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Togo – Faux médicaments en plein essor : Les autorités pointées du doigt pour leur silence complice

Publié le samedi 6 juillet 2024  |  icilome.com
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© Autre presse par DR
Togo – Faux médicaments en plein essor : Les autorités pointées du doigt pour leur silence complice
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Communiqué de l’Observatoire pour la Promotion de la Santé en Afrique (OPS-AFRIQUE) relatif aux faux médicaments

Le Togo abrite depuis le 03 Juillet 2024 la 23è édition du forum Pharmaceutique International sur le thème : « Défis, enjeux et perspectives pour le secteur pharmaceutique ». Ce forum intervient dans un contexte spécial où le Togo s’est engagé dans la mise en œuvre de l’assurance maladie universelle avec tous les défis qui s’imposent.

Malheureusement, force est de constater que dans le domaine de la santé, le secteur pharmaceutique est très corrompu. Il est inquiétant de savoir que malgré le cadre législatif et réglementaire au niveau communautaire et national dans les Etats africains, l’on ne sente pas dans la pratique une volonté politique de lutter efficacement contre le trafic illicite et la contrefaçon des médicaments.

Ces médicaments contrefaits pullulent le long des rues et sont mêmes installés dans les environs des hôpitaux de référence au vu et au su des dirigeants.

Les marchés noirs dans le domaine pharmaceutique prospèrent avec le silence complice des autorités publiques et douanières laissant libre cours aux trafics de faux médicaments qui ont des effets nocifs sur la santé des populations, alors que selon le dernier rapport en février 2023 de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime(ONUDC), « deux cent soixante-dix mille (270. 000) personnes meurent chaque année en Afrique subsaharienne pour avoir consommé des médicaments antipaludiques falsifiés et de qualité inférieure ».

Cette situation malheureuse s’explique par les pots-de -vin selon une étude menée en 2011 par le Programme des Nation Unies pour le Développement dans la lutte contre la corruption dans le secteur de la santé : « s’il existe un manque de transparence et de responsabilité dans les processus, les fournisseurs peuvent soudoyer les fonctionnaires des gouvernements pour enregistrer leurs médicaments sans avoir les informations nécessaires, ou des fonctionnaires des gouvernements peuvent retarder délibérément le processus d’enregistrement des produits pour solliciter un paiement illicite ou favoriser un autre fournisseur».

Malheureusement les mesures n’ont pas été prises par les Etats pour lutter drastiquement contre ces comportements qui sont toujours perceptibles et qui créent sur le marché des médicaments contrefaits et de qualité inférieure.

L’inquiétude devient grandissante quand on voit dans les marchés périphériques et sur les places publiques des vendeurs des médicaments de rue qui occupent des places avec leurs étalages et chez qui les agents collecteurs n’hésitent pas à percevoir les taxes. C’est dire que ce commerce est légalisé dans nos Etats.

C’est aussi curieux de voir des individus sans aucune qualification ériger des boutiques spécialisées dans la vente des médicaments et qui deviennent des fournisseurs potentiels de certaines formations sanitaires malgré les conditions de conservation exécrables.

Il n’est pas aussi étonnant de voir des responsables de dépôt de pharmacie utiliser leur dérogation pour installer des pharmacies qui opèrent dans le marché noir sans être inquiétés.

Une enquête menée en 2023 par l’OPS-Afrique sur la vente parallèle des médicaments dans certains hôpitaux a permis de déceler un réseau de professionnels de santé vendeurs des médicaments de la rue. Pour se faire de l’argent, certains agents de santé en complicité avec le personnel des pharmacies des hôpitaux créent souvent une rupture volontaire des produits d’urgence subventionnés par les Etats pour les revendre très cher aux patients créant un climat de méfiance entre la CAMEG, les Pharmacies Régionales d’Approvisionnement et certains hôpitaux.

Mais la plupart des médicaments vendus par le personnel de santé sont achetés sur le marché noir. Les centres de santé qui s’approvisionnent chez les contrebandiers justifient leur choix par l’incapacité de la CAMEG à satisfaire leur demande.

Les vendeurs de ces faux médicaments affirment clairement avoir le soutien et la protection de certaines autorités. Ils sont connus par tous les responsables de la santé dans leur localité mais ne sont pas inquiétés ; une preuve suffisante de leur affirmation.

L’OPS-Afrique profite de ce forum pour lancer un cri d’alerte afin d’attirer l’attention des gouvernants sur ces anomalies dans le secteur pharmaceutique qui nuisent à la santé des populations.

L’Etat togolais qui vient de lancer l’Assurance Maladie Universelle devra redoubler d’effort dans la lutte contre les faux médicaments et veiller à ce que les professionnels de la santé disposent d’une licence adéquate pour que les médicaments essentiels génériques retrouvés sur les marchés soient fiables et efficaces.

Fait à Lomé, le 05 Juillet 2024

Ricardo Agouzou
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