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Le monde sous la botte de Poutine
Publié le mercredi 19 mars 2014  |  icilome.com




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Depuis quelques mois une crise politique sérieuse secoue Ukraine, après le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer l’accord de collaboration proposé par l’UE. De jour en jour la grogne monte d’un cran dans ce pays et se transforme le 22 févier dernier en une révolte sanglante, avec l’escalade de la violence au cours de laquelle plus de 80 personnes ont trouvé la mort. Viktor Ianoukovitch l’un des présidents les plus corrompus du monde, un ferment adepte du népotisme, du favoritisme, du clientélisme, du copinage, a été destitué après que la police a jeté l’éponge et déclaré désormais «être aux côtés du peuple» et «partagé ses aspirations aux changements rapides». Un geste sublime, magnanime. Entre l’intérêt d’un individu, fût-il un homme d’État, et celui du peuple, lequel doit primer? C’est sans contredit celui du peuple. La police ukrainienne a compris qu’elle se fourvoyait et a vertueusement dû rebrousser chemin. L’intérêt du peuple est sacro-saint et doit prendre le dessus de tout ce qui est égoïste. On l’a humiliée, cette police, mise à genou devant le peuple, mais c’était pour lui pardonner. C’est le moindre mal.
Cette révolution a donc eu des répercussions dans les autres villes ukrainiennes, en particulier en Crimée que le président russe, Vladimir Poutine, a rapidement fait inonder de ses militaires, violant ainsi et de façon systématique le droit international, coupant du même coup l’herbe sous le pied des nouvelles autorités de l’Ukraine, et laissant aussi le monde entier, et surtout l’Occident, stupéfait, pantois et perclus. Pour enfoncer les choses, les nouvelles «autorités» fantoches de Crimée, qui sont à la botte de Poutine, demandent sans tarder l’annexion de leur ville à la Russie. Un référendum est aussi rapidement organisé à cet effet.

Qui est donc Vladimir Poutine ?
Fils d’ouvriers, et petit fils de paysans, Vladimir Poutine est né le 7 octobre 1957 à Saint-Pétesburg dans Léningrad. Il fait ses études à l’Université de Léningrad, couronnées par une maîtrise consacrée à la politique des États-Unis d’Amérique en Afrique. On le dit féru de sports comme le sambo, le judo, la natation, l’équitation, le ski, etc. Il entrera après une brève formation dans le KGB (le fameux service secret de renseignement de la Fédération de Russie). Il a commencé comme subalterne avant de devenir officier. En 1984, à titre de commandant, il est envoyé suivre une autre formation pour devenir un vrai espion, rompu à la tâche. En août 1991, il démissionne du KGB à la suite du coup d’État contre Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev pour devenir conseiller du maire Anatoli Sobtchak, nouvellement élu. En août 1999, il devient directeur adjoint de la présidence de Boris Eltsine. Dans la même année, Boris Eltsine le nomme président du gouvernement (le Premier ministre). Il devient ainsi le second homme d’État et le potentiel successeur d’Eltsine. Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine démissionne et Poutine devient le président intérimaire de la Russie. Le 26 mars 2000, Poutine est élu président. Son arrivée au pouvoir est saluée par les Russes fatigués des soubresauts politiques lancinants, et à répétition. Ses premiers gestes consistaient à renforcer le poids des services de renseignement, de la police et de l’armée. En décembre 2008, n’ayant pas la possibilité de changer la constitution pour briguer un troisième mandat présidentiel, il laisse Dmitri Medvedev devenir président et lui chef du gouvernement. En mars 2012, Poutine redevient président de la république russe et Dmitri Medvedev, chef du gouvernement. C’est la démocratie à la Poutine au grand dam des Occidentaux, ces grands donneurs de leçons de démocratie, qui gardent là-dessus un silence embarrassé.

