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La Police interpellée par le Parlement au Ghana ; les auteurs des violences et assassins présumés des élèves protégés au Togo / Pour avoir exercé des brutalités sur des manifestants
Publié le dimanche 2 mars 2014  |  liberte-togo.com


© Autre presse par DR
Les membres de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT)


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Interpeller les gouvernants sur des sujets de l’actualité relève de la routine dans les démocraties traditionnelles. De plus en plus sur le continent africain, des pays acquièrent ces réflexes. Comme au Ghana où le Parlement a interpellé le chef de la Police pour des violences exercées sur des manifestants début février dernier. Mais a contrario, au Togo, c’est l’impunité garantie aux auteurs des abus sur les populations.

Les députés ghanéens interpellent le chef de la Police

Cela peut sonner comme une boutade, mais on se trouve bien au pays de John Dramani Mahama. Suite à des violences policières sur des citoyens qui manifestaient à Antoa et Kenyase dans la région de Kumashi, le président de l’Assemblée nationale, Edward Doe Adjaho, a interpellé et demandé à l’Inspecteur Général de la Police (IGP), de diligenter une enquête sur les allégations de brutalités. Les faits remontent au 3 février 2014.

En effet, ce jour, les populations ont organisé une manifestation de rue pour dénoncer le mauvais état des routes dans ces deux localités. Selon des sources policières, les manifestants auraient bloqué la circulation pour se faire entendre. Et la Police, afin de les dégager et rétablir l’ordre, aurait alors (simplement) fait usage de gaz lacrymogènes. Ce qui a donné lieu à des heurts dont le bilan officiel s’établit à vingt-huit (28) blessés. D’autres sources font état de la mort de deux manifestants. Ce que les autorités policières ont tout naturellement nié.

La version de la police est contestée par le député de la localité, Kofi Frimpong, à l’origine de l’interpellation du patron de la Police. Selon l’élu du peuple, les forces de l’ordre ont fait aussi usage de balles réelles. Il accuse les agents d’avoir non seulement dispersé, mais en plus poursuivi et battu les manifestants jusque dans leurs maisons. Il a alors saisi le président du Parlement, Edward Doe Adjaho, afin de requérir toute la lumière sur cette affaire. Requête à laquelle a accédé le président en interpellant l’Inspecteur Général de la Police (IGP) et lui ordonnant de diligenter une enquête sur ces allégations.

Cette démarche doit faire pâlir d’envie les Togolais, au regard de l’impunité accordée aux corps habillés dans leur pays.

La violence policière légalisée au Togo, leurs auteurs promus

Les Togolais ont toutes les raisons d’envier leurs voisins de l’ouest, car sur la Terre de nos aïeux, les violences policières sur des manifestants sont une routine. Que ce soit sur le terrain politique ou social, il ne se passe pas de manifestation de contestation du pouvoir ou de simple réclamation de droits sans répression. Les militants et sympathisants du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac), de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), du Collectif « Sauvons le Togo » en savent quelque chose, eux qui ont été les cibles préférées des corps habillés depuis un bout de temps. Même les étudiants et les élèves ne sont pas épargnés. L’actualité, c’est sans doute le cas des étudiants de l’Université de Lomé la semaine écoulée. Pour une simple rencontre organisée sur le campus sur des questions relatives à leurs conditions d’études, ils ont été la semaine dernière l’objet de répression des corps habillés.

Au Togo, toutes les armes sont permises pour empêcher les manifestations hostiles au pouvoir. Grenades lacrymogènes, matraques, coups de bottes ou de ceinturon, coups de crosse, balles en caoutchouc ou balles réelles…les corps habillés ne s’offrent aucune limite quand il s’agit de réprimer les manifestations de contestation du régime. Plus qu’une simple dispersion, les intentions de tuer sont parfois manifestes. Contrairement à la norme qui voudrait que les grenades lacrymogènes soient tirées en l’air, ici elles le sont à bout portant sur les manifestants, et parfois lancées dans des endroits clos et dans des maisons. C’est le calvaire que vivent les habitants du quartier Bè lors des manifestations politiques. Même l’Eglise catholique d’Amoutivé n’avait pas été épargnée. Ici, l’usage disproportionné de la force est une tradition ; mais les élus du peuple ne se sentent jamais interpellés pour interpeller à leur tour les responsables des corps habillés.

Les assassins des deux élèves de Dapaong protégés

On ne saurait parler de la problématique des répressions sans évoquer le dossier du meurtre des deux élèves à Dapaong en avril 2013, Anselme Sinandaré et Douti Sinalengue. Alors qu’ils manifestaient pour réclamer leur droit à une éducation saine, ils ont été fauchés dans la fleur de l’âge. Le premier a été tué par un tir à bout portant d’un agent, le second a succombé des suites des coups reçus de la part des corps habillés qui ont entrainé plus tard une péritonite. Les agents auteurs de ces violences ont été bien identifiés ; mais ils sont bien protégés par leur hiérarchie et le pouvoir. En tout cas, toutes les requêtes des responsables de la Synergie des travailleurs du Togo (Stt), des familles endeuillées pour réclamer la révélation des identités des meurtriers et des poursuites judiciaires contre eux sont demeurées sans suite.

Quelles que soient les circonstances des violences et les conséquences qui en découlent, les agents des forces de l’ordre ne sont jamais inquiétés. C’est simplement l’impunité garantie au Togo. Les auteurs des violences électorales de 2005 ayant coûté la mort à un millier de compatriotes, bien identifiés et nommément cités dans les nombreux rapports établis ne sont-ils pas protégés jusqu’à ce jour ? Le plus cocasse, non seulement les auteurs des violences ne sont pas inquiétés, mais en plus ils sont promus. Ce qui donne l’impression qu’il existe une prime pour la violence.

Que valent les députés togolais, dites-vous ? La question mérite sans doute d’être posée, car le cas ghanéen ayant motivé la rédaction de cet article met également en lumière la responsabilité du Parlement dans une démocratie, et mieux, les avantages de la démocratie. Au Ghana, l’Assemblée nationale a simplement joué l’un de ses rôles régaliens, celui d’interpellation des gouvernants. Les élus du peuple sont censés le faire devant les abus, les situations spéciales, bref à chaque fois que le sort des populations, leurs électeurs donc est en jeu. Mais au Togo, les élus du peuple restent muets face aux drames qui se jouent sous leur nez. L’Assemblée nationale n’a pas cru bon d’interpeller les autorités sur la mort de ces deux jeunes élèves à Dapaong jusqu’à ce jour. Les députés de l’actuelle législature n’ont non plus senti la nécessité d’interpeller le gouvernement au sujet de la hausse cynique des prix des produits pétroliers le 15 janvier dernier, laissant leurs électeurs à la merci des sangsues. Ici, les élus du peuple ne savent que faire du bien-être des populations. L’essentiel pour eux est de voter pour ou contre des projets ou propositions de loi, toucher leurs émoluments et autres primes multiples à la fin du mois…bref trouver leur compte. Le reste, on n’en a cure.

Tino Kossi

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