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Liberté N° 1668 du 31/3/2014

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Les raisons de l’absence inattendue de Faure Gnassingbé à Yamoussoukro
Publié le mardi 1 avril 2014  |  Liberté


© AFP par DR
Faure Gnassingbé, président de la républiquedu Togo
Le TOGO, Lomé : Le Président togolais Faure Gnassingbe parle après avoir émis son vote à un bureau de vote pendant l`élection parlementaire à Lomé le 25 juillet 2013.


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Le 44e sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) ouvert le vendredi 28 mars a fermé ses portes le lendemain. Ils étaient tous présents, les chefs d’Etat des pays membres. Sauf un seul : Faure Gnassingbé. Une absence qui étonne lorsqu’on connaît le goût immodéré de l’homme pour ces genres de messes. Il s’agirait d’un boycott en règle de sa part qui répondrait à un certain nombre de ressentiments, selon les indiscrétions.


Faure Gnassingbé, le seul absent

Ils étaient tous là, les chefs d’Etat des pays membres de la Cédéao : Thomas Yayi Boni du Bénin, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Jorge Carlos Fonseca du Cap Vert, Yahya Jammeh de la Gambie, John Dramani Mahama du Ghana, Alpha Condé de la Guinée, Sérifo Namandjo de la Guinée Bissau, Ellen Johnson Sirleaf du Liberia, Ibrahim Boubacar Kéïta du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger, Goodluck Jonathan du Nigeria, Macky Sall du Sénégal, Ernest Bai Koroma de la Sierra Leone, et bien sûr Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire. Le jeu en valait la chandelle, car les sujets à aborder étaient importants.


Performances économiques régionales et consolidation du marché commun, Accord de partenariat économique (Ape), politiques sectorielles, paix et sécurité, questions institutionnelles, situations au Mali et en Guinée Bissau, voilà entre autres thématiques qui ont été l’objet de discussions à cette messe régionale à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire. On retiendra pour l’essentiel que les participants ont planché sur l’avant-projet d’accord sur les Accords de partenariat économique (Ape) et élu un successeur au président sortant de la Communauté, Alassane Ouattara. Il s’agit du Ghanéen John Mahama Dramani.
Mais, on l’aura remarqué, il manquait à l’appel un seul homme: Faure Gnassingbé du Togo. Il s’est fait représenter à ce sommet par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Robert Dussey. Faure Gnassingbé, manquer au sommet de la Cédéao ?


Ils étaient sans doute nombreux, les Togolais à se poser cette question, surpris qu’ils étaient d’apprendre quelques heures avant l’ouverture de la rencontre qu’il sera représenté par son ministre des Affaires étrangères. D’autant plus qu’il n’a pas l’habitude de se faire conter ces genres d’événements. Ses détracteurs se gaussent qu’il est même prêt à faire le voyage pour une rencontre réservée aux extraterrestres et programmée sur la planète Mars, qu’il fait souvent partie des tout premiers à réserver son hôtel et à débarquer dans la ville qui abrite un sommet. Et toutes ces inquiétudes n’étaient que trop légitimes, car motivées par un certain nombre de ressentiments.

Des réels mobiles de cette absence inopinée


Plus qu’une simple absence (pour cause d’empêchement de dernière minute ou d’ennui de santé), il s’agirait d’un boycott en règle du sommet par Faure Gnassingbé justifié par un état d’âme. Selon les indiscrétions, la Cédéao militerait pour l’exécution des réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées par l’Accord politique global (Apg) du 20 août 2006 auquel elle avait pris une grande part et que réclame l’opposition togolaise, pour des élections apaisées et acceptables en 2015. Et elle le lui aurait signifié. Selon les sources, même Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire qui est loin d’être un parangon de vertus démocratiques, aurait insisté là-dessus.

