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Interview exclusive de Jean-Sylvanus Olympio: «Les archives relatent que le Président Olympio aurait reçu une balle dans le dos (...)»

Publié le vendredi 13 janvier 2023  |  Togo Scoop
Vernissage
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Vernissage d`une exposition consacrée à une visite historique effectuée en 1962 aux USA par Sylvanus Olympio
Lomé, le 26 avril 2017. Radisson Blu Hôtel 02 février. En présence de Gilchrist Olympio, de l`ambassadeur David Gilmour, d`Awa Nana-Daboya et de plusieurs invités de marque, Faure Gnassingbé préside le vernissage d`une exposition consacrée à une visite historique effectuée en 1962 aux USA par Sylvanus Olympio
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Neveu de Sylvanus Olympio, le tout premier président du Togo, lâchement assassiné, Jean-Sylvanus Olympio a eu l’audace de demander à la France la déclassification des archives de ce pays sur l’assassinat du Père de l’indépendance du Togo. Une démarche qui aura le mérite d’éclairer les Togolais sur un pan de leur histoire jusque-là non élucidé. Dans cette interview, Jean-Sylvanus revient sur sa démarche et bien d’autres préoccupations en lien avec le soixantième anniversaire de l’assassinat président Olympio. Lecture…


Togo Scoop Info: Il y a quelques mois vous avez instruit une demande d’accès aux archives officielles de la France pour connaître la vérité sur l’assassinat du Père de l’indépendance Sylvanus Olympio. Où en est-on aujourd’hui avec cette démarche ?

Jean-Sylvanus Olympio : Sylvanus Olympio était et reste pour moi et l’ensemble des togolais, Un homme politique de premier plan.

Ma mère a beaucoup travaillé avec Sylvanus Olympio durant toute la période de la lutte pour l’indépendance du Togo.

Petit, elle nous a raconté que le 12 janvier 1963, soit la veille de l’assassinat de Sylvanus Olympio, elle était chez lui et son épouse Dina, jusqu’aux environs de 19h00.

Après avoir entendu parler mes parents, lu et parcouru de nombreux ouvrages sur l’assassinat de Sylvanus Olympio, j’avais décidé en 2020 de demander par voie juridique, l’ouverture des archives françaises et d’autres chancelleries occidentales présentes au TOGO dans les années 1960 à 1963, pour savoir ce qui s’était réellement passé dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963.

C’est en mai 2021 que j’ai mandaté un avocat spécialiste en droit international de saisir les instances légales françaises pour l’obtention des archives déclassées sur l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO. Mon objectif est de pour découvrir, si cela était possible, l’auteur de cet acte barbare et les motivations qui l’habitaient.

Avec mon avocat Maître Woll, dans un premier temps, nous avons interrogé une première fois le Ministère des Affaires étrangères français pour savoir s’il existait des archives relatives au coup d’État de 1963 et où elles se trouvaient. Puis, dans un second temps, nous en avons demandé copie.

Les archives dont nous avons obtenu copie, proviennent de deux sites : Nantes et La Courneuve. En tout, elles comptent quelque 2000 pages.

Les informations les plus intéressantes proviennent de Nantes. Elles regroupent les notes prises sur le vif par les diplomates français en poste à Lomé au moment de ce meurtre tragique.

Le résultat est édifiant et finalement va à l’encontre des préjugés qui étaient les nôtres.

Les archives relatent que le Président Olympio, alors qu’il se trouvait sur le trottoir devant l’ambassade américaine, aurait tenté de s’enfuir.

Le soldat qui dirigeait ses pas, l’aurait alors tué. Il est donc fort probable que ce soldat lui ait tiré dans le dos. Une autre note manuscrite, très détaillée, rapporte qu’un certain «sergent-chef Étienne» aurait ensuite claironné partout que c’était lui qui a tué le Président Olympio.

Or, les archives montrent également que, parmi les membres du «Comité insurrectionnel» créé dans la foulé et qui prétendait succéder au président défunt, se trouvait un certain «HEYDIMA Etienne» totalement inconnu à cette époque des diplomates en poste à Lomé.

Ce fameux «HEYDIMA Etienne», ancien sergent-chef de son état, disparaîtra d’ailleurs du devant de la scène togolaise immédiatement après ce meurtre avant de réapparaître brutalement en prenant le pouvoir par la force en 1967.


Togo Scoop Info : Quelques jours après votre demande, vous avez été désavoué par le chef de la famille Olympio. Pourquoi une telle démarche divise jusque dans la famille de la victime ?

Cela n’a plus d’importance. La famille Olympio est une très grande famille et bien organisée pour faire la part des choses.

Nous sommes de vrais démocrates, nous nous respectons mutuellement et nous respectons des avis contraires. C’est cela notre force !

Togo Scoop Info : Dans la famille quel souvenir gardez-vous de l’illustre disparu?

Du premier président de la République togolaise, 1960 à 1963, il ressort une somme d’atouts et d’attraits qui consolident la place indestructible qui est la sienne dans l’histoire tangible et dans l’imaginaire palpable de la famille Olympio et des togolais dans son ensemble.

Simplement dit, Sylvanus Olympio incarnait une vision qu’il a su traduire et propager au sein de sa propre famille, au Togo comme à l’extérieur de ses frontières, particulièrement comme : un modèle de compétence, un modèle de transparence et un modèle de clairvoyance.

Sylvanus Olympio incarne aussi une Éthique de la Nation, celle qui gère la République pour la mettre au service de ses citoyens, et de la manière la plus exemplaire qui soit.

En somme, Sylvanus Olympio demeure un modèle pur, une personnalité simple, un exemple inaltéré par le temps : la conjugaison d’une vision audacieuse et d’une gestion saine du Togo.



Togo Scoop Info : Que représente le président Olympio pour vous ?

Sylvanus Olympio, c’est à la fois l’héritage et l’avenir…


Togo Scoop Info: C’est votre oncle, je suppose. Est-ce que vous l’avez connu?

Sylvanus Olympio est mon oncle. Je ne l’ai pas connu, mais je porte son prénom, ce qui est pour moi un grand honneur.

Togo Scoop Info: Est-ce qu’aujourd’hui, la famille Olympio est prête à pardonner aux bourreaux de leur fils? Si oui à quelles conditions?

Ce «régicide» sur la personne d’un président démocratiquement élu – c’est et c’était déjà si rare en Afrique – a été commis par un homme sans foi, ni loi dont la bêtise l’a conduit jusqu’à se vanter de cet acte méprisable et particulièrement condamnable.

Il ne faut pas perdre de vue que la société des hommes, où qu’elle se trouve, condamne le meurtre sous toutes ses formes.

Ce travail lève donc une partie du voile sur un épisode tragique du Togo en mettant en exergue les fondations vérolées de la dynastie Gnassingbé au pouvoir dans ce pays depuis presque 60 ans.

Mon message est le suivant : Chacun a pu constater, dans sa vie personnelle, que la douleur ne dure jamais bien longtemps et que le changement est la règle. Ce constat vaut aussi au niveau des États. Le mur de Berlin est tombé sans préavis. Ce qui est attendu arrive rarement et ce qui n’est pas attendu arrive très souvent.
... suite de l'article sur Autre presse

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