Lorsque la force se fait passer pour la justice
«Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.» Ce passage de Blaise Pascal fait aussi penser à la fable Le loup et l’agneau de La Fontaine : «La raison du plus fort est toujours la meilleure.» Que faites-vous, Poutine, avec vos trouffions en Crimée, une ville ukrainienne ? Ce que vous faites est une violation de l’indépendance, de la souveraineté, de l’intégrité territoriale d’un pays, bref, du droit international. Nous répondons «aux appels à l’aide dans cette affaire» de nos compatriotes. C’est pour protéger nos compatriotes. Les Russes qui sont là sont des Ukrainiens et non plus des Russes. C’est une violation de territoire. Et cela va avoir des conséquences! «J’agis en conséquence, dans le respect absolu du droit international». Il n’y aura aucune conséquence possible. Nous avons le plein droit de protéger et de défendre nos compatriotes et nos intérêts. Et si quelqu’un veut nous voir sur son chemin, eh bien, il n’a qu’à essayer. Il verra de quel bois nous nous chauffons. C’est cela la raison du plus fort qui est toujours la meilleure. Poutine n’a peur de personne et est totalement capable de prendre des mesures de rétorsion contre ceux qui agitent à sa face le spectre des conséquences économiques et diplomatiques. L’homme n’a ni Dieu ni maître; il n’a peur ni d’Obama, ni de Hollande, ni encore de Merkel. On ne badine pas avec Poutine qui piétine tout sur son passage. Homme d’État obtus, redoutable, il bâillonne et jette sans pitié en prison tous ses contestataires et ses opposants. Les menaces de sanctions, d’isolement économique ne font que raffermir davantage sa position et les «gesticulations» diplomatiques restent de simples gesticulations sans aucun effet réel. Ce que Poutine veut, Dieu veut. Et il l’aura contre vents et marées. On le connaît un peu trop.
Donc toutes les agitations pour le ramener à la raison ont pour l’instant échoué. Poutine est un homme qui aime relever les défis, et que rien ne l’influence, ne l’intimide, ne le dissuade. Sa détermination de faire de Crimée un territoire désormais russe est d’airain. Poutine fait que ce qui est fort soit juste aux yeux du monde. Une force juste. Deux mots antonymes avec lesquels Poutine semble justifier son geste odieux. Mais comment une force peut-elle être juste si elle viole la souveraineté et l’intégrité d’un autre pays ? La justice au sens large est ce qui est conforme à la loi, et au sens restreint, ce qui est dû à autrui. Dans les deux cas, la justice, c’est le droit. C’est en ce sens que l’on dit que ce qui est juste c’est «ce qui est légal et équitable». La justice implique les valeurs comme l’égalité entre les hommes, la liberté d’expression, le droit à la sécurité et à la vie, etc. La force, quant à elle, équivaut à la violence délibérée, à l’oppression, l’invasion d’un autre territoire. La force et la justice sont opposées, mais Poutine les concilie. La force fait le droit pour Poutine. N’est-ce pas biscornu ? Cela change la perception des choses : «Sitôt qu’on peut désobéir impunément on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort.» Poutine fait en sorte qu’il reste dans le monde le plus fort. Le prince doit faire reposer son pouvoir sur la puissance militaire, la force. Ce pouvoir est d’autant plus fort s’il le fait subtilement passer pour juste, en tournant royalement le dos à la morale, aux valeurs religieuses. Voilà ce que conseille Machiavel aux princes et que suit à la lettre Poutine.
Un homme fringant, au visage toujours fermé, le sourire rare, l’air toujours grave, le tsar du Kremlin est d’un tempérament de faucon, difficile à fléchir dans ses prises de positions. Hier c’était lui, vous vous en souvenez, qui s’était avec opiniâtreté opposé à l’invasion de l’Irak par des troupes américaines, de la Libye par les Occidentaux. Il y a peu, c’était encore lui qui dit vertement non aux USA et à la France qui voulaient jouer les va-t-en guerre en Syrie, lorsque Bachar Al-Assad était accusé en août 2013 d’avoir utilisé des armes chimiques contre son propre peuple. Ils ont été très vite arrêtés dans leur «zèle guerrier» par la démonstration de force de Pouline, qui s’était frontalement opposé à cette intervention en Syrie. Toujours tranquille, mais d’une vivacité sublime et imperturbable dans ses décisions, Poutine aime les épreuves de force. On dirait que son passage au KGB a forgé son tempérament de pugnace. Bref, Poutine est prêt à foutre la merde partout si on l’y provoque. «Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme pas sa force en droit et l’obéissance en devoir», dit-on. Un truisme. Oui, il y a toujours un plus fort que soi. Mais où est ce plus fort que soi devant le tsar de Kremlin ? Poutine n’en voit pas et c’est pourquoi il n’en fait qu’à sa guise et avec tranquillité; c’est pourquoi il nargue tout le monde.
Imaginons que le Togo devenant plus fort financièrement, matériellement et militairement, décide aujourd’hui de reprendre Aflao, cette partie de notre territoire annexé comme par enchantement au Ghana. La France et l’Angleterre vont-elles se contenter de mots, seulement de mots, sans dépêcher chacune sur leurs zones d’influence des militaires avec des armes ?

L’annexion de Crimée qui est désormais chose faite depuis dimanche dernier avec 97% de oui, est un véritable défi jeté à la figure de la communauté internationale et à l’ONU. Que peuvent-elles faire ? Vont-elles rester les bras ballants en se contentant seulement de coups de fil, qui ne dissuadent en rien le dieu de Kremlin et d’agitations diplomatiques qui sont a priori vouées à l’échec ? Ou vont-elles prendre des mesures plus énergiques et plus drastiques pour faire fléchir Poutine ? Rien n’est moins sûr puisque l’irréparable semble déjà fait. Mais attendons de voir.

Thomas Sékpona, Ph.D.

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