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TOGO: Rapport sur les conditions de travail et de vie des employés de WACEM - Salaires misérables, absence de mesures de sécurité, accidents de travail non pris en charge …
Publié le mercredi 21 aout 2013  |  togosite.com


© Autre presse par dr
West african cement (WACEM) usine dirigée par des Indiens à Tabligbo


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Le Mouvement Martin Luther King – La Voix des Sans Voix vient de rendre public un rapport sans complaisance sur les conditions de travail et de vie des employés du West african cement (WACEM), une usine dirigée par des Indiens à Tabligbo. « Par cette passivité et cette indifférence des dirigeants face aux souffrances des compatriotes, ces derniers sont sacrifiés sur l’autel des appétits gloutons d’un groupe mafieux qui verrouille le secteur et s’enrichit illicitement à leur détriment », indique le rapport.
RAPPORT SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL ET DE VIE DES EMPLOYES DE WACEM (West African Cement) A TABLIGBO AU TOGO

ZONE FRANCHE OU ESCLAVAGE DES TEMPS MODERNES ?

Il n’est de secret pour personne que la situation des conditions de travail et de vie des employés de la Zone Franche au Togo ressemble à une exploitation humaine ou à un esclavage des temps modernes. Malgré les appels répétitifs des organisations des droits humains dénonçant les violations flagrantes des cahiers des charges portant statuts de société de Zone Franche et le refus catégorique des opérateurs économiques de respecter les contrats et la convention collective, et cela, au grand dam et avec la complicité active du gouvernement Togolais ou du moins des autorités en charge notamment le Ministère des Mines, celui des Zones franches et la Direction Générale de la Société d’Administration de la Zone Franche. Par cette passivité et cette indifférence des dirigeants face aux souffrances des compatriotes, ces derniers sont sacrifiés sur l’autel des appétits gloutons d’un groupe mafieux qui verrouille le secteur et s’enrichit illicitement à leur détriment.

En effet, la situation dans les sociétés de la zone franche au Togo en général et à WACEM en particulier est critique et alarmante. Travailler dans la Zone Franche n’a rien à envier aux travaux forcés sous la forme de l’esclavage moderne. Car les gens travaillent beaucoup, dur, dépassant les heures conventionnelles mais leurs salaires atteignent difficilement la planche du SMIG (35.000FCFA) par mois. Par exemple, avec 8 heures de travail pour un salaire journalier de 1200F à raison de 150F par heure ; ou ailleurs, 8 heures de travail pour un salaire de 800F à raison de 100F par heure … Dans cette pléiade d’injustices et d’atteintes aux droits humains, les opérateurs économiques notamment les employeurs indiens sont indifférents et souvent en complicité avec les nationaux « les tacherons », les dérives et les dérapages ne font qu’augmenter et persister.

Devant ce tableau sombre de violations des droits des citoyens, il est inadmissible que les dirigeants qui se disent être élus par les populations laissent le sort de ces dernières dans les mains de leurs bourreaux. Pour le Mouvement Martin Luther KING, on est en droit de clamer haut et fort aujourd’hui que les problèmes et les préoccupations des Togolais ne les concernent pas.

Une enquête dans les sections affiliées à WACEM notamment PAPER BAGS , nous a permis d’avoir des témoignages des ouvriers:

TEMOIGNAGES DES OUVRIERS DE PAPER BAGS (WACEM)

