dollars y sont effectivement consacrés chaque année, soit 6 fois moins. « Nous devons nous réveiller : protéger la nature n’exige pas plus de 1 % de la richesse mondiale. Mais il manque aujourd’hui une volonté politique et un cadre incitatif pour générer des ressources additionnelles et réorienter les dépenses néfastes », observe Julien Calas.

Si une partie de ce financement est nécessaire pour la conservation de la biodiversité – environ 176 à 250 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour les zones protégées terrestres et marines et les zones clés pour la biodiversité – la majeure partie de cet argent, 546 à 737 milliards de dollars, doit servir à mieux intégrer la prise en compte de la biodiversité dans les secteurs économiques qui la malmènent : pêche, sylviculture, agriculture, construction...
Autrement dit, à financer les « changements transformateurs » des modèles économiques, comme les décrivent les scientifiques de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).

1.000 milliards de dollars qui nuisent au vivant

Le principal défi reste cependant de diminuer les flux négatifs : plus de 1.000 milliards de dollars sont encore accordés chaque année par les Etats sous formes de subventions à des activités néfastes pour l’environnement, comme les combustibles fossiles, l’agriculture intensive ou la pêche industrielle. «Les subventions aujourd’hui accordées aux énergies fossiles représentent la majorité de ces flux, et c’est quelque chose qui va plomber la biodiversité dans les années à venir», alerte Julien Calas.

Les auteurs du « Petit livre » estiment que ces subventions pourraient être réorientées vers des activités favorables à la nature – comme l’agriculture biologique ou la planification intégrée de l’utilisation des terres et de l’eau – et ainsi aider à combler le déficit de financement nécessaire à la protection de la biodiversité.

Plus de 80 % du financement actuel de la biodiversité provient de fonds publics nationaux et internationaux. Mais les investissements privés dans la nature sont heureusement en augmentation, à tel point qu’ils pourraient représenter au moins 45 % du total en 2030.
Question de survie à vrai dire : au sein de l’activité économique mondiale, pas moins de 44 000 milliards de dollars, soit plus de la moitié du PIB mondial, reposent sur des services rendus par les écosystèmes et sont donc exposés à leur dégradation, d’après le Forum économique mondial. «Avec le Covid, nous venons d’avoir la preuve qu’une dégradation de l’environnement à l’autre bout de la planète pouvait avoir des répercussions n’importe où ailleurs, observe Julien Calas. Investir dans la nature est économiquement rentable pour l’humanité. »

Le guide insiste sur ce point : si certaines mesures de protection de la biodiversité ont un coût économique, d’autres sont susceptibles de générer des rendements importants pour les acteurs économiques, à tel point que la nature pourrait bien un jour « s’autofinancer » si une série de mesures bien ciblées était mise en œuvre.

Prêt de politique publique au Mexique

Pour y parvenir, Le Petit livre de l’investissement pour la nature présente plus de 40 mécanismes financiers et 25 études de cas illustrant la manière dont les gouvernements, les banques, les entreprises et les ONG sont susceptibles de mener de telles transformations.

Au chapitre «Générer», le livre expose le cas du programme de Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+). Le chapitre « Exécuter » s’attarde sur le système des garanties, un outil à même de favoriser l’introduction d’instruments issus de la finance privée dans la protection de la biodiversité. Enfin, le chapitre « Catalyser » s’intéresse au prêt de politique publique octroyé au Mexique par l’AFD.

L'AFD octroie en effet des prêts basés sur la politique de la biodiversité, offrant aux pays emprunteurs un financement souple et liquide pour soutenir les réformes politiques et les transformations institutionnelles, comme pour la politique de conservation de la biodiversité au Mexique. « Nous sommes aujourd’hui en discussion avec le Mexique pour y soutenir une meilleure prise en compte de la biodiversité dans le secteur agricole», indique Julien Calas.

A l’occasion du sommet One Planet, l’AFD a décidé de consacrer 30 % de sa finance climat à des projets ayant des impacts positifs pour la nature d’ici 2025. Il s’agit d’adopter partout où c’est possible des solutions fondées sur la nature, qui sont aussi des solutions pour le climat, comme l’agroécologie, la gestion de l’eau et de l’assainissement, les villes vertes et l’aménagement côtier. L’AFD a également annoncé qu’elle allait doubler d’ici 2025 l’ensemble de ses financements relatifs à la biodiversité pour les porter à près d’un milliard d’euros par an.
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