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CAR: Guerre d’ego, conflits d’intérêts, inactivité…Descente aux enfers du parti de Me Yawovi Agboyibo

Publié le lundi 21 mars 2022  |  Le Tabloid
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & J. Tchakou
Le CAR ne présentera pas de candidat au scrutin de février 2020
Lomé, le 04 janvier 2020. Conseil national du CAR. Le CAR ne présentera pas de candidat au scrutin de février 2020. Il conteste les conditions de transparence de cette élection, et suspend la présence de ses représentants à la CENI. Jean KISSI du CAR.
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C’est en rang uni que le Comité d’action pour le renouveau (CAR) a boycotté la 2e réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) mardi dernier, avec à l’appui un communiqué pour expliquer sa position. Mais cette union n’est manifestement que de façade, une simple apparence. Derrière le rideau, le feu couve et le parti, ballotté entre guerre d’ego, conflits d’intérêts, ambitions contradictoires, hibernation…semble avoir entamé sa descente aux enfers, et donc aux oubliettes. Projecteurs.

Qui pour succéder au « Bélier de Kouvé » à la tête du parti ? Cette question se pose depuis la mort, le 20 mai 2020 à Paris en France, de Me Yawovi Agboyibo qui a trusté la présidence durant plusieurs décennies. Même trois (03) mois après l’enterrement du «Elo matchi matchi», la question n’est toujours pas réglée. Et c’est autour de cette problématique que se joue l’avenir de cette formation emblématique du paysage politique togolais.

Le quatuor qui assure la transition

A la tête du parti depuis le décès de Yawovi Agboyibo, se trouverait un collège de décideurs. D’abord le Vice-président Kolani Yendouban qui assure la transition. C’est d’ailleurs lui qui signe les actes officiels du parti. Ensuite Nicolas Agbo. Conseiller à la Primature au temps d’Agboyibo et député dans le Yoto, il est présenté comme un fidèle des fidèles. On cite également Yao Daté. Autre cadre et non des moindres, Dr Lawson, le médecin personnel de Yawovi Agboyibo et de sa famille. C’est le quatuor mandaté qui essaierait de conduire la barque depuis le trépas de l’Homme de Kouvé. La plupart, nous revient-il, ferait partie d’un conseil stratégie constitué de douze (12) cadres mis en place par Agboyibo de son vivant.

Quid de Jean Kissi ? D’aucuns pourraient légitimement s’étonner de l’absence dans ce collège du Secrétaire Général du CAR qui faisait presqu’office de fils spirituel et de dauphin naturel d’Agboyibo. Mais la raison tiendrait de la santé (sic) des relations entre lui et son mentor dans les derniers instants de sa maladie et de son dernier voyage à Paris synonyme de sommeil éternel…« Il y a eu des déconvenues entre lui et son patron, ce dernier a exigé de lui des excuses, ce qu’il a refusé de faire », nous confie une source bien introduite et renseignée.

Hibernation, finances en souffrance

Ce quatuor est censé maintenir le flambeau du parti, le remettre à flot à travers des activités, en attendant l’identification et le choix d’un Président formel en remplacement d’Agboyibo. C’est justement ici que le bât blesse. Le CAR est plongé dans une léthargie suicidaire depuis leur prise de pouvoir. Si ce ne sont quelques rares communiqués rendus publics au passage, rien d’autre à signaler.

« Cette clique n’arrive pas à mobiliser au-delà de vingt-cinq (25) personnes pour les réunions qui rassemblaient auparavant plus de cent (100) personnes », nous informe un cadre de la formation politique qui dit vouloir se tenir loin de ces conflits. De fait, ce collège de dirigeants n’arrive pas à rassembler les cadres, militants et organiser d’activité. De fait, le parti traverse une période d’hibernation et de vide politique en termes d’animation et d’activités.

Les finances du parti s’en ressentent aussi. « Pour des cotisations mensuelles volontaires fixées par les gens eux-mêmes, beaucoup doivent au-delà de dix (10) mois d’arriérés. Ce n’est pas qu’ils ne sont pas capables d’honorer leurs cotisations, mais c’est un refus, compte tenu du malaise qui règne », confie l’interlocuteur susévoqué.

Déchirements et conflits d’intérêts

«Le parti est traversé par plusieurs courants, des déchirements et des gens les entretiennent pour continuer à bouffer davantage les maigres allocations». Ces propos de la source ci-dessus font allusion à des intérêts pécuniaires de certains des dirigeants, au-delà des divisions ostentatoires.

Selon les informations, le CAR n’a jamais manqué de subsides parce que, nous revient-il, «Agboyibo a préparé ses arrières en prévoyant un fonds et une allocation mensuelle pour entretenir certains cadres ». Il le ferait « sous le couvert de l’anonymat, on fait parler un bienfaiteur qui n’a jamais existé», indique le contact. Ce sont ces fonds qui serviraient, comme des fonctionnaires qui perçoivent des salaires à la fin du mois, à payer des émoluments à certains par le biais du compte personnel d’Agboyibo.

Pour bien des observateurs, ces intérêts pécuniaires en sont pour beaucoup dans la pérennisation de la crise depuis la mort d’Agboyibo. Certains l’entretiendraient afin de continuer à profiter de ces allocations mensuelles.

Descente vers l’abime

Plus de trois mois après les obsèques, rien ne semble bouger. C’est d’ailleurs depuis la mort d’Agboyibo que la CAR n’a plus mené d’activité. Et cela risque de sceller le sort de cette formation politique, au regard des échéances électorales qui poignent à l’horizon.