« Dans la plupart des sections, nous travaillons auprès des machines à risques (perte des doigts, des bras, des blessures à la tête, aux pieds et autres ; sans mesure de sécurité : casques, chaussures, gants et lunettes … Il en est de même pour les électriciens qui travaillent sur une haute tension de 600 ampères sans ceintures de sécurité et consorts. Les pièces de rechange des différentes machines sont vétustes. Les électriciens, les mécaniciens et les opérateurs sont obligés de fabriquer eux-mêmes ces pièces de rechange pour faire fonctionner les machines mais ils ne sont reconnus à leur juste valeur. En attendant leurs arrivées tardives, la situation se complique davantage avec les fréquences des pannes. On n’a pas le temps de s’asseoir ; à peine 2 heures pendant 8 heures de travail. Donc tout le travail s’effectue debout. Ce qui fait que nous souffrons souvent des maux de reins, de tête, de ventre, de rhumes à cause du gaz et de la poussière dégagée par les machines. Nous souffrons aussi du vertige et de l’anémie. En cas de maladie, les traitements sont limités aux premiers soins avec paracétamol, médicaments et injections de moindre coût. Les accidents de travail ne sont pas pris en charge ni indemnisés et ils se comptent par millier et la plupart sont aujourd’hui des handicapés. En état d’incapacité et d’invalidité dument constaté par un médecin, les gens sont purement et simplement licenciés. Au sein des usines, la chaleur est vive en permanence, mais aucune n’est pas prise pour aérer les lieux et procéder au contrôle médical régulier des employés, comme les employeurs le font régulièrement eux-mêmes. Lorsque les quelques rares ventilateurs qui travaillent, tombent en panne, il faut des jours voire des mois pour les réparer et nos activités se produisent dans les fournaises ardentes dans lesquelles tout le monde transpire. Les usines fonctionnent sans interruption jour et nuit, y compris éventuellement les dimanches et les jours fériés. Mais nos activités sont rémunérées comme les jours ordinaires et ouvrables ; ce qui est contre le code du travail et la convention collective interprofessionnelle. Il faut vous dire que les travaux nocturnes sont très pénibles et atroces ; nous arrivons difficilement à fermer les yeux. Lorsque nous refusons de le faire, nous sommes sévèrement sanctionnés avec diminution de salaire voire licenciement. Il y a des machines qui font des bruits assourdissants, forts provoquant des vibrations qui rendent sourds et probablement des candidats à l’hypertension ou à l’hypotension à l’avenir. Nous sommes obligés par nos employeurs de faire les heures supplémentaires qui sont mal rémunérées alors qu’il faut les primes de nuit et la majoration de nos dus horaires au taux et demi. Nous n’avons pas de congés payés. Le temps minimal de travail par semaine dans l’usine est de 48 heures, mais nous faisons au-delà 56h, 60h voire 72 h. Malgré tout, à la fin du mois, nous nous retrouvons au-dessous du SMIG. La preuve, nous allons au travail à vélo et à pieds. Notre situation est plus que de l’esclavage ; nous revendiquons un début d’application de la convention collective sectorielle de la zone franche, notamment la classification professionnelle, le salaire de base convenu, un contrat de travail en bonne et due forme et la déclaration à la Caisse nationale de sécurité sociale. Il est important de rappeler que nos superviseurs Indiens ne maitrisent pas le fonctionnement des machines mais sont mille fois mieux payés que nous.

Nous demandons à l’Organisation Internationale du Travail, au Bureau International du Travail, aux organisations internationales et nationales de défense des droits de l’Homme de nous venir au secours, car nous ne vivons pas à la zone franche, mais nous vivotons … ».

Ces témoignages sont complétés par un sinistre et accablant tableau de grille salariale selon les catégories d’employeurs.

Tout être humain ayant une conscience ne peut avoir que de la peine à commenter ce sinistre et accablant tableau de grille salariale des employés de WACEM. Ces derniers déclarent payer aussi de la taxe sur salaire de 18% sous forme d’impôt qui varie d’un employé à un autre. La Société WACEM n’est qu’un échantillon révélateur des dérives, des abus et des violations des droits humains dans les sociétés de la zone franche au Togo. La situation des employés de ce secteur n’est meilleure nulle part.

Toute porte à croire eu égard à ce qui précède que la zone franche au lieu d’être pourvoyeur d’emploi pour résorber le chômage sous lequel croupit la jeunesse togolaise, devient plutôt une source de misère et d’énormes entraves à l’épanouissement de notre société. Il est donc regrettable que ce secteur soit mis à contribution uniquement pour assouvir les ambitions égoïstes et démesurées d’un groupuscule à la solde des opérateurs économiques véreux et insatiables.

Comment renverser aujourd’hui la tendance pour faire de la zone franche un vivier d’emplois pour alléger la souffrance de nos compatriotes ? Comment faire pour que les différents textes et lois qui régissent les sociétés de la zone franche et confèrent aux employés des droits, soient effectivement respectés par les employeurs ? L’histoire est la longue et tragique illustration du fait que les groupes privilégiés cèdent rarement leurs privilèges sans être contraints. Aussi, avons-nous appris douloureusement que la liberté n’est jamais accordée de bon gré par l’oppresseur, mais elle doit être exigée par l’opprimé.

C’est donc un devoir moral qui s’impose à nous pour combattre l’injustice, l’inégalité et les disparités qui ont droit de cité dans notre société.

Les traitements inhumains, dégradants et cruels qui sont infligés à nos compatriotes dans les sociétés de la zone franche au Togo, doivent nous interpeller tous à des actions immédiates en signe de solidarité avec les victimes pour le triomphe de la justice, du droit et de la dignité pour tous. Car les entraves et les violations des droits de l’espèce humaine relèguent cette dernière à l’animalité ; ce qui n’est pas de nature à garantir l’épanouissement de l’humanité. Ce combat est universel et relatif aux droits de l’homme dans le droit international.

La situation atroce et dramatique qui est développée et entretenue par ces opérateurs économiques togolais et étrangers dans la zone franche de complicité active avec les autorités togolaises, ne doit pas être négligée ni minimisée. Le présent rapport doit être pris en compte et traité minutieusement par tous les organismes et organisations dont relève la dignité humaine.

ATTENTION ! L’ESCLAVAGE SOUS SA FORME MODERNE EST A L’ŒUVRE DANS LES SOCIETES DE LA ZONE FRANCHE AU TOGO !

Lomé, le 16 Aout 2013

Le Président,

Pasteur EDOH K.KOMI

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