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Le Nigeria sur le point de devenir la première économie africaine
Publié le samedi 5 avril 2014  |  AFP


© Autre presse par DR
Goodluck Jonathan, Président du Nigeria.


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Le Nigeria pourrait être propulsé ce week-end au rang de première économie africaine, devant l’Afrique du Sud, à l’occasion de la publication de la nouvelle estimation de son PIB, calculé selon une nouvelle méthode.

Les nouveaux chiffres de l’économie du pays le plus peuplé d’Afrique doivent être dévoilés dimanche par le Bureau national des statistiques.

Des statisticiens des Nations unies recommandent aux pays de modifier tous les cinq ans le mode de calcul de leur produit intérieur brut pour prendre en compte les évolutions dans la production et la consommation, mais le Nigeria n’avait pas modifié sa méthode de calcul depuis 1990.
Les nouveaux chiffres, qui prendront en compte l’apparition et le développement rapide de nouveaux secteurs et de nouvelles industries, notamment les télécommunications et l’industrie locale du cinéma, Nollywood, donneront aux investisseurs étrangers une vision plus réaliste de l’économie du pays.

Mais, selon les experts, ces chiffres ne doivent pas être interprétés comme un signe de développement, l’Afrique du Sud étant largement devant le Nigeria en termes de PIB par habitant, d’infrastructures et de gouvernance.

Si une petite partie de la population est extrêmement riche, la grande majorité des quelques 170 millions de Nigérians vit avec moins de deux dollars par jour, dans un pays qui manque cruellement d’infrastructures, où tous n’ont pas accès à l’eau potable et où les coupures d’électricité sont quotidiennes.

Pour Dawie Rodt, de l’Efficient Group, basé en Afrique du Sud, "en termes d’infrastructures et de systèmes de gestion l’Afrique du Sud reste un géant, loin devant le Nigeria".

"Cela ne va rien changer dans la réalité, ce n’est pas comme si tous les salaires allaient doubler", estime quant à lui Chuba Ezekwesili, un économiste du centre de recherche Nigeria Economic Summit.

Le changement de méthode de calcul "est plus cosmétique qu’autre chose. Mais nous pensons que cela va augmenter les opportunités d’investissement au Nigeria", a-t-il ajouté.

- Nollywood et téléphonie mobile -

Le Nigeria, principal producteur et exportateur de pétrole africain, a enregistré de forts taux de croissance ces dernières années, devenant de plus en plus attractif pour les investissements des entreprises étrangères, malgré la corruption rampante, les problèmes de vol de pétrole à grande échelle et l’insurrection islamiste qui sévit dans le Nord.

Le taux de croissance annuel a atteint en moyenne 6,8% entre 2005 et 2013 et les prévisions de croissance pour cette année sont de 7,4%, selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI).

En comparaison, l’Afrique du Sud a connu un taux de croissance légèrement supérieur à 5% entre 2005 et 2008-9, et peine depuis à dépasser les 3,5%.

Les télécoms et l’industrie du cinéma comptent parmi les secteurs qui ont le plus évolué au Nigeria depuis 1990.

A cette époque, le Nigeria comptait peu de lignes de téléphone fixe alors qu’aujourd’hui, il s’agit du plus important marché de téléphonie mobile d’Afrique, avec environ 167 millions de lignes en service selon la commission nigériane des communications.

La très prolifique industrie du film de Nollywood génère quant à elle jusqu’à 590 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel, selon Robert Orya, à la tête de la banque nigériane de l’import-export.

- ’Pays pauvre’ -

Pour Pat Utomi, professeur d’économie politique à l’école de commerce de Lagos, ces nouveaux chiffres vont servir les intérêts des décideurs nigérians, alors que "pour l’homme moyen, dans la rue, cela ne veut rien dire".

"Le Nigeria reste un pays pauvre, avec de très sérieux problèmes d’infrastructures", rappelle M. Utomi.

"On devrait s’affairer à transformer l’énorme capital humain disponible dans ce pays en ressources pour aider à réduire la pauvreté et à créer de l’emploi", ajoute-t-il.

Pour Jidi Akintunde, le rédacteur en chef du magazine Financial Nigeria, "cela va donner l’impression que le pays est d’avantage capable d’absorber les investissements directs venus de l’étranger".

"Mais le changement de mode de calcul du PIB ne peut pas être une fin en soi (...) Nous devons nous concentrer sur les réformes à mener pour faciliter la création d’entreprises au Nigeria", estime-t-il.

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