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[Tribune] Qu’attendons-nous pour exploiter l’énorme potentiel de l’industrie pharmaceutique en Afrique?

Publié le jeudi 18 fevrier 2021  |  Jeune Afrique
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Par Larabi Jaïdi (Economiste, professeur à l’Université Mohammed VI Polytechnique, Senior Fellow du Policy Center for the New South)


Renforcer l’offre en produits de qualité et parier sur des chaînes de valeurs régionales n’a rien d’une utopie.

La pandémie de Covid-19 l’a rappelé : la production de médicaments sur place s’impose comme un axe de sécurité nationale et continentale. D’où le diagnostic précis, destiné à inspirer des politiques publiques, posé dans le dernier Rapport annuel sur l’économie de l’Afrique du think tank marocain Policy Center for the New South.

En 2020, l’interdiction ou la limitation par 71 pays de certaines fournitures médicales essentielles a menacé l’approvisionnement de l’Afrique, qui dépend trop massivement de ses importations (95 %). Au-delà de la pandémie, si rien n’est fait, la hausse de la demande africaine en médicaments risque de ne profiter qu’aux multinationales, faute de stratégies sérieuses pour développer cette industrie vitale.

Accroître l’investissement

Quel est l’état des lieux ? Pour l’instant, l’Afrique ne compte pas plus de… 375 fabricants dans 37 pays, contre 5 000 en Chine. La majorité de ces producteurs sont de petites unités reconditionnant des produits destinés aux marchés locaux.

Quelques industries pharmaceutiques africaines produisent à la fois des molécules sous licences et leurs propres génériques. Mais peu investissent dans la recherche, faute de moyens – ou de vision stratégique. L’Afrique du Sud et l’Égypte, les deux premiers producteurs, satisfont d’abord leurs marchés intérieurs et n’exportent que marginalement. Le Maroc, troisième producteur, compte ainsi 40 fabricants, dont 10 % de la production sont exportés. Résultat : malgré son milliard d’habitants, l’Afrique ne représente que 0,7 % d’un marché mondial pharmaceutique de 1 106 milliards de dollars en 2019.

Un marché très prometteur

Tout n’est pas perdu pour autant. Renforcer l’offre en produits de qualité et parier sur des chaînes de valeurs régionales n’a rien d’une utopie. Au contraire, puisque la valeur de l’industrie pharmaceutique africaine a déjà été multipliée par cinq entre 2000 et 2018, année où elle pesait 53,2 milliards de dollars.

Le marché reste fragmenté, certes, mais connaît une croissance de 10 % par an depuis 2010, supérieure à la moyenne mondiale (8 %). Selon le bureau d’études McKinsey, les dépenses de santé en Afrique pourraient atteindre 100 milliards de dollars d’ici à 2030.

Ce potentiel incite de plus en plus les big pharma et les fabricants asiatiques de génériques à investir aux côtés des producteurs locaux. Quelques unités de grande dimension, comme le groupe sud-africain Aspen ou le marocain Cooper Pharma, pourraient très bien représenter des points de départ pour des chaînes de valeurs régionales. Les pays leaders, s’ils le voulaient, pourraient mener des efforts de restructuration pour rendre les capacités de production plus importantes et faire des économies d’échelle.

Une panoplie de mesures à portée de main

Reste à savoir dans quel camp se trouve la balle. Union africaine, communautés économiques régionales, États, secteur privé ? Depuis 2005, l’Union africaine se préoccupe de l’essor des industries pharmaceutiques. Des priorités ont été définies et une feuille de route dressée en 2012 par le Nepad, qui tarde à produire des résultats. La Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf) porte l’espoir d’un élargissement du commerce intra-africain grâce au démantèlement tarifaire. La simplification des procédures, avec des autorisations de mise sur le marché (AMM) uniques par sous-régions, est tout à fait envisageable.

L’intervention coordonnée des États paraît aussi nécessaire, pour que les médicaments soient partout abordables – et non deux fois plus chers que les coûts de production, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, en raison des marges prélevées par les intermédiaires que sont les transporteurs, grossistes et détaillants. Les puissances publiques peuvent agir, en prenant à leur charge tout ou partie du prix des médicaments, ou en se préoccupant des droits de douane, taxes, conditions d’importation et demandes d’octroi de licences. Des investissements pour soutenir les laboratoires africains et élargir les gammes thérapeutiques sont à portée de main.
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