Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Togo : le bras de fer commence entre l’opposition et le régime après le changement constitutionnel

Publié le jeudi 28 mars 2024  |  AFP
Centre
© Autre presse par DR
Centre ville de Lomé
Comment


La tension politique monte au Togo où une conférence de presse organisée par les partis
d’opposition et des groupes de la société civile a été interrompue par les gendarmes mercredi
matin, moins de 48 heures après l’adoption d’une nouvelle constitution.
Lundi soir, l’Assemblée nationale, dominée par l’Union pour la République (UNIR), le parti au
pouvoir, a validé le nouveau texte instaurant un régime parlementaire au Togo, et non plus
présidentiel.
Les partis d’opposition et des groupes de la société civile avaient convoqué une conférence
de presse mercredi matin car ils craignent que ce nouveau changement constitutionnel ne
laisse la voie libre à la prolongation du président Faure Gnassingbé au pouvoir.
Cette conférence de presse, prévue vers 12H00 (locale et GMT) au siège du parti d’opposition
Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), à Lomé, la capitale, a été
interrompue et dispersée par une trentaine de gendarmes équipés de matraques sous
prétexte que ses organisateurs n’avaient pas les autorisations nécessaires.
"C’est inacceptable, le régime togolais se permet absolument tout, après avoir changé la
constitution en catimini", a déclaré mercredi après-midi Nathaniel Olympio, président du
Parti des Togolais (PT) et l’un des organisateurs de la conférence de presse, dans une
déclaration envoyée à l’AFP.
"En privant les Togolais de choisir leur président de la République par ce coup d’Etat
constitutionnel, le régime a franchi une ligne rouge", selon M. Olympio.
"J’appelle les Togolais à se mettre debout pour faire barrage à ce projet funeste", a-t-il ajouté.
Le régime togolais est régulièrement décrié par les ONG de défense des droits humains pour
ses atteintes aux libertés de la presse, de réunion et d’expression, et l’opposition dénombre

une centaine de détenus politiques.
- Nouvelle constitution -
La nouvelle constitution donne désormais le pouvoir au Parlement togolais d’élire le
président de la République.
Le président sera choisi "sans débat" par le Parlement réuni en congrès "pour un mandat
unique de six ans", d’après le nouveau texte lu à l’Assemblée nationale et validé avec 89 voix
pour, une contre et une abstention.
Le texte, qui fait entrer le Togo dans sa Ve République, crée également la fonction de
"président du conseil des ministres", sorte de Premier ministre "désigné" par les députés qui
aura en charge les fonctions régaliennes du pays.
Il sera "le chef du parti ou le chef de file de la coalition de partis majoritaire à l’issue des
élections législatives".
Le dernier grand changement constitutionnel remontait à 1992. Celui de lundi intervient à
moins d’un mois des prochaines élections législatives, qui doivent se tenir le 20 avril en
même temps que les élections régionales. L’opposition a annoncé y participer, elle qui avait
boycotté le dernier scrutin législatif de 2018.
- "Système monarchique" -
Mardi, la Conférence des évêques du Togo a réagi dans un communiqué et s’est interrogé sur
"l’opportunité ou non" de mener cette réforme et du "moment choisi".
Elle a appelé Faure Gnassingbé à "surseoir la promulgation de la nouvelle constitution et à
engager un dialogue politique inclusif, après les résultats des prochaines élections
législatives et régionales".
D’après l’historien togolais Michel Goeh-Akue, la nouvelle constitution est "faite pour que
Faure Gnassingbé ait le pouvoir à vie" comme "dans un système monarchique".
"Les dés sont pipés à l’avance", a-t-il jugé mardi, soulignant que l’opposition "n’a pas
beaucoup de chances pour les élections législatives et régionales du mois prochain tant le
système est verrouillé".
Les défenseurs de la nouvelle constitution estiment que le pays y gagnera en stabilité, dans
une Afrique de l’Ouest secouée par des coups d’Etat au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au
Niger, la crise politique qui a agité le Sénégal, ou le jihadisme également présent dans le nord
du Togo.
ek-ks/fvl/mba
Commentaires