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Mali: Vers une prolongation de la transition politique sans l’aval de la CEDEAO

Publié le mardi 9 novembre 2021  |  Xinhua
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© Autre presse par LSI Africa
Le colonel Assimi Goïta a officiellement prêté serment ce 07 juin en tant que Président de transition devant la Cour suprême du Mali.
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Au lendemain de la troisième session extraordinaire de l'Autorité des chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) tenue le dimanche 7 novembre à Accra (Ghana), ils sont nombreux les activistes, chroniqueurs politiques maliens... qui sont maintenant convaincus que le gouvernement malien va prolonger la transition, sans l'aval de l'organisation sous-régionale.

"Nous allons de fait vers une prolongation sans la bénédiction de la CEDEAO. Les sanctions disent que l'institution régionale n'a pas bougé d'un iota de sa ligne rouge qui est la date de fin de la transition. Et Bamako reste sur sa lancée d'organiser les Assises nationales de la refondation (ANR) avant les élections. C'est aussi un échec pour l'opposition interne à la prolongation de la transition", a commenté sur twitter Samba Gassama, un influenceur malien.

"Nous avons dit qu'il y a des étapes qu'il faut franchir. Il faut qu'on en tienne compte, qu'on sache qu'est-ce qu'il y a à faire et quand le faire ? Ça va être déterminé au sortir des Assises nationales de la refondation (la phase finale est annoncée du 20 au 26 décembre 2021)", a réagi sur les réseaux sociaux Pr. Ibrahim Ikassa Maïga, ministre malien de la Refondation de l'Etat, chargé des relations avec les institutions.

Selon la CEDEAO, le gouvernement de transition malien a officiellement écrit pour dire qu'il ne peut pas "tenir les élections en février 2022".

"Nous avons toujours tenu un discours clair, net et logique. Notre discours n'a pas changé d'un iota. Si notre problème c'était que des élections, on aurait déjà fini. Mais, il faut aussi jeter les bases du nouveau Mali...", a-t-il ajouté.

"Ce que les Maliens redoutaient le plus, par rapport à ce sommet extraordinaire, c'était des sanctions économiques pouvant compliquer leur vie quotidienne dans un environnement où le gouvernement a déjà du mal à convaincre les opérateurs économiques de maintenir le prix des denrées de première nécessité à un niveau raisonnable", a confié à Xinhua Kader Toé, chroniqueur politique indépendant à Bamako.

"Par rapport à l'interdiction de voyage, il faut savoir qu'une directive gouvernementale avait déjà gelé les voyages non essentiels pour notre pays. Pour ce qui est du gel des avoirs, les intéressés n'ont rien pour la plupart, donc il n'y a rien à saisir. Quant au gel du partenariat, l'on se demande quel est le premier pays qui appliquera cette décision dans un contexte d'interdépendance économique", a indiqué ce lundi sur sa page Facebook Kassim Traoré, chroniqueur politique influent de la radio de proximité Kledu.

"La CEDEAO n'a donc pris aucune décision inquiétante pour notre peuple ou qui puisse obliger le gouvernement à surseoir aux assises envisagées avant d'aller aux élections", a-t-il conclu. "Les dirigeants de la CEDEAO savent que les sanctions économiques sont aussi un couteau à double tranchant car si le Mali décide aujourd'hui de bouder les ports des pays comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal et même le Ghana et de se tourner vers la Mauritanie, on verra bien si nous sommes les seuls à payer les pots cassés", a confié à Xinhua Souleymane Diawara, transporteur.

"Les ports de ces pays côtiers fonctionnent en partie grâce aux pays continentaux comme le Mali et le Burkina Faso. Ce sont les camions maliens qui fréquentent essentiellement ces ports et les taxes payées aux pays côtiers sont plus importantes que les marchandises ainsi que les produits qui viennent au Mali", a-t-il rappelé.

A noter qu'en dehors des sanctions individuelles annoncées contre les dirigeants de transition et leurs familles (interdiction de voyage, gel des avoirs....), la CEDEAO a également réitéré à la fin du sommet du dimanche 7 novembre "la nécessité" de respecter le calendrier de transition en ce qui concerne les élections prévues le 27 février 2022. En conséquence, elle a appelé les autorités de transition à "agir pour assurer un retour rapide à l'ordre constitutionnel". A défaut, la CEDEAO a appelé la communauté internationale à "prendre les mesures nécessaires pour s'assurer que les autorités de transition respectent leur engagement en faveur d'un retour rapide à l'ordre constitutionnel".

A l'issue de leur mission au Mali et au Niger (du 23 au 25 octobre 2021), les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont réaffirmé leur plein appui à la médiation entreprise par la CEDEAO en l'invitant à poursuivre le dialogue avec les autorités de la transition au Mali.

Après le coup d'Etat du 18 août 2020, une transition politique est en cours au Mali depuis le 15 septembre 2020 pour 18 mois. Cependant, les autorités de transition ont souhaité ces dernières semaines le report des premiers tours de la présidentielle et des législatives prévus le 27 février 2022, donc prolonger le délai de la période transitoire.

La CEDEAO a imposé dimanche des sanctions aux autorités de transition du Mali, en raison du retard dans l'organisation des élections prévues au plus tard en février prochain.

Selon un communiqué publié à l'issue de la troisième session extraordinaire de l'Autorité des chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO sur la situation au Mali et en Guinée, les sanctions comprennent une interdiction de voyage et un gel des avoirs financiers.

"La CEDEAO décide d'imposer des sanctions avec effet immédiat contre les individuels et groupes qui ont été identifiés, dont tous les membres des autorités de transition, de leurs familles et d'autres institutions de transition", a ajouté le communiqué lu par Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la CEDEAO. La CEDEAO a suspendu le Mali de l'organisation suite à une impasse de la transition dans ce pays ouest-africain en mai.
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