Et comme pour attester cette assertion, le sommet de Yamoussoukro dans le communiqué final l’ayant sanctionné, a exprimé, dans la perspective des élections prévues en 2015 au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Nigeria et au Togo, « sa ferme détermination à contribuer à ce que ces scrutins se tiennent dans un environnement paisible, consensuel et en conformité avec les normes régionales ». Une position et des pressions que le locataire du Palais de la Marina sent comme un « manque de soutien » de la part des membres du syndicat des mal élus et aspirants à des règnes éternels à son égard.


Par ailleurs, il nous revient qu’il ne digèrerait pas la promotion faite aux nouveaux venus dans la famille à ses dépens. On l’aura constaté, Faure Gnassingbé s’est juste vu donner un tout petit poste de président de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uémoa). Alors que des pairs montés au pouvoir après lui se voient conférer des rôles plus importants. Il s’agit de Yayi Boni du Bénin qui s’est vu octroyer la présidence de la Cédéao et de l’Union Africaine, Alassane Ouattara la présidence de la Cédéao alors qu’il n’a été élu qu’en 2010, et aujourd’hui John Mahama Dramani du Ghana qui est l’un des derniers venus dans la famille. Un ensemble de choix que le Fils du Père aurait du mal à digérer, vu qu’il fait assez pour mériter (sic) ces privilèges, avec la participation du Togo aux missions de maintien de la paix par l’envoi de troupes dans des pays en situation. Ce seraient autant de frustrations qui l’auraient poussé au boycott du sommet de Yamoussoukro.

Une nouvelle ère pour la Cédéao avec Mahama aux commandes ?


La question a tout son sens, lorsqu’on voit la carte de visite des précédents présidents de la Cédéao et celle du nouvel élu. Les élus de ces dernières années étaient loin d’être des modèles en matière démocratique. Que ce soit Boni Yayi du Bénin, bien élu mais qui a fini par se laisser atteindre par le virus de la boulimie du pouvoir et qui tente de modifier la Constitution au Bénin pour briguer un 3è mandat ; Alassane Ouattara dont l’avènement au pouvoir s’est fait à coup de sacrifice de plus de trois mille Ivoiriens et qui ne verse que dans la justice des vainqueurs. Des chefs d’Etats en somme qui ne resplendissent pas la démocratie. Mais John Mahama est un pur produit de la démocratie, lorsqu’on voit les circonstances de son avènement au pouvoir.

Elu Vice-président de la République du Ghana le 28 décembre 2008 aux côtés de John Atta-Mills, John Dramani Mahama remplace ce dernier le 24 juillet 2012 à son décès brutal à la suite d’une courte maladie, conformément à la Constitution, pour assurer l’intérim. En décembre 2012, il est élu président de la République au suffrage universel et investi dans ses fonctions le 7 janvier 2013. Le candidat de l’opposition, Nana Akufo-Addo conteste les résultats et saisit la Cour suprême. L’instruction de ce recours a duré plusieurs mois et était assez stressante pour le peuple ghanéen.

A l’approche du verdict, le peuple et les amis du Ghana avaient le souffle coupé, car tout portait à croire à l’infirmation de l’élection de John Mahama. Mais plus de peur que de mal, le 29 août 2013, la Cour suprême le confirme dans ses fonctions présidentielles. Il faut le dire, le recours de Nana-Akuffo Addo devant la Cour suprême a constitué une véritable épreuve de démocratie pour ce pays.


Le nouveau président de la Cédéao est donc un pur produit de la démocratie, et il devrait être enclin à soutenir la promotion de cette vertu dans les pays de la Communauté. Il est appelé à ne pas fermer les yeux sur les hold-up électoraux, les violations des droits de l’homme, les règnes élastiques et autres fléaux dans certains pays réfractaires à la démocratie. Les gouvernants qui s’emploient à tripatouiller la Loi fondamentale de leur pays pour s’éterniser au pouvoir devront le trouver sur leur chemin. C’est en tout cas le souhait des peuples de la Cédéao.

Tino Kossi

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