Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article
Économie

Expo 2020 Dubaï: «Nous devons écouter ce que l’Afrique a à dire d’elle-même»

Publié le lundi 20 septembre 2021  |  Jeune Afrique
Comment



Alors que Dubaï s’apprête à organiser l’Exposition universelle 2020, repoussée en raison de la pandémie, Reem Al Hashimy, ministre émiratie de la Coopération internationale, a reçu JA pour évoquer l’événement et la place qu’y tient l’Afrique.

Après un report l’année dernière en raison de la crise liée au Covid-19, l’Expo 2020 Dubaï s’ouvre le 1er octobre sous le slogan : «Connecter les esprits, construire le futur». Tout un symbole pour cette zone du monde où rien ne semble impossible.

Pour cette première exposition universelle organisée dans la région, les Émirats arabes unis ont vu les choses en grand, avec pas moins de 192 pays représentés, des milliers d’animations et pléthore d’expériences immersives.

Objectif : permettre aux visiteurs venus des quatre coins de la planète durant les six mois que dure l’événement de réfléchir ensemble à l’édification d’un meilleur futur, comme l’explique Reem Al Hashimy, directrice générale d’Expo 2020 Dubaï. Entretien.

Jeune Afrique : L’Exposition universelle Dubaï 2020 débute dans moins d’un mois. En tant que directrice de cet événement, vous estimez-vous prêts ?

Reem Al Hashimy : Tout à fait. Je suis très heureuse à l’idée d’ouvrir l’exposition le 1er octobre, et d’accueillir des visiteurs du monde entier qui viendront voir, explorer et découvrir l’histoire des 192 pays représentés.

C’est la première Exposition Universelle organisée au Moyen-Orient, Afrique et Asie du Sud. Ce sera une célébration de l’ingéniosité humaine autour du thème «Connecter les Esprits, Construire le Futur», mettant en avant des problématiques auxquelles les pays participants seront invités à réfléchir pour penser ensemble les modèles de développement du futur.

C’est un moment très spécial pour nous tous qui avons travaillé sur Expo 2020 Dubaï, mais aussi pour tous les Émiratis. Cela fait des années que nous l’attendions, et avec le report l’année dernière en raison du Covid-19, notre impatience et notre enthousiasme n’ont fait que croître.

Organiser une exposition universelle est un gros défi. D’autant plus en temps de pandémie. Comment assurer malgré tout le succès de l’événement ?

Il est vrai que ce sont des temps difficiles, peu propices, a priori, à la tenue d’événements de cette envergure. Mais il existe des moyens de limiter les risques au maximum. L’ensemble du personnel de Dubaï 2020 Expo et des bénévoles présents est bien évidemment vacciné.

Nous sommes très stricts sur le port du masque, le respect des gestes barrières et la distanciation sociale. Et bien évidemment, nous avons revu entièrement notre système de climatisation, de ventilation et de traitement de l’air. En aucun cas nous ne ferons le sacrifice de la sécurité sanitaire au nom de l’événementiel.

«Connecter les Esprits, construire le Futur» est le thème de cette édition. Que signifie-t-il concrètement ?

Connecter les esprits pour créer l’avenir peut être compris différemment d’une personne à l’autre. Dans le pavillon « Durabilité », c’est l’expérience d’un enfant à travers son rapport à l’océan ou à la forêt qui incarne cette connexion, en lui montrant comment toute décision ou choix qu’il fait a une incidence sur la planète.

Connecter les enfants avec ces réalités les amènera à modifier leur manière d’être et d’agir au quotidien, et à repenser l’avenir. Nous avons ouvert ce pavillon à titre de test il y a quelques mois, et nous avons constaté que 96 % de ceux qui l’ont visité en sont ressortis décidés à changer un de leurs comportements, afin de pouvoir vivre plus en équilibre avec la nature.

La connexion des esprits renvoie aussi à l’idée des nombreuses rencontres qui se créeront au cours de Dubaï 2020 Expo. Car la raison d’être des expositions universelles a évolué. Si elles continuent de représenter une vitrine scientifique, industrielle, technologique et culturelle pour les pays participants, elles sont désormais aussi un carrefour de coopération internationale et de recherche collective de solutions aux grands défis de l’Humanité.

Quelles sont vos ambitions pour cette édition ?

En réunissant la planète en un seul lieu, cet événement a vocation à contribuer à l’édification d’un avenir meilleur. En explorant différents sous-thèmes : l’opportunité, la mobilité, la durabilité… qui inciteront les visiteurs à préserver et protéger notre planète, à explorer de nouvelles frontières et à construire le futur.

Pendant six mois, l’Expo 2020 sera une destination familiale incontournable, avec des milliers d’événements, des expériences exploratoires étonnantes et une entrée gratuite pour les moins de 18 ans.

Les Émirats y démontreront leur capacité à sans cesse se réinventer pour s’inscrire dans une vision durable. Il s’agira d’affirmer avec force l’ouverture de Dubaï sur le monde, son attachement aux valeurs de solidarité et de coopération ainsi que sa volonté de contribuer aux efforts engagés face aux défis universels de notre époque.

En quoi cette édition sera-t-elle différente des précédentes expositions universelles ?

Nous prévoyons de recevoir des millions de visiteurs venus du monde entier : grand public, ONG, décideurs économiques et institutionnels, représentants politiques, journalistes… Bien plus que n’importe laquelle des précédentes éditions.

Par ailleurs, le nombre de pays représentés à Dubaï Expo 2020 est supérieur à celui de toutes les autres expositions universelles : 192 pays, à ce jour, ont confirmé leur venue.

La manière dont les pays sont représentés ici est également différente. D’abord, parce que tous les États, même les plus petits États insulaires tels que les Comores par exemple, ont leur propre pavillon. D’habitude, ils sont réunis dans un pavillon global.


Ce point tenait à cœur à notre organisation. C’est la raison pour laquelle nous avons soutenu les États qui ne disposaient pas de moyens suffisants pour monter leur propre pavillon, en leur fournissant la logistique. Mais en laissant aussi à chaque État la liberté totale de choisir sa narration et ce qu’il veut mettre en avant.

Pouvez-vous nous parler des pavillons de pays africains ?

Prenons celui de la Côte d’Ivoire, le plus grand producteur de cacao. Si vous regardez l’histoire du cacao dans ce pays, elle s’arrête aux agriculteurs, car la chaîne de valeur de transformation de la matière première en chocolat reste très limitée, et la vie de l’agriculteur ne change pas autant qu’elle le devrait. Ainsi l’exposition nous apprend que seulement 20 % de la production mondiale de chocolat se fait en Côte d’Ivoire, sachant que 95 % du chocolat produit dans le monde en provient.

Comment augmenter la valeur ajoutée de cette filière pour les Ivoiriens ? La question pourra être résolue à travers les contacts avec les investisseurs qui viendront des quatre coins du monde et qui verront les opportunités qu’offre la Côte d’Ivoire dans cette filière du chocolat, mais aussi celle du café. Et puis, si vous regardez l’exposition, elle a été conçue comme un décor de cinéma. C’est ludique.

En ce qui concerne le Soudan du Sud, pour prendre un autre exemple, il s’agit de montrer le pays autrement que ce que véhiculent les médias, à travers des images de conflits politiques et de guerre civile. C’est la plus jeune nation au monde, un pays très riche en matière d’art et de culture. Leur exposition montre tout ce potentiel. Mais je ne veux pas trop en dire, je veux que les gens viennent voir. Autre exemple encore, celui du pavillon du Mozambique, où vous pouvez voir l’histoire du pays affichée et expliquée d’une manière très différente des expositions passées.

Le pavillon du Mali, pays qui a une place très spéciale dans mon cœur, fait un beau clin d’œil à sa gloire passée, à la richesse du pays et de son peuple. Le Maroc, lui, a choisi tout en rappelant son histoire, de se positionner en acteur du renouveau mondial et de faire de son pavillon une vitrine pour la destination Maroc, terre d’investissement et d’innovation.

Malgré tout ce que l’on entend sur l’Afrique, il y a tant de choses qui pourraient être faites, tant d’opportunités, tant de culture et tant de beauté. Et nous avons essayé de mettre cela en évidence, afin que le récit ne soit pas ce que l’on entend toujours.
... suite de l'article sur Jeune Afrique

Commentaires