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Togo/Terrorisme: Les habitants du Grand Kpendjal loin des terres, proches de la famine

Publié le jeudi 21 juillet 2022  |  Plume d'Afrique
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© Autre presse par DR
Cartographie des principales localités de la Région des Savanes (nord-Togo).
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Par Julien EVEGNON

L’extrême Nord du Togo est en proie à des attaques terroristes sans précédent. Des incursions surprises des bandes armées qui opèrent dans ces zones généralement très défavorisées, ne laissent aucune chance aux pauvres et paisibles populations. Et comme corollaire, on assiste depuis un moment à des déplacements massifs des habitants de ces localités touchées vers les agglomérations. C’est notamment le cas des populations des communes Kpendjal Ouest 2 et Kpendjal 1. Des flux quotidiens qui ne seront pas sans conséquences sur l’économie de la région.


Les flux de populations au quotidien

Les images qui nous sont parvenues via les réseaux sociaux sont sans appel. On y voit des populations totalement désabusées prenant le chemin de l’exode. Où vont-ils ? Difficile d’y répondre. Tous les moyens sont bons pour se sauver. Tout ce que l’on sait est que la peur et l’insécurité ont eu raison de ces Togolais. Les attaques terroristes perpétrées dans la nuit du 14 au 15 juillet ont montré à suffisance que personne n’est à l’abri. Les victimes pour la plupart égorgées par leurs bourreaux. Voilà qui interpelle sur le nouveau mode opératoire de ces bandes armées à la lisière de la frontière entre le Togo et le Burkina Faso. La psychose généralisée a donc poussé les populations à prendre la fuite.

‘‘ Mes enfants, ma femme et moi avons décidé de partir. Nous vivons en permanence dans la peur d’être attaqués. Nous ne savons pas où nous allons. Mais rester à la maison est plus grave. Tout le monde a peur dans le village. J’ai pu voir par moi-même les cadavres de nos frères tués ou grièvement blessés par les bandits. Ma vie est plus importante que le champ et le bétail’’, nous a confié Douti, un habitant de Blamonga en fuite.

Quant à Laré, habitant de la Commune de Kpendjal 1, la peur est profonde et quasi quotidienne : ‘‘Je vis dans un village reculé, enclavé. Pas d’électricité, pas d’eau, le réseau téléphonique répond à peine. Une seule voie y mène. La nuit, vous pouvez crier ou appeler au secours, personne ne vous entendra. Et malheureusement c’est dans la nuit profonde que ces bandits opèrent. Qui sont-ils ? Pourquoi s’en prennent-ils à nous ? Nous n’avons pas encore la réponse. La seule issue pour le moment est de partir d’ici’’.

Des autorités communales préoccupées

Les déplacements massifs de populations sont manifestes dans les 4 communes que compte le Grand Kpendjal. La Commune de Kpendjal Ouest 2 n’est pas épargnée. Le maire de ladite collectivité locale Komlan MINTOIBA raconte le calvaire de ses administrés : ‘‘Les populations des zones les plus reculées convergent vers les grosses agglomérations, abandonnant leurs champs, leurs troupeaux. Dans la journée, ce sont des files de gens qui se déplacent. Ils ne savent pas où ils vont en réalité. C’est vrai que des rumeurs relayées sur les réseaux sociaux créent davantage de psychose au sein des populations. Mais il est évident que si vous dites à une personne de rester chez elle, elle vous demandera si vous pouvez la sécuriser’’.

Même son de cloche, sinon presque dans l’autre commune du Grand Kpendjal. Le retour à la normale est envisagé dans la Commune de Kpendjal 1, où les populations commencent peu à peu à retourner chez elles. Là aussi prudence du côté du Maire Arzoume SAMBIANI : ‘‘Suite à nos appels au calme, certains de nos administrés ont compris qu’on ne peut pas combattre ce fléau dans la panique. Je préfère l’appeler le terrorisme, parce que ce n’est pas le djihadisme. Les populations ont compris et commencent peu à peu à regagner leurs villages respectifs. C’est la saison des pluies, c’est le moment des cultures. S’ils quittent massivement et définitivement leurs villages, cela va occasionner d’autres soucis pour nous. Nous les avons rassurés de la présence à nos côtés des forces de sécurité qui quadrillent les frontières. Cependant nous restons tous prudents et vigilants’’, a reconnu le Maire SAMBIANI de la Commune de Kpendjal 1.

Des conséquences sociales futures d’envergure

Le Grand Kpendjal commence à se vider de sa population. Ces Togolais ont laissé derrière eux, des habitations mais surtout leurs bétails et leurs champs pour se retrouver aujourd’hui en ville. Si sur le plan sécuritaire, ils sont plus en moins à l’abri des attaques physiques, ils sont en revanche exposés à la famine. La saison des pluies dure généralement moins dans les Savanes. Et c’est le moment d’aller au champ pour éventuellement attendre des récoltes probantes. Quand on sait que l’élevage et l’agriculture demeurent leurs principales sources de revenu, on est en droit de s’interroger sur l’avenir proche de ces populations-là. Des populations pauvres en général, la famine qui pointe à l’horizon est loin d’être une solution à la vie chère encore moins au terrorisme.

Lors de sa dernière conférence de presse en date du 19 juillet, Zato KADAMBAYA, le représentant du Parti du Peuple et d’Intégrité(PPI) aux Etats-Unis affirmait : ‘‘Le terrorisme se nourrit de la pauvreté. Il faut régler la question de la pauvreté avant de chercher à lutter contre ce fléau. Les gens qui ont faim à qui on tend un peu de sous, ont du mal à refuser. Le gouvernement togolais ne peut seul lutter contre le terrorisme’’.
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