En effet, les élections régionales, les premières au Togo, sont annoncées depuis un bon moment. Les grandes manœuvres ont débuté, avec la 2e réunion du Cadre permanent de concertation (CPC). Des partis ont même envoyé des noms pour siéger à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mais au CAR, R.A.S, rien à signaler. Aucune préparation.

C’est peut-être aller trop vite en besogne. Avant d’y arriver, il faudrait que le parti prépare son congrès pour choisir un Président. Mais pour l’instant, rien n’est fait dans ce sens. Les divisions sont tellement profondes que l’on n’arrive pas à s’entendre. Dans ces conditions, le parti pourra-t-il être prêt pour les consultations régionales ? La question reste posée.

Selon les indiscrétions, une réunion de conciliation devrait avoir lieu le 26 février dernier pour rapprocher les positions. Mais elle a été reportée sur le 5 mars. Mais depuis, plus rien ne se dit à propos. Beaucoup redoutent d’ailleurs qu’elle n’accouche d’une souris si elle venait à avoir lieu.

Manifestement, le CAR est en train de sombrer et a amorcé sa descente vers les abimes, s’il n’y est déjà. «Le parti ne figure plus dans l’opinion et il est urgent que les protagonistes prennent conscience et lui impriment un nouveau souffle. Ce qu’ils font subir au parti n’est pas convenable. Ils doivent de se ressaisir et le remettre sur les rails, pour l’honneur de leur compagnon le Bélier de Kouvé», souhaite un militant de longue date.


Qui pour être Président ?

Voilà la grande équation qu’il va falloir régler. Et ce n’est pas simple. Mais certains s’essaient à dessiner le portrait-robot du Président idéal, dresser son profil. «On aura besoin de quelqu’un qui est libéral, libre de ses opinions et de ses prises de positions», définit un ancien du parti. Pour lui, « tous ceux qui font la pluie et le beau temps aujourd’hui ne sont pas prenables. Ils n’ont même pas les moyens de s’imposer. Ce sont des gens qui courent après de petits sous».

Visiblement, la santé financière du candidat à la présidence sera aussi un élément déterminent. A en croire notre source, dans les périodes d’activités, le CAR fonctionne sur un budget de vingt-cinq (25) à trente (30) millions FCFA par an. «C’est dire que celui qui voudra venir doit au moins garantir la moitié de ces sous, c’est-à-dire être capable de couvrir six (0)6 mois d’activité », suggère-t-elle, et d’ajouter, un brin taquin: «Il doit avoir résidence à Lomé, un quatre (04) roues pour sa présentation, une garde-robe assez fournie».

«Un parti n’est pas comme une association familiale. Le futur président doit faire signe d’une garantie de sa gestion. Nous ne voulons pas des aventuriers qui vont mettre le parti sous ordre au niveau du pouvoir pour profiter des mannes et jouer le jeu des accompagnateurs qu’on connait », ajoute l’interlocuteur, plus sérieux.


Les potentiels candidats et leurs handicaps

Des ambitions pour la présidence du parti existent et elles s’affrontent. En attendant qu’elles ne s’affichent publiquement et au moment opportun, les regards se tournent, à tort ou à raison, vers les membres du collège de cadres qui assurent la transition. Mais ces personnages semblent handicapés. Pour les observateurs avisés en tout cas, que ce soit Kolani Yendouban, Nicolas Agbo ou encore Jean Kissi, ils ont tous les mains liées, au regard de leurs occupations professionnelles.

Le premier, nous revient-il, est enseignant. Proche de la retraire, il serait ramené dans l’administration au ministère des Enseignements primaire et secondaire. Le second boulotterait aussi au ministère de l’Enseignement technique, sous ordre donc. Pareil pour Jean Kissi, employé au ministère de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social, dirigé par Gilbert Bawara.

Quid de Jean Awuku Nador, qui a entre-temps pris de l’épaisseur et joué même le porte-voix du parti devant certaines situations? Enseignant de profession, il serait aussi casé (sic) dans l’administration, en attendant son admission à la retraite. Et d’ailleurs selon les indiscrétions, il aurait des soucis de santé et donc serait de facto à la touche.


Fronde contre une «Watchiisation» du parti

Parmi les potentiels successeurs de Yawovi Agboyibo, était entre-temps cité son fils Pascal, avocat de renommé internationale. Mais ce dernier, à en croire les informations, ne serait pas trop chaud pour assumer ce rôle. Pascal Agboyibo aurait été clair qu’il n’a jamais été politicien et donc n’ambitionne pas de prendre la tête du parti. Sur cette question de succession, il y a un feu qu’il va falloir éteindre : la fronde à ce qui est caricaturé de « Watchiisation » ou de « Yotolisation » de la présidence du parti.

En effet, le parti est dirigé depuis sa création par des gens de Yoto, des Watchi. Et des gens ont l’impression, justifiée ou non, de privatisation du parti par une préfecture ou une tribu. « Agboyibo qui a longtemps géré le parti, est un Watchi. Il a passé pour un tout petit moment la main à Apevon qui est aussi Watchi. Ensuite il est revenu reprendre les rênes. On se retrouve donc avec 3 gouvernances Watchi », a fait observer une source. « Il est de bon ton qu’on montre aux yeux de l’opinion qu’il y a d’autres compétences non Watchi au sein du parti. Il ne peut pas se réduire à la gestion Watchi. Pour ne pas prêter le flanc aux critiques acerbes, il faut qu’au moins par stratégie, on puisse passer la main à un non Watchi pour faire ses preuves », a-t-elle souhaité